
Pour un projet partagé de gestion des Agriate
Une démarche de médiation et de mise en valeur d'un site naturel protégé en Haute Corse
En Corse, le massif des Agriates (en corse Agriate, sans « s ») couvre environ 15 000 ha. Jadis cultivé, il fut progressivement abandonné au cours du XX ° siècle. Après l’achat de quelques grands domaines par des groupes financiers dans les années soixante, le Conservatoire du Littoral ; organisme public ; en a acquis 5 514 ha et la quasi-totalité des 35 km de côte.
Le contexte
En 1986, sous l’impulsion d’un syndicat mixte créé par le Conseil Général de Haute Corse, une charte d’aménagement et de gestion est adoptée. Divers programmes d’actions sont conduits : restauration du patrimoine bâti, aménagements des arrières-plages, création d’un sentier littoral, d’un gîte d’étape et d’une maison des Agriate, fouilles archéologiques, prévention des incendies. Peu à peu, les usages anarchiques sont maîtrisés, le site passe de l’abandon à une situation gérée et protégée.
Mais après quelques années, la dynamique s’est essoufflée et les objectifs initiaux ont été perdus de vue par les acteurs locaux. Les usages anarchiques se développent à nouveau : dégradation d’équipements et réouverture des pistes pour la circulation des véhicules à moteur, occupations illégales de paillers, bétail errant, conflits d’usages Même la desserte maritime devient source de conflits et de polémiques.
Pour le Conservatoire du Littoral et le Conseil Général, une démarche méthodique de concertation basée sur l’intervention d’animateurs extérieurs semble opportune pour renouer les fils du dialogue et faire émerger un projet partagé.
En parallèle, le Conservatoire confie à un paysagiste expérimenté l’élaboration d’un schéma d’aménagement et d’intentions particulières pour la protection des milieux fragiles et l’accueil du public. Cette proposition doit alimenter la concertation à venir pour constituer le volet aménagement du territoire.
Une stratégie de concertation est élaborée et mise en place par un groupe d’intervenants extérieurs coordonnés par le cabinet-conseil Usages et Territoires et avec un soutien de la SCOP DialTer. Ces intervenants conseillent le Conservatoire pour la mise en place d’un dispositif de concertation et participent à son animation ainsi qu’à la réalisation du diagnostic. Les thèmes repérés sont la randonnée pédestre, la chasse, les activités pastorales, la prévention des incendies, les loisirs motorisés…
Les étapes
La concertation se déroule en trois étapes :
– La réalisation d’un état des lieux pour connaître les usages, identifier les grands enjeux et les grandes orientations d’aménagement possibles sur la base d’une consultation des acteurs
– Le dialogue proprement dit pour définir collectivement les objectifs et le cadrage des actions à travers des réunions publiques dans les quatre communes
– L’élaboration du projet de territoire par le Conservatoire et le Conseil général avec l’assistance du coordinateur sous forme d’un plan d’actions
Les instances
Des instances de suivi sont créées pour conduire le projet :
– un comité directeur réunissant les élus des collectivités locales concernées pour superviser la démarche
– un comité consultatif très large pour poursuivre la concertation et l’information entre le Département, le Conservatoire et les acteurs du territoire
La démarche s’adresse à l’ensemble des acteurs et usagers du site. Les socioprofessionnels sont consultés par les experts thématiques et par le coordinateur. Une publicité autour de la démarche permet d’associer les usagers amoureux du site qui constituent une majorité silencieuse. Les administrations sont associées pour développer une synergie (interventions non contradictoires, contrôle).
Il s’agit de déboucher sur un projet de territoire élaboré dans la concertation la plus large possible.