Sauvegarde du Milan royal

Une association naturaliste mobilise les acteurs ruraux

Le Milan royal est un rapace diurne qui niche uniquement en Europe. Comme tous les rapaces, il est strictement protégé par la loi, mais ses populations ne cessent de chuter, celles du Nord-est de la France ont considérablement régressé depuis vingt ans du fait de la dégradation de ses habitats naturels, l’empoisonnement, la disparition de ses aires de reproduction et la destruction directe des individus. L’intensification des pratiques agricoles et sylvicoles sont souvent à l’origine de ces facteurs.
Plutôt que d’agir ponctuellement et isolément, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), seule association engagée sur le territoire, a souhaité impliquer l’ensemble des acteurs intervenant directement ou indirectement sur la bonne santé du rapace, qui ont une influence sur les sites de reproduction du rapace (l’aire se situant à la cime de grands arbres), les sites de nourrissage (milieux ouverts où le Milan royal mange des proies mortes et chasse de petits mammifères), les déplacements et les atteintes aux rapaces.
La démarche consiste alors à rencontrer ces différentes structures – certaines pouvant être rassemblées autour d’une même table -, de comprendre leurs démarches et leurs contraintes et de les faire adhérer à la nécessité de protéger l’espèce.

Les parties prenantes impliquées dans le projet sont les suivantes :
– l’ONF, les communes et les particuliers qui sont propriétaires ou gestionnaires d’un terrain sur lequel se trouve un arbre abritant une aire. Ces arbres sont identifiés et signalés. Une rencontre avec ces acteurs a pour but de limiter les dérangements autour de l’arbre durant la période de reproduction en tenant compte des projets éventuels en cours.
– les syndicats agricoles (FDSEA, etc.) la chambre d’agriculture : le Milan royal s’alimentant exclusivement dans des milieux ouverts, il est directement victime des pratiques agricoles intensives : en effet, l’usage excessif de pesticides a pour effet de concentrer ces substances dans les proies potentielles, le développement des grandes monocultures, et notamment de la culture de maïs, limite la présence de ces mêmes proies.
– ERDF et les promoteurs d’éoliennes et les bénéficiaires des redevances (communes et communautés des communes) : un dispositif simple (déjà utilisé pour la protection des grands échassiers comme la cigogne) permet d’éviter les électrocutions ; le signalement des passages migratoires des milans royaux auprès des promoteurs d’éoliennes a pour objectif de déplacer ces structures sur des zones moins fréquentées.
– la fédération des chasseurs : la découverte de milans royaux intoxiqués par des appâts empoisonnés est régulière et dénote d’une méconnaissance d’une partie du monde cynégétique sur la biologie du Milan royal, qui n’est pas un concurrent des chasseurs.

Ces rencontres sont toutes prises à l’initiative de la LPO. L’objectif n’est pas de dialoguer uniquement avec le responsable des structures mais de rencontrer un maximum de personnes de « terrain », afin d’augmenter les chances de faire adhérer tout un chacun à la nécessité de protéger l’espèce. Le déroulement des rencontres est fonction du public et de la problématique. La concertation peut démarrer par de l’information ou par un jeu de questions-réponses ; mais elle est invariablement suivie par un débat basé sur l’écoute des craintes et contraintes des personnes présentes face à l’enjeu de la préservation du rapace. La cohabitation homme / animal est au cœur des échanges.

Ces actions de concertation ont permis d’impulser une dynamique et de mettre en place des actions qui perdurent. Les menaces qui pèsent sur ce rapace sont fortement liées aux pratiques humaines. Pour nicher, il a besoin d’arbres (forêt), de fin février à mi juillet, il convient donc d’éviter les dérangements pendant cette période sous risque que les nids soient abandonnés.  Suite à la concertation, des habitudes de travail se sont mises en place avec les gestionnaires forestiers (surtout l’ONF car il y a peu de forêt privée). Systématiquement, dès qu’un nid trouvé, il est signalé à l’agent forestier concerné et la convention mise en place avec l’ONF précise qu’autour des nids trouvés, il n’y a pas de travaux forestiers pendant la période de reproduction (fev-juillet). La présence des nids est donc prise en compte dans le plan de gestion forestière.

Dans le même soucis de tranquilité des rapaces, il n’y a pas de communication ni sensibilisation systématique autour des nids trouvés, afin d’éviter la venue des photographes animaliers. Ce volet de lien avec les activités de loisir nature, dont la fréquence est en forte augmentation, doit être poursuivi.

Ces actions de sensibilisation et de protection on permis une augmentation des couples de milan royal qui nichent.

 

 

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2010
  • Département concerné :
    67

Structure

  • LIGUE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX (LPO) ALSACE
  • 8 RUE ADELE RITON
  • 67000 STRASBOURG
  •  
  • 03 88 22 07 35