
Un espace agricole et naturel à Lille
Comment conjuguer production et loisirs en périphérie d'une grande ville ?
Le projet d’aménagement de l’Espace Naturel Intercommunal est né de la nécessité ressentie par les élus et les acteurs locaux de préserver une respiration dans le tissu urbain lillois entre les quatre communes de Faches-Thumesnil, Templemars, Vendeville et Wattignies.
Les enjeux
Une des motivations a résidé dans le fait que cet espace constitue une importante zone de champs captants représentant près de 30 % de la ressource en eau potable de l’agglomération. Les communes ont confié à l’association Chantier Nature, début 1999, l’animation d’une réflexion sur l’aménagement d’un espace de 250 hectares, aujourd’hui dédié à l’agriculture intensive et soumis à une très forte pression foncière (logements, centres commerciaux). Il s’agissait d’aménager un espace non bâti, ouvert au public de l’agglomération lilloise pour ses loisirs, en coexistence avec l’agriculture.
L’association Chantier Nature, qui anime ce projet, doit gérer deux points de tension :
– chaque commune cherche à préserver ses propres intérêts par rapport aux autres,
– la relation entre agriculteurs et citadins est difficile : les sentiers sont salis par les tracteurs, les machines font du bruit ; il n’existe aucune relation d’échange (sauf une exploitation qui vend du beurre aux gens de passage) ; et, surtout, l’agriculture est très intégrée à l’agro-industrie, les cahiers des charges sont très contraignants.
La démarche
La première phase du processus commence par la constitution d’une cellule permanente de concertation, qui réunit 5 familles d’acteurs : agriculteurs, autres acteurs économiques, associations d’habitants, associations de protection de l’environnement, élus.
Les enjeux du projet et les préoccupations des décideurs ont mis en avant la nécessité de favoriser en priorité les relations entre le milieu agricole (agriculteurs, FDSEA, Chambre d’agriculture) et les instances décisionnelles. Ainsi, à la demande des élus et des agriculteurs, la mission de médiation s’est attachée principalement à ouvrir des débats et des dialogues entre ces deux parties par des temps de travail, une visite du site, la mobilisation de la presse pour la communication au public.
Cette première démarche a permis d’aboutir à un consensus sur la vocation à venir du site, l’acceptation d’un territoire partagé dont il reste à mettre en place les outils et dispositifs permettant d’assurer sa pérennité et le respect des intérêts de tous (aspects fonciers, indemnités compensatoires, gestion, protection et sécurisation du site). Les actions avec les autres acteurs se sont limitées à quelques rencontres et contacts permettant de recueillir leurs opinions ou les questionnements sur le devenir du site et sa préservation.
Ces entrevues ont permis de rassurer les associations d’environnement locales et les riverains du site par rapport aux modifications projetées, d’intégrer des demandes sur le plan de la sécurité du site et d’émettre des propositions dans ce sens ainsi que sur la préservation des champs captants et le désir de développer des animations sur le site. La deuxième phase doit déboucher sur la signature d’accords spécifiques aux différentes actions prévues. Exemple : un accord avec les agriculteurs sur l’élargissement des sentiers et la plantation de haies, et sur le nettoyage des lieux par des équipes extérieures
Les spécificités
Ce sont les suivantes :
– un espace périurbain soumis à des attentes multiples, y compris spéculatives
– de nombreux protagonistes
– des municipalités impliquées, donc une dimension politique (ou jugée comme telle par certains acteurs locaux)
Les facteurs de réussite du projet
– des municipalités qui ont délégué l’animation de la démarche à un tiers neutre mais inséré localement
– une association naturaliste qui a su se faire accepter par le milieu agricole en gardant une position d’écoute et d’impartialité
– le souci de n’exclure aucun groupe concerné et de prendre en compte toutes les attentes