
Tourisme durable en montagne : inclusion et implication des socioprofessionnels
Une démarche associative de mobilisation
Mountain Riders est une association d’éducation au développement durable en montagne et de promotion du tourisme soutenable. Elle mène des actions de sensibilisation des scolaires, des professionnels et du grand public, organise des campagnes de ramassage des déchets, accompagne les élus et les socio-professionnels dans leurs démarches de développement durable. Son projet est d’impliquer des acteurs socio-professionnels dans une réflexion sur l’éco-tourisme dans trois territoires touristiques : Chamrousse dans l’Isère, Châtel en Haute-Savoie et Les Rousses dans le Jura.
Le contexte
Dans les domaines skiables travaillent de nombreux socioprofessionnels : hébergeurs, restaurateurs, commerçants et prestataires d’activités. Ceux-ci dialoguent peu entre eux ainsi qu’avec les collectivités locales et les offices de tourisme. Ces derniers organisent bien des réunions d’informations en début et en fin de saison ainsi qu’une assemblée générale annuelle mais il ne s’agit pas de réunions participatives et la question du développement durable y est rarement abordée. Du fait du caractère saisonnier de leur métier, les socioprofessionnels sont souvent absents des instances de concertation locale, sauf pour les rares exerçant la fonction d’élu. Pourtant ils représentent la majorité des échanges marchands sur le territoire. Leur contact avec les touristes et citoyens locaux est également très important. Les impliquer est incontournable dans une démarche territoriale de transition en station de montagne.
Le mouvement de la consommation responsable gagne du terrain en France. Consommer responsable, c’est avant tout privilégier les produits éco-labellisés, certifiés éthiques, locaux ou moins polluants. Il s’agit d’une bonne opportunité pour que les socioprofessionnels de ces stations s’en emparent et transforment petit à petit leur activité vers plus de durabilité. Toutefois un dialogue est nécessaire entre eux pour mutualiser les bonnes pratiques et se coordonner avec les autres acteurs concernés. Un besoin d’animation spécifique pour mettre en marche ce dialogue s’impose. Il y a également un besoin de sensibilisation et de responsabilisation des visiteurs, touristes et pratiquants sur les moyens de concilier tourisme et développement durable. En contact quotidien avec les visiteurs, les socioprofessionnels doivent se sentir en capacité de diffuser activement ce message citoyen par le discours, par la gestion de leur activité et par l’offre qu’ils proposent aux visiteurs.
L’association Mountain Riders développe le label Flocon Vert depuis 2013. Il est décerné aux stations de montagne prenant à cœur les enjeux du tourisme durable en montagne et mettant en œuvre de nombreuses actions pour y répondre. Chamrousse et Châtel ont obtenu ce label en 2016. La station des Rousses est candidate mais reste, à ce jour, peu engagée dans les processus de transition. Dans tous les cas, alors que les collectivités, les offices de tourisme et les remontées mécaniques sont motrices dans cette démarche, les socioprofessionnels en restent à l’écart. Pourtant, des initiatives isolées de ces derniers existent sur les trois stations, mais elles sont peu coordonnées et manquent de cohérence.
C’est pourquoi l’objectif du projet est d’impliquer tous les acteurs concernés dans une démarche de dialogue et d’action sur la transition écologique et sociale. Le dialogue territorial sur ces territoires en transition permettra d’envisager la structuration d’une véritable offre éco-touristique.
Les actions
Les étapes prévues sont les suivantes.
- Diagnostic initial de faisabilité du dialogue territorial sur les trois territoires. Sur la base d’entretiens individuels, un état des lieux de la représentation du tourisme durable sera effectué auprès des socioprofessionnels du territoire : perception, points importants à aborder, attentes et craintes vis-à-vis d’une démarche collective.
- Définition avec chaque territoire de la suite du processus de dialogue. Après une restitution du diagnostic initial, les objectifs opérationnels seront définis, ainsi que les instances de dialogue.
- Organisation d’un premier cycle de 3 réunions dans chaque territoire pour partager les objectifs et méthodes de participation au projet, reconnaître les besoins de chacun, se mettre d’accord sur les axes d’action prioritaires (déchets, transport, alimentation, énergie, communication, conseil, etc.), réfléchir aux solutions possibles et choisir les plus adaptées, enfin établir un plan d’action collectif définissant les rôles et le calendrier.
- Point d’étape avec les trois territoires pilotes sur la mise en œuvre du plan d’action.
- Phase d’accompagnement en trinôme : office (ou mairie), socioprofessionnel porteur d’une action, association Mountain Riders pour travailler à la mise en place de leur action en mode projet.
- Deuxième cycle de 3 réunions collectives sur chaque territoire pour redynamiser les membres du collectif en faisant un retour sur les premières actions ‘gagnant-gagnant’ mises en place, suivre collectivement la mise en œuvre du plan d’action, l’ajuster si besoin, imaginer la poursuite de cette initiative.
- Rencontre à l’échelle des trois territoires (entre porteurs locaux) pour conclure le dispositif collectif.
Les acteurs
Les socioprofessionnels à intégrer seront repérés par l’association et choisis en fonction de leur sensibilité environnementale personnelle, du fait qu’ils vivent à l’année sur le territoire et en veillant à une diversité d’activités : boulangeries ou épiceries ; loueurs de matériel ; restaurateurs ; hébergeurs, etc.
Il est compliqué d’impliquer des socioprofessionnels à l’activité saisonnière car ils travaillent énormément durant la saison et n’ont pas le temps de réfléchir aux évolutions. Ils agissent souvent sous l’influence de directives venant de leurs enseignes respectives. Il faut donc construire une stratégie d’intéressement de ces socioprofessionnels, parler leur langage en leur proposant de participer à un dispositif gagnant-gagnant, à la base de futures opportunités, d’un positionnement différent vis-à-vis de la concurrence. La stratégie d’intéressement sera un objectif au début du projet. L’office de tourisme sera fortement intégrée à cette étape car il dispose de canaux de communication avec les socioprofessionnels.
Outre les socioprofessionnels, les collectivités et offices de tourisme, le projet mobilisera également des associations et citoyens engagés dans des démarches de développement durable.