
Suivi de la population nicheuse de gravelot
Science participative et utilisation concertée et partagée du littoral pour la préservation du Gravelot à collier interrompu
Une rencontre fortuite entre un ornithologue et un moniteur de voile débouche sur une discussion autour de la présence de fil et piquets en haut de la plage, qui permettent de protéger la couvée du Gravelot à collier interrompu mais empêchent le moniteur de remonter ses bateaux pour les protéger de la marée. Cette anecdote, rapportée aux associations de protection de la nature, a permis de définir la ligne directrice du projet : impliquer les usagers du littoral dans la préservation du Gravelot à collier interrompu en proposant la participation des divers groupes sociaux aux actions d’études et de protection des oiseaux et en définissant ensemble les modalités d’une utilisation partagée du littoral.
En effet, le Gravelot à collier interrompu est un petit échassier strictement littoral, qui se reproduit au printemps et en été sur les hauts de plage. Cette étroite bande côtière est le théâtre d’une pression anthropique qui fragilise l’habitat de l’oiseau et perturbe sa nidification.
Différents usages de cette portion de territoire sont susceptibles de porter atteinte à la bonne reproduction de cette espèce :
– les activités récréatives (promenade accompagnée ou non de chiens, découverte, pêche)
– les pratiques sportives (voile, char à voile, surf, kite-surf, baignade, équitation, quad, cerf-volant, paramoteur au dessus des plages)
– les activités professionnelles (ostréiculture, tourisme, opérations de ramassage des algues et des déchets menées par les collectivités ou entreprises afin de rendre ces sites « propres » et attractifs aux usagers)
L’identification de ces différents usages permet de cibler les acteurs à impliquer dans la démarche à savoir les résidents locaux, les touristes, les professionnels ainsi que les agents et élus communaux.
Trois axes chronologiques structurent le projet :
1/ Améliorer et diffuser les connaissances sur l’espèce et son habitat en impliquant les usagers du littoral dans les suivis ornithologiques (science participative)
Il s’agit d’organiser avec des groupes d’acteurs bénévoles, un état des lieux de la situation du Gravelot à collier interrompu sur cette portion du littoral. Pour cela, accompagné d’ornithologue et de gardiens du littoral en service civique, ces bénévoles renseignent différentes fiches détaillant les pratiques de cet échassier (emplacement des nids, bagage, description de l’habitat). Ces informations sont retranscrites et diffusées lors d’une réunion de restitution organisée une fois par an (en mars).
2/ Co-construire les modalités d’une utilisation partagée du littoral avec l’ensemble des usagers du territoire
Des rencontres sur le terrain entre usagers et associations de protection de la nature ont donné corps à cette concertation. Le point a été fait sur les besoins individuels et sur les solutions envisageables pour permettre à chacun d’exercer librement son activité tout en respectant des zones et des périodes de quiétude pour les oiseaux. Il s’agit souvent de trouver des compromis. A titre d’exemple, le travail avec les centres équestres a conduit à des préconisations pour des sorties à marées basse pour ne pas écraser les oeufs, ne pas galopper sur les dunes etc… De la même façon, les vacanciers souhaitent des plages propres, alors qu’enlever les algues détruit les habitats de reproduction. Le compromis trouvé est de nettoyer que partiellement et uniquement lors des périodes de haute fréquentation touristique.
3/ Protéger ensemble les sites de nidification du Gravelot à collier interrompu et favoriser ainsi la gestion durable des espaces littoraux
L’association Bretagne Vivante a un rôle d’accompagnement, de sensibilisation, de préconisation, mais les actions de protection dépendent en grande partie des acteurs eux-mêmes. La présence régulière de services civiques et de bénévoles de l’association, permet d’entretenir ce lien et de rappeler à chacun les engagements pris et les impacts de ses activités.
La bonne conduite des actions de concertation a permis de reconduire le plan régional d’action sur le gravelot, initialement conduit entre 2011 et 2013, jusqu’en 2016, puis sous le format d’un contrat nature financé par la région. Toutefois, l’objectif initial de prise d’autonomie et de responsabilité des partenaires associés, n’a que partiellement réussi puisque, aujourd’hui, des 20 sites initialement impliqués, seuls 5 à 7 grands sites poursuivent encore la démarche. L’action de comptage reste toutefois effective sur l’ensemble des sites et Bretagne Vivante poursuit son travail de coordination globale du dispositif.