Gestion participative de la réserve de Séné

La réserve naturelle des marais de Séné : gouvernance partagée et participation des habitants

La réserve naturelle de Séné, dans le Morbihan, a plusieurs originalités. La première est d’être gérée à la fois par des naturalistes, des chasseurs et une collectivité locale. La seconde est d’être résolument ouverte aux habitants du territoire.

Comme toutes les réserves naturelles nationales, la réserve de Séné a vu le jour grâce à un décret préfectoral. Sa création fait suite à une action volontariste d’achat de terres par l’association Bretagne Vivante, durant deux décennies, ainsi que d’effort de préservation des milieux naturels. Le foncier appartient donc à l’association, mais également au domaine public maritime, au Conservatoire du littoral, à la commune, au Département et à des propriétaires privés. Située sur le littoral à proximité de Vannes, elle s’étend sur 530 hectares, ce qui en fait le plus vaste espace naturel préservé du Golfe du Morbihan.

Une création marquée par la volonté de dialogue

La réserve est principalement composée d’anciens marais salants abandonnés, qui constituent une étape pour de nombreux oiseaux migrateurs et sont aussi très recherchés par les promeneurs de l’agglomération vannetaise toute proche. Une partie du territoire est également concernée par la chasse. La présence de cette activité a d’ailleurs rendue difficile la création de la réserve. « C’était très compliqué au début, raconte ainsi un responsable. Il n’était pas évident pour les chasseurs, qui voyaient ce lieu comme un espace de liberté, de se voir imposer des règles. »

A l’origine, les relations entre naturalistes et chasseurs sont donc tendues. L’association Bretagne Vivante fait alors le choix apparemment paradoxal d’associer l’Amicale de Chasse de Séné à la gestion de la réserve. La commune, qui compte quelques 10 000 habitants, y est également conviée. Peu à peu, le dialogue s’établit et les relations s’apaisent. Les élus, qui jouaient à l’origine un rôle de médiateur entre les environnementalistes et les chasseurs, n’ont plus à le faire aujourd’hui. Et la réserve est toujours gérée collectivement par ces trois organismes.

S’ouvrir à la population locale

La réserve naturelle se donne un double objectif : d’une part, conserver le site et protéger les espèces remarquables, d’autre part le faire découvrir au public et faire partager l’idée d’une protection efficace de la vie sauvage. Les gestionnaires de la réserve sont conscients qu’il faut préserver la tranquillité des oiseaux, notamment à certaines périodes de l’année, afin de permettre leur reproduction ; il faut donc, par endroits, restreindre la circulation du public ou interdire la divagation des chiens. Mais il n’est pas question pour autant de bâtir un  sanctuaire. La population locale, qui ne ferait qu’en supporter les contraintes, ne verrait sans doute pas l’intérêt de la préservation des milieux naturels. Comment assurer un nécessaire attachement de la population à cet espace ? Comment insérer la réserve dans le territoire ? Ses responsables décident de développer progressivement des relations étroites avec la population locale.

A l’origine, seuls quelques bénévoles de la commune contribuaient aux travaux d’entretien ou d’aménagement, mais le recrutement s’est progressivement élargi. La participation de la population se traduit notamment par des chantiers de coupe et de débroussaillage qui visent à maintenir ouverts des milieux naturels menacés par l’enfrichement. C’est une population diversifiée qui contribue ainsi à l’entretien de la réserve : étudiants, scolaires, habitants de la région. Le comptage d’oiseaux mobilise, pour leur part, des naturalistes amateurs : deux associations sont présentes localement et participent à cette activité.

L’accueil du public est également renforcé. Sur des sentiers balisés et, parfois, sur de longues passerelles de bois qui permettent de visiter les zones humides sans piétiner les milieux fragiles, les promeneurs sont bienvenus. Le bâtiment d’accueil est ouvert toute l’année.

Plusieurs écoles viennent également découvrir la nature à Séné, ainsi que des lycées agricoles de Bretagne, ce qui permet aux agriculteurs de demain de mieux comprendre les relations entre la présence des oiseaux, l’existence d’un milieu naturel de qualité et les actions de gestion de l’environnement, incluant les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Deux agriculteurs vivent en effet dans la réserve et plusieurs autres y exploitent des parcelles.

Enfin, Séné offre une particularité qui la distingue de bien d’autres réserves : c’est un lieu culturel où s’organisent de multiples activités : musique, danse ou expositions y attirent les visiteurs. En 2016, grâce à un financement participatif, une plasticienne y réalise d’étranges créatures faites de vase et d’algues : l’exposition « Homo Algus » aura les honneurs de la presse locale et attirera de nouveaux visiteurs dans ces lieux préservés.

Fiche actualisée en 2018

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2000
  • Département concerné :
    56

Structure

  • Réserve naturelle des marais de Séné
  • Brouel-Kerbihan
  • 56860 Séné
  •  
  • 02 97 66 92 76