Sauver les pelouses calcicoles du Boulonnais

Mobiliser les propriétaires et les usagers : une dynamique participative pour recréer de la confiance entre acteurs locaux

Un patrimoine géographique et écologique en danger

Depuis 150 ans, l’érosion de la biodiversité s’est accentuée en Europe. En cause notamment, la perte pratiques, ancestrales qui avaient permis le développement et le maintien de milieux comme les tourbières, les landes et les pelouses calcicoles. Le Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale compte sur son territoire un ensemble de pelouses calcicoles, 80 % de celles présentes au niveau régional.

Les pelouses calcicoles ont à la fois un intérêt historique et culturel, un intérêt paysager. un intérêt scientifique et évidemment un intérêt pour la biodiversité.

Les sites comportant des pelouses calcicoles, sont très morcelés et le risque que courent les pelouses calcicoles, c’est qu’elles ne soient pas gérées de façon uniforme sur un même territoire et que certaines d’entre elles ne soient pas ou mal préservées.

Pour éviter ce risque et afin de répondre à ses objectifs de préservation du patrimoine naturel inscrits dans la Charte. le Parc a donc décidé de lancer un Plan d’Action Pelouses Calcicoles en concertation avec ses partenaires..

Préserver, oui mains pas n’importe comment : pourquoi imposer une idée, même bonne, quant on peut la construire à plusieurs ?

Afin de répondre à ses objectifs de préservation du patrimoine naturel inscrits dans la Charte. le Parc a donc décidé de lancer un Plan d’Action Pelouses Calcicoles en concertation avec ses partenaires : l’équipe de techniciens du Parc lance l’idée d’un plan d’action global qui permettrait une gestion uniforme pour préserver les pelouses calcicoles.

Ce plan d’action se construit obligatoirement en concertation avec les acteurs du territoire puisque le PNR n’est propriétaire que d’une très petite partie des pelouses à préserver. Les autres sont propriétés de communes, du département, de l’Etat, ou enfin de propriétaire privé. De plus, ces mêmes terrains connaissent plusieurs types d’usages : chasse, agriculture, tourisme, loisir, etc.

Le PNR organise donc deux types de concertation, dans lesquelles il cherchera à sensibiliser, voir convaincre ses partenaires de l’intérêt à préserver les pelouses calcicoles :

  • Une concertation globale avec un comité de pilotage qui comprend les représentants des acteurs locaux, au PNR, qui décide des orientations du plan d’action et échange sur la meilleure façon de les mettre en œuvre, qui reçoit les expertises et les conseils techniques, etc.
  • Une concertation locale pour la mise en œuvre concrète des actions par des rencontres informelles, individuelles ou à deux ou trois. Ces rencontres ont lieux sur le terrain (chez les acteurs locaux).

L’animation, outil du dialogue

Dans cette action, comme dans toute action où l’on souhaite mobiliser des acteurs aux intérêts différents, voire opposés, l’animation est la clé du succès. Nous ne parlons pas d’une animation qui consiste seulement à distribuer la parole ou à organiser des réunions mais d’une animation créatrice et « facilitatrice » de dialogue. Pour cela, les techniciens du Parc font émerger plusieurs points sur lesquels tout animateur doit être attentif pour permettre un réel dialogue entre les acteurs.

Créer la confiance

Avant tout action, il est nécessaire de créer un lien de confiance entre l’animateur et les acteurs, puis entre les acteurs eux-mêmes. En milieu rural, les acteurs sont souvent caricaturés ; Il faut veiller à anticiper la tendance de chacun à la « paranoïa ». Les agriculteurs et les chasseurs ont le sentiment que, dès qu’on leur propose quelque chose, c’est pour remettre en cause leurs pratiques et même parfois « les mettre au pilori ».

Un long travail de mise en confiance est donc nécessaire. Il peut se créer par des rencontres individuelles, sur le terrain, par des rapports plus informels (participer à des moments de convivialité). Rencontrer les acteurs sur leur territoire : c’est aller les voir pour qu’ils se sentent plus à l’aise, plus maîtres de la situation que dans les locaux des techniciens.

Pour maintenir ce lien de confiance, il est nécessaire de montrer que l’on ne vient pas imposer des savoirs mais échanger techniquement sur des solutions qui pourraient satisfaire tout le monde.

Il est important de montrer que l’on reconnaît l’acteur, dans sa complexité.

Légitimer sa position

Les techniciens doivent montrer qu’ils connaissent le territoire, son fonctionnement et ses composants, et qu’ils ne sont pas uniquement « des bureaucrates » qui conçoivent des idées dans une ambiance éloignées des réalités du terrain.

Etre neutre

Pour garder un lien de confiance avec les acteurs, il leur faut veiller à démontrer leur neutralité, surtout en cas de conflits d’usages sur le territoire. Si un acteur les soupçonne de partialité, d’être plus proche de l’un où l’autre des autres acteurs, ils risquent de perdre sa confiance.

Il faut par ailleurs veiller à rester distant des conflits personnels tout en encourageant la rencontre et le dialogue (mais ne pas se proposer comme médiateur dans des conflits personnels, afin de pouvoir le rester dans les conflits d’usage).

Lors de rapports difficiles, voire conflictuels entre les acteurs, il peut être intéressant de les rencontrer chacun individuellement avant d’envisager de les réunir autour d’un projet commun.

Comprendre et respecter les acteurs

La préservation d’espaces utilisés par différents acteurs dans des objectifs différents impose souvent à chacun d’adapter ses pratiques. Pour cela, l’animateur doit identifier l’intérêt de l’acteur qui rejoint celui de la préservation de l’espace.

Pour motiver, l’animateur doit donc rechercher l’intérêt de l’acteur à adhérer à un changement (une contrepartie financière, une augmentation du gibier, etc.) tout en restant clair sur ces propres objectifs : il ne s’agit pas de manipuler, et l’animateur doit rester le plus transparent possible sur les buts qu’il poursuit.

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2005
  • Département concerné :
    62

Structure

  • Parc naturel régional des caps et marais d'Opale
  • BP 22. Le Wast
  • 62142 Colembert
  •  
  • 03 21 87 90 90

Et aussi ...