
Mobilisation des propriétaires et concertation pour la remise en culture de terres en friches
Ile d'Yeu : préserver les activités agricoles d'un territoire touristique et résidentiel
L’Ile d’Yeu couvre 23 km2. Son économie (agriculture et pêche) a longtemps permis de faire vivre sa population mais elle vit désormais principalement du tourisme, une activité saisonnière qui rend son économie vulnérable et qui transforme ses paysages.
Les enjeux
L’agriculture a subi plusieurs coups durs : essor de la pêche, puis du tourisme et de l’urbanisation. Les rares agriculteurs ayant résisté ou cherchant à s’installer aujourd’hui sont à l’étroit. Il existe pourtant des terres à l’abandon, appartenant à des locaux ou achetées par des résidents, mais les propriétaires ne sont pas toujours enclins à les louer à des agriculteurs, pour diverses raisons : spéculation foncière, crainte des nuisances, etc. Sur ces terres non cultivées, les friches se sont installées, occupant aujourd’hui un quart du territoire.
Les friches produisent une uniformisation du paysage qui peut nuire à la biodiversité, appauvrir les sols et rendre ces espaces impénétrables.
Le projet Terres Fert’île est porté par le Collectif Agricole, une association composée d’agriculteurs et de consommateurs. Il se donne pour objectif d’aider les porteurs de projets agricoles à mobiliser des terres pour y développer des activités de production. Les objectifs sont nombreux : accroître l’autonomie alimentaire de l’île, restaurer la fertilité des sols en friche, favoriser la biodiversité, développer des activités durables toute l’année, valoriser la ressource en bois, entretenir les milieux, développer les circuits courts…
Les acteurs
L’action du Collectif agricole vise la remise en culture des terres de l’île qui sont classées en zone agricole. Pour cela, le Collectif souhaite créer une dynamique autour de la question agricole et mobiliser les acteurs, définir au travers d’une concertation locale les moyens de remise en valeur de ces terres, installer et accompagner des porteurs de projets (agriculture, arboriculture, élevage, sylviculture…) et favoriser les circuits courts.
Pour cela, le Collectif a échangé ses réflexions avec Yeu Demain, une association de protection de l’environnement et est appuyé par l’association Terres de Lien Pays de la Loire. C’est ainsi qu’est né le projet Terres Fert’île, ensuite soutenu par la mairie de l’île d’Yeu.
Tous ces acteurs sont réunis au sein d’un Comité de Développement de l’Agriculture (CDA) qui rassemble aussi des agriculteurs non adhérents au collectif et pourra rassembler d’autres personnes intéressées, notamment des propriétaires fonciers. Ce Comité multi-acteurs constitue le Comité de pilotage du projet.
Les actions
Le collectif mène les actions suivantes :
- Animation territoriale. Il s’agit de réunions avec les acteurs du projet : réflexions, échanges, prises de décisions, organisation de l’action.
- Echanges d’expériences avec d’autres territoires mettant en œuvre des projets de remise en valeur de terres en friche
- Mobilisation des acteurs concernés par les différents enjeux (agriculture, bois, réseau hydrologique, circuits courts)
- Concertation sur une filière bois locale
- Concertation entre acteurs publics et privés pour restaurer et gérer les réseaux hydrologiques
- Négociation auprès des propriétaires et médiation entre eux et la commune ou les porteurs de projet
- Appel à candidatures pour de nouveaux porteurs de projets sur certaines zones.
L’un des obstacles majeurs au développement de projets agricoles réside dans la rétention foncière. De nombreux propriétaires rechignent à laisser s’installer des agriculteurs sur des terres dont ils n’ont pas l’usage car ils espèrent qu’un changement d’affectation rendra un jour ces terres constructibles, ce que leur mise en culture compromettrait évidemment. C’est pourquoi l’adhésion de la mairie au projet est importante car c’est l’attitude de la municipalité qui peut montrer une détermination à laisser ces terres en zone agricole et qui permet de décourager les faux espoirs.
De nombreuses terres sont également morcelées et en indivision familiale. Une réflexion au sein des familles concernées est alors nécessaire, mais cela prend du temps.
La remise en culture de terres en friche peut nécessiter des efforts importants : abattage, dessouchage, restauration des fossés… Le CDA peut prendre en charge ces coûts de façon à faciliter l’adhésion du propriétaire qui voit son terrain mieux valorisé et le paysage préservé.
L’installation de nouveaux producteurs peut également créer des tensions avec les agriculteurs déjà installés, dont la situation économique n’est pas toujours stable. Un dialogue avec eux est donc nécessaire, qui passe par l’expression des craintes et des besoins.
Image collectif agricole Yeu