L’étang de Perchède : mobilisation des acteurs locaux

La commune de Perchède, à l’ouest du département du Gers, possède un site communal qui s’étend sur une superficie de 43,5 hectares, constitués de bois et d’un étang. Plusieurs usages coexistent : pisciculture traditionnelle avec vidange annuelle de l’étang, gestion forestière des boisements, chasse au gros gibier et à la palombe, cueillette de champignons, promenade.

L’étang de Perchède fait partie des vieux étangs du territoire des sables fauves du Bas-Armagnac créés par les moines entre le Haut Moyen- Age et le XVIIIème siècle. La majorité de ces étangs a disparu aujourd’hui (assèchement, abandon, plantations de peupliers) ou d’autres ont été profondément modifiés, en lien avec l’évolution de l’irrigation (digues rehaussées, berges reprofilées).

La particularité de cet étang est de n’avoir jamais été modifié au fil du temps. L’étang et ses boisements riverains appartiennent à la commune de Perchède, seule collectivité à avoir conservé la pisciculture extensive telle qu’elle se pratiquait autrefois. Cette activité a aujourd’hui une valeur traditionnelle et culturelle à laquelle les habitants de cette petite commune sont très attachés.

Ces milieux abritent la cistude d’Europe, tortue aquatique qui bénéficie d’un statut de protection. De plus, d’autres espèces sont également présentes sur la zone humide comme certaines espèces d’amphibiens (grenouille agile, salamandre) et des espèces associées aux vieux arbres comme certains chiroptères (Barbastelle, petit et grand rhinolophe) et certains coléoptères (grand capricorne, lucane cerf-volant) Ainsi, en tant qu’habitat d’espèces protégées, ce site présente un grand intérêt au niveau de la biodiversité et mérite une attention particulière des différents usagers.

Partant de la nécessité de restaurer l’étang pour qu’il puisse maintenir un bon état de conservation et son rôle fonctionnel au niveau hydraulique, l’idée est venue de valoriser le site dans sa globalité. Un diagnostic environnemental réalisé en 2005 par l’ADASEA a révélé une prise de conscience de la valeur patrimoniale du site tant sur le plan historique et culturel que sur le plan écologique. L’étang est suivi par la Cellule d’Assistance Technique à la gestion des étangs de l’Armagnac de l’ADASEA qui a établi un plan de gestion. La commune est adhérente au « Réseau des gestionnaires d’étangs de l’Armagnac » et participe à des journées d’information et de sensibilisation.

La restauration de l’étang (désenvasement, enlèvement d’embâcles sur le ruisseau adducteur) et des milieux attenants passe par une concertation entre les différents partenaires techniques et les acteurs locaux qui sont les principaux usagers. C’est une étape primordiale. La sensibilisation des agriculteurs qui exploitent des parcelles sur le bassin versant se fera avec l’appui de l’ADASEA et permettra de limiter les risques d’érosion des sols et éviter un envasement rapide de l’étang. La concertation entre les partenaires techniques sera nécessaire pour analyser le contenu et l’emplacement des panneaux de communication et les éventuelles contributions de chacun dans le projet. La valorisation pédagogique du site permettra aux usager d’avoir une meilleure connaissance des milieux en présence (humides et forestiers) et des espèces animales et végétales qui leur sont associées. La mise en place de sentiers de découverte contribuera à préserver la tranquillité du site et permettra au public de découvrir des espèces.

Grâce la réouverture envisagée d’un ancien chemin rural, un des circuits reliera le château de Pesquidoux situé à 1,5 km en amont, sur le bassin versant de l’étang. Ce château appartient à l’Association Française des Maisons d’Ecrivains et des lieux de littérature et fait partie des Vieilles Maisons Françaises bénéficiant du label « Patrimoine Historique ». L’association de site communal avec le château, son pigeonnier, son lavoir, sa fontaine et son parc arboré, apporte une dimension culturelle au projet et permet de sensibiliser les visiteurs aux questions environnementales du territoire.

Les partenaires concernés par le projet sont principalement des institutions locales (mairie, conseil général, comité du tourisme, etc.) et des associations (société de chasse, fédération de pêche, etc.) ainsi que quelques habitants (propriétaire du château…). Une association environnementaliste a été invitée. Lors d’une réunion publique qui s’est tenue en février 2009, la constitution d’une association d’habitants a été décidée. Sa vocation sera de coordonner les actions d’animation et de promotion du site (accueil du public, manifestations éventuelles…). Cette réunion a également permis aux participants de s’accorder sur le tracé de sentiers de randonnée et sur le principe de la pose de panneaux d’information destinés aux promeneurs (certains devant être proposés par les chasseurs, d’autres par les écologistes ou d’autres acteurs locaux).

Cette concertation locale doit permettre au projet d’être plus pertinent et mieux adapté aux attentes locales. Elle doit également concourir à favoriser la connaissance mutuelle entre acteurs locaux et institutions et à améliorer l’appropriation du site par les habitants du lieu.