
Le développement éolien dans le Lot
Mise en œuvre participative du développement éolien sur le territoire du Haut Ségala lotois
Les enjeux
Le secteur du Haut Ségala, appartenant à l’actuelle communauté de communes Grand Figeac, recouvre un territoire de zone de montagne très rural, (moins de 3000 habitants). En réponse à la désignation en 2000 du Haut Ségala comme site pilote pour l’enfouissement des déchets nucléaires, le territoire a connu une forte mobilisation de la population contre ce type de projets subis. Les élus ont alors développé des projets alternatifs, notamment dans le secteur de l’éolien (un projet communal avorté en 2006 sur Labastide du Haut Mont et une réflexion plus globale à l’échelle intercommunale à partir de 2008), de l’énergie solaire (création d’une Société de panneaux photovoltaïques mutualisée et locale par les agriculteurs : la SICASELI), projet de micro-centrale électrique sur le Lac du Tolerme, plan de Développement Massif Forestier, réflexion sur la méthanisation, positionnement contre l’exploitation du gaz de schiste.
Ainsi le développement durable et notamment dans le domaine éolien a semblé une opportunité pour les élus. Cependant, ce genre de projet est long et complexe en entreprendre pour une collectivité locale. Les élus souhaitent volontairement aller aussi loin que possible en intégrant l’ensemble des acteurs du territoire dans une vision de développement durable.
La démarche
La communauté de communes souhaite garder l’initiative dans ce domaine. En 2008 et 2009, plusieurs communes ont établi un schéma éolien, sorte de charte locale volontaire. Cette était intéressante dans la mesure où elle posait, sur un territoire large, les limites de ce qui était souhaité ou non.
Avant même que des promoteurs éoliens se soient montrés intéressés, et être proactive sur le sujet, le territoire du Haut Ségala a engagé la création d’une ZDE (Zone de développement éolien), ce qui suppose l’organisation réglementaire d’une concertation avec les habitants. Une association d’opposition a été créée à ce moment par des habitants. Plusieurs modalités ont été choisies pour cette concertation : diffusion d’information, porte-à-porte des élus chez les habitants, réunion publique et réunions thématiques. Une médiatrice extérieure au territoire a pour mission d’intervenir lors de moments clés du débat, d’instaurer des règles de concertation et de favoriser une bonne entente. Une association (le CPIE de Haute Auvergne) apporte un appui en matière de communication et de dialogue avec la population.
Le projet de ZDE a été déposé auprès de l’administration mais n’a jamais été instruit car son dépôt a coïncidé avec la date de fin de ces dispositifs, ce qui a donné un sérieux coup d’arrêt à la démarche. Des freins avaient été soulevés dans la ZDE, un bureau d’étude a donc été sollicité pour étudier la façon de lever ces difficultés (accès, raccordement…) et affiner le projet.
En 2017, le territoire du Haut Ségala est intégré dans une communauté de communes plus large (Grand Figeac) et les élus du territoire n’ont pas voulu aller plus loin, du fait de positions des anti-éoliens assez virulentes.
Ente temps, une démarche de territoire à énergie positive est lancée, avec une étude sur le moyen et le petit éolien (en complément ou à la place du grand éolien). Une étude est réalisée, le bureau d’étude mobiliser les communes, les retours sont intéressants mais aucun moyen n’est mobilisé sur l’animation et, les communes n’ayant pas la capacité de faire avancer ce chantier avec leurs propres ressources ingénierie, le projet n’a pas avancé. Début 2020, une chargée de mission énergie a été recrutée à la communauté de communes, ce qui permettra peut être de relancer la dynamique, à minima sur le petit et moyen éolien.
Quelques enseignements
Les études conduites, même si elles n’ont pas débouché sur des projets concrets, ont toutefois permis de mettre en avant les ressources mobilisables. L’ensemble du travail de concertation mené au cours des différentes phases et tentatives, a permis de limiter les oppositions frontales marquées, et génère un terreau plutôt favorable.
Les changements d’élus, la fusion des communautés de communes, l’arrêt du dispositif ZDE et la perturbation des services ont empêché la continuité de l’action. De la part des élus, vouloir garder la main sur le développement de cette énergie est louable, mais le sujet est très technique donc dur à faire avancer et à porter. Les délais techniques et politiques ne coïncident pas, et, à défaut d’un portage politique fort, la poursuite de la dynamique repose sur la présence et l’action d’un chargé de mission dédié.