Méthanisation à Oloron Sainte Marie

Pas sans les agriculteurs !

Contexte territorial

Oloron Sainte Marie est une commune du Sud-Ouest de la France. Comptant plus de 10 000 habitants, elle est la ville centre d’une intercommunalité rassemblant 48 communes et plus de 32 000 habitants dans un environnement privilégié entre forêts, gaves (torrents) et montagnes. La commune, devenue « Territoire à Energie Positive Pour la Croissance en devenir », voit dans la valorisation de ses bio déchets une opportunité économique et écologique soutenue par l’Etat.

 

Origine du projet

L’élu en charge des questions environnementales, soutenu par le maire, porte une volonté de développer une unité de méthanisation et la commune engage une étude de faisabilité pour ce projet. Cette étude évalue positivement le potentiel des gisements locaux de biomasse : déchets agro-industriels (avec l’usine Lindt), déchets verts et boues de la station d’épuration de la collectivité, et déchets agricoles. Grâce aux financements de l’Etat, une énergéticienne est recrutée, entre autres, pour mener le projet à bien. Un montage juridique et financier est envisagé et il ne manque plus que les acteurs pour s’investir dans le projet.

Conscients des difficultés de la mise en œuvre de tels projets (les journaux locaux relatent de nombreuses réunions publiques houleuses autour de projets similaires dans les environs), les élus sont réceptifs à l’idée de l’instauration d’un dialogue, visant à la fois à expliquer les objectifs du projet et à mobiliser les détenteurs de matières premières.

 

Les étapes du projet de concertation

Une concertation sur la valorisation de la biomasse pour la transition énergétique du territoire est donc engagée. Elle porte sur le périmètre de l’intercommunalité, car la majorité des activités agricoles se fait sur les communes voisines et que la communauté de communes affiche elle aussi une démarche engagée dans la transition énergétique.

Des entretiens préalables auprès d’un large panel d’acteurs concernés par la valorisation de la biomasse permettent à chacun de se positionner sur sa participation à la concertation. L’entreprise Lindt, fournisseur possible d’une matière première très méthanogène, ne s’engage pas dans ce processus de co-construction, tout en indiquant qu’elle pourrait faire affaire avec l’usine de méthanisation une fois créée pour l’enlèvement de ses déchets valorisables sous forme de prestation. Les agriculteurs déjà partants (voire ayant eux-mêmes un projet dans ce domaine) seront présents, d’autres moins réceptifs au sujet ne viendront pas.

  • 1ère réunion : travail collectif sur les conditions à réunir pour favoriser le développement des projets de méthanisation.

Cette session de réflexion collective amène les participants à se découvrir et à repérer les projets en gestation sur le territoire : 3 au total.

Les agriculteurs présentent leurs projets d’unités de méthanisation et surtout leur interrogation sur la légitimité de la commune à porter un tel projet.

La commune présente sa vision de la politique territoriale énergétique et les atouts qu’elle a dans le montage de ce projet : ingénierie technique, terrains et matière première sous forme de boues d’épuration et de déchets verts ainsi que la possibilité d’envisager un partenariat avec l’usine locale Lindt.

Les agriculteurs attirent l’attention sur les contraintes supplémentaires qui s’ajoutent pour la valorisation des boues d’épuration comme des déchets agro-industriels par rapport à la simple valorisation des déchets agricoles, à la fois pour le process à installer et pour l’épandage des résidus. Ils partagent aussi l’expertise d’usage qu’ils ont sur le fait que le principal facteur de réussite de tels projets dans la durée est la maitrise des matières premières et soulignent le risque à vouloir travailler dans des conditions de sous-traitance avec une industrie qui peut à tout moment décider de changer de prestataire.

Ce temps partagé a amené à renoncer à l’idée d’une unité de méthanisation portée par la commune et à reformuler l’alliance de travail du groupe : Produire des scénarii de développement ou codéveloppement d’unités de méthanisation sur le territoire en fonction des besoins et solutions inhérents aux projets existants ou en cours de montage ou de réflexion.

  • 2e réunion : présentation des projets en gestation, réflexion sur les synergies possibles entre les projets, partenariats.

Chaque porteur de projet a été invité à présenter son projet. A la suite de quoi, une réflexion a été engagée sur les synergies possibles à mettre en œuvre pour soutenir le développement de ces projets.

  • 1ère visite de terrain : La visite d’une unité de méthanisation qui vient de démarrer a permis de partager les enseignements tirés par les porteurs du projet. C’est aussi l’occasion d’échanger sur l’avancée des projets et les synergies possibles sur le territoire.
  • 2e visite de terrain : La visite d’un centre technique avec des pilotes de petits méthaniseurs permet de mesurer les compétences utiles au montage du projet mais aussi au suivi de l’unité de méthanisation en marche.

 

Quelques éléments d’analyse

La concertation a établi et fluidifié les relations entre la commune et les agriculteurs déjà porteurs d’un projet, même si l’abandon du projet n’a pas été facile à présenter aux élus. Cela a aussi évité à la commune des études complémentaires coûteuses pour un projet qui n’aurait pas pu voir le jour, faute de contributeurs en matière première. Elle a permis aux collectivités de repenser leur positionnement : de porteur de projet à chef d’orchestre de la politique territoriale de transition énergétique, favorisant les projets existants. La communauté de commune a ainsi échangé des terrains avec un collectif d’agriculteurs porteur d’un projet pour permettre sa réalisation.

Les participants ont aussi saisi l’importance du dialogue préalable et les porteurs d’un des projets ont fait appel à l’APESA pour mener une concertation avec les riverains de leur future unité, aboutissant à la création d’un comité de suivi de riverains qui sera consulté tout au long du projet sur les questions du trafic routier, du bruit, des odeurs et de l’intégration paysagère.

 

La représentante de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer, présente à toutes les réunions, a tiré des enseignements à la fois des échanges avec les porteurs de projets de méthanisation mentionnant les difficultés administratives auxquelles ils sont confrontés et de l’intérêt de la démarche de concertation dans sa globalité. Elle traduira cela par :

  • la mise en place d’un pôle départemental des énergies renouvelables offrant un guichet unique aux porteurs de projets de méthanisation,
  • la réalisation d’une plaquette pédagogique concernant les démarches administratives qu’ils ont à réaliser ainsi que
  • l’encouragement des collectivités à se faire accompagner par un professionnel capable d’encadrer le dialogue avec les acteurs du territoire pour la co-construction de leur Plan Climat Air Energie et Territoire.

 

Personne contact : Magali SILVA – Cheffe de projet Dialogue Territorial et Energie – Pilote de dispositifs participatifs

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2018
  • Département concerné :
    64

Structure

  • APESA
  • Technopole Hélioparc 2, Av. du Président Pierre Angot
  • 64053 PAU Cedex 09
  •  
  • Personne contact: Magali SILVA
  • 05 59 30 46 63 & 06 87 13 51 43