March’équitable

Création d'une association de producteurs et de consommateurs

L’expérience consiste en la formation au dialogue territorial des membres d’un groupe CIVAM, orientée vers la concertation avec les acteurs du territoire pour développer leur projet d’association de producteurs et de consommateurs, améliorer la visibilité du CIVAM sur leur territoire et promouvoir l’agriculture durable.

Le contexte

Les producteurs fermiers du CIVAM à l’initiative du projet manifestaient la volonté de :
– Développer la vente locale de leurs produits
– Sécuriser l’économie des exploitations par un autre débouché commercial
– Privilégier la vente directe par rapport au circuit conventionnel
– Limiter la charge de travail liée à la commercialisation sur les marchés
– Promouvoir un certain type d’agriculture
– Proposer à leurs clients une gamme de produits plus étendue que ce que permet leur production propre

La formation au dialogue territorial est une proposition de l’AFIPAR. De leur côté, les CIVAM de Montmorillon et Chatellerault ont embauché une animatrice pour mener des activités de développement, pérennisation, amélioration de la lisibilité des activités du CIVAM sur le Montmorillonnais.

Les objectifs

Les objectifs de March’équitable étaient de développer par la vente directe afin de favoriser une agriculture au bénéfice des consommateurs (qualité des produits, prix, découverte de nouvelles habitudes de consommation), des agriculteurs (un métier revalorisé en échappant au cercle produits de masse, prix des produits en baisse compensé par des volumes produits de plus en plus importants), du lien entre consommateurs et producteurs (information et garantie sur le mode de production, prix équitable…) et de l’ensemble de la société par les effets induits (réduction des transports, activité de production et de transformation sur le territoire…).

L’objectif de la formation était de doter le CIVAM de compétences pour communiquer sur son projet et y associer des consommateurs.

Les étapes

– L’expérience démarre au printemps 2006 par la mobilisation d’un petit groupe de consommateurs et la définition du fonctionnement du groupe : règles de fonctionnement, partage des tâches et des responsabilités, recherche d’un local.
– Octobre 2006 à avril 2007 : 6 visites d’exploitation, avec pique nique ou dégustation des produits
– Juillet 2007 : Parution d’un livret de présentation des produits, des producteurs et de la démarche
– 2007 démarrage de la formation : identification des partenariats et des positions de chaque partenaire par rapport au projet ; définition du message à communiquer aux partenaires ; exercice à l’expression de ses besoins et de sa demande, à l’écoute de l’interlocuteur et à la négociation des intérêts des différentes parties en présence.

Comment le dialogue s’est engagé

La démarche a été marquée par des temps d’échanges et concertation entre producteurs et consommateurs, associés à des moments conviviaux : découverte des fermes, dégustations de produits.

La formation a été centrée sur la communication et la négociation en amont des prises de contact du groupe avec les élus et les institutions du territoire.

L’animatrice de la démarche n’était pas présente sur le territoire mais s’y rendait ponctuellement. Elle a négocié avec les membres du March’équitable le déroulement des réunions en veillant à permettre la prise de parole des consommateurs. L’animatrice a aussi assuré la concertation entre les membres du groupe et ses partenaires potentiels (exemple : recherche de maraîchers suite à la demande des consommateurs pour des légumes).

La définition des besoins de formation, la conception et l’animation des séquences de formation, la recherche d’intervenants ont été suivis par les séances de formation proprement dites. Chacune était composée de trois temps : apports théoriques, travail individuel à partir de l’expérience de chacun pour mise en pratique, travail en groupe sur le projet commun « March’équitable ».

Les promoteurs du projet sont les producteurs et quelques consommateurs associés très tôt à la démarche, qui ont assuré la mobilisation d’autres consommateurs. Les consommateurs militants (réseau ATTAC, collectif OGM) initialement associés ont assuré la mobilisation initiale mais se sont éloignés assez vite, mobilisés par d’autres actions.

La présentation à l’ensemble du CIVAM du projet Dialog’ et du projet de formation s’est avérée plutôt démobilisatrice : cette problématique ne concernait qu’un petit nombre de personnes, les « responsables  » du CIVAM. Elle a débouché sur des contacts avec le député de la circonscription et une administratrice du Conseil Général, anciennement présente sur le lycée agricole

Les partenaires

Les initiateurs du projet sont les producteurs du CIVAM de Montmorillon.
Les acteurs associés à l’action : le lycée agricole de Montmorillon, qui prête le local puis l’équipe à la demande du groupe.
Le groupe a repéré d’autres partenaires : élus, presse régionale, associées ponctuellement. Des partenaires plus lointains sont identifiés mais les actions en leur direction n’ont pas encore été mises en œuvre(en 2008)
Un partenaire financier : le Conseil Régional dans le cadre du développement des circuits courts en Poitou-Charentes pour l’animation et les moyens de communication (plaquette)
D’avril 2006 à septembre 2007, animation par l’AFIPAR, relayée par l’animatrice du CIVAM embauchée à l’automne 2007. Formation par l’AFIPaR, dans le cadre du projet Dialog’ durant l’automne-hiver 2007-2008.
Une personne-relais : une consommatrice proche d’un des producteurs, moteur du CIVAM et du sous-groupe de producteurs fermiers.

Les résultats

Pour les agriculteurs à titre individuel, March’équitable est un marché plus ou moins satisfaisant : porteur pour 2 d’entre eux, décevants pour 2 producteurs, à développer pour 3 autres encore.
C’est une action phare du CIVAM qui assoit sa légitimité vis à vis du territoire : il rencontre en 2008 l’initiative du Conseil Général de développer dans les cantines la consommation de produits locaux.

Pour les consommateurs, c’est la création d’un lieu de distribution bimensuelle de produits locaux et des occasions de rencontres avec des producteurs. C’est aussi la constitution d’un groupe de consommateurs réguliers, animé par un noyau à étoffer.

Pour le territoire : March’équitable constitue une expérience relayée par la presse. Elle participe à son animation et concerne un petit nombre de consommateurs.

Les facteurs de réussite

La motivation d’un groupe d’agriculteurs désireux de développer leur ancrage commercial sur leur zone de production

Le dynamisme et la disponibilité d’une personne (consommatrice) pour le lien entre producteurs et consommateurs. Ce lien est assurée par son engagement associatif, la participation de son mari au Conseil de Développement, et les liens amicaux de longue date entre sa famille et celle du président (et fondateur) du CIVAM.

Les difficultés et les limites

La mobilisation des consommateurs est restée modeste, 4 à 5 personnes assurent le fonctionnement de l’association. March’équitable peine à élargir sa base de consommateurs et à les fidéliser au delà d’un achat occasionnel.
L’implication des producteurs est inégale et l’intérêt de la formule est peut-être à remettre en cause pour certains d’entre eux. Enfin, il y a des calages à faire dans l’organisation : horaires de présence des producteurs, choix entre livraison sur commande ou panier.

Le CIVAM est en attente de reconnaissance et de soutien de ses actions par les élus du territoire. Ses membres du CIVAM buttent sur la position dominante de la profession agricole représentée par la Chambre d’Agriculture, la FDSEA et les autres OPA : les élus du territoire, lorsqu’il s’agit de projets agricoles, s’adressent aux représentants élus de la profession agricole, fédérée autour du syndicat majoritaire. Un tout petit nombre de membres du CIVAM participe toutefois à la défense de ses intérêts en lien direct avec les élus. Du fait du nombre et de la légitimité faible cette base est extrêmement fragile.

Les suites

Les intérêts différents des producteurs amènent le groupe à prendre d’autres voies (restauration collective, développement de l’expérience sur Poitiers), sans avoir assis la démarche localement. Cela représente à la fois un risque et une opportunité pour le dynamisme du groupe : diversification des liens, des acteurs rencontrés, des besoins des producteurs satisfaits par des actions de nature différente.

Plusieurs activités sont nées à la suite du projet :
– restauration collective à l’école de Moulismes : une rencontre avec des parents d’élèves, des élus et personnels est prévue pour organiser un repas avec des produits locaux.
– étude de la faisabilité de créer une dynamique collective autour d’un buffet paysan : un traiteur, en création d’activité proposerait des repas élaborés à partir des produits du groupe.
– mise en place de 2 événements à destination du grand public pour développer le réseau de March’équitable auprès des habitants du territoire.

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Département concerné :
    86

Structure

  • AFIPAR
  • 12 bis, rue Saint-Pierre
  • 79500 Melle
  •  
  • 05 49 29 15 96