
L’observatoire participatif de la biodiversité marine
Un programme de sciences participatives sur la faune et la flore sous-marine de la façade Atlantique
En 2012, dans le bassin d’Arcachon, un programme participatif de suivi des hippocampes est imaginé par des plongeurs de la Fédération Française d’Etudes et de Sports Sous-Marins (FFESSM). Il est mis en œuvre par la mission de préfiguration du Parc Naturel Marin du bassin d’Arcachon avec un financement de l’Agence des aires marines protégées. Il consistait à collecter les observations d’environ 80 plongeurs volontaires, consignées sur des fiches récapitulatives.
Le bassin d’Arcachon concentre un patrimoine naturel, paysager et culturel extraordinaire, support de nombreuses activités professionnelles ou de loisirs et facteur d’attractivité qui induit une forte pression sur ses écosystèmes marins sensibles. Les observations réalisées par les plongeurs permettent de mieux connaître l’état des fonds sous-marins et la population d’hippocampes.
La structuration de l’Observatoire
En 2013, la mission de préfiguration du Parc Marin est dissoute, mais les plus motivés des plongeurs (20 personnes environ) souhaitent poursuivre les observations. Encouragée par eux, l’association Ocean’Obs lance alors l’Observatoire Participatif de la Biodiversité Marine (OPBM). Elle en assure l’animation et recherche des moyens pour financer un site de saisie en ligne et des outils d’observation immergeables. Un Réseau d’Observateurs en Plongée, mis en place en 2012, est relancé en septembre 2013 et renommé « Sentinelles de la mer de l’OPBM ». En 2014, le suivi des hippocampes est élargi aux zostères, des herbiers sous-marins qui constituent l’habitat favori d’une des deux espèces d’hippocampes présentes dans le bassin d’Arcachon. Un petit groupe de scientifiques s’associe au projet.
En 2014, un programme d’actions triennal (2014 – 2016) est établi pour ancrer durablement l’OPBM et mobiliser tout le territoire aquitain. Il fait l’objet d’une convention de partenariat avec l’Agence des Aires Marines Protégées de Brest (désormais Agence Française de la Biodiversité). D’autres conventions sont signées avec la Fédération Française d’Etude et de Sports Sous-Marins (FFESSM) pour permettre une mobilisation des plongeurs de toute la région.
Depuis 2015, des partenaires financiers tels que la Fondation de France, les collectivités territoriales et le Fond de Solidarité Européen, consolident le projet. A partir des observations réalisées, l’association attire l’attention sur la préservation de la biodiversité marine et propose des solutions pour réduire l’impact de certaines activités sur l’environnement marin (mouillage écologique par exemple).
Peu à peu, le programme d’observations citoyennes prend de l’ampleur. Les participants viennent de Gironde, mais aussi des départements limitrophes et des régions proches. L’association Ocean’Obs engage alors, en mai 2016, des contacts auprès des acteurs de la plongée, des scientifiques et des citoyens volontaires de régions proches, afin d’imaginer ensemble le déploiement de l’Observatoire sur plusieurs Aires marines protégées. A partir de 2017, l’Observatoire entreprend de s’étendre sur l’ensemble de la façade Atlantique. Les observations, outre les hippocampes et les zostères, s’élargissent à la biologie de la Seiche commune.
Rechercher la complémentarité avec les institutions locales
L’Observatoire se donne pour mission de favoriser l’implication des usagers du territoire dans l’acquisition de connaissances et les sensibiliser aux enjeux de conservations du milieu marin. A travers cela, c’est la protection des milieux qui est recherchée ainsi que le développement durable des activités maritimes, notamment la plongée et le nautisme.
Si ces objectifs sont compatibles avec le plan de gestion du Parc naturel marin du bassin d’Arcachon, ce n’est pas le fruit du hasard mais le résultat des contacts entre les organismes. Le programme de sciences participatives se veut également complémentaire avec l’approche académique développée par des organismes scientifiques comme Ifremer. Il a également des relations avec des organismes gestionnaires de plusieurs Aires marines protégées, des associations et des collectivités locales. Tout cela passe par un repérage précis des acteurs du territoire et des échanges avec eux. Bref, le programme travaille en partenariat avec les institutions du territoire qui agissent dans le même sens.
Enfin, l’association développe des synergies entre l’Observatoire, qui vise à développer les connaissances sur la biodiversité marine, et d’autres activités : des observations spécifiques réalisées par des plongeurs scientifiques, des activités de formation des plongeurs, des actions d’éducation au développement durable, des propositions concernant l’évolution des pratiques nautiques…
Les acteurs concernés
L’Observatoire place les citoyens volontaires usagers de l’écosystème marin au cœur de son programme de sciences participatives : plongeurs, apnéistes, usagers et professionnels de la mer, pêcheurs à pieds, etc.
D’autre part la communauté scientifique et les gestionnaires d’espaces marins bénéficient des informations scientifiques collectées. La communauté scientifique est sollicitée pour apporter son expertise (sociologie, biologie, statistiques, méthodes de mesure, etc.) et permettre une large diffusion des résultats dans le réseau académique. Les gestionnaires bénéficient des analyses et résultats issus du traitement des données de l’OPBM afin d’entreprendre une gestion adaptée des espèces et habitats suivis.
L’association engage les parties prenantes du programme dans une concertation systématique qui prend la forme de réunions et d’échanges, jusqu’à la co-construction des orientations en comité plus restreint. Elle se positionne à l’interface entre les divers acteurs de l’Observatoire, chaque structure impliquée dabs le projet étant représentée par un référent. Cette organisation permet de créer des groupes de travail en fonction des besoins, permet des échanges efficaces et facilite la prise de décisions.
Enfin les résultats sont vulgarisés et diffusés aux acteurs du projet, au grand public au travers le site Internet et lors d’actions d’éducation à l’environnement.