L’érosion des sols à St Calais

Lever le tabou : des agriculteurs mobilisent la population locale pour engager une réflexion concertée

Dans le canton de St Calais, à 35 km à l’est du Mans, il y a 232 exploitations agricoles d’élevage (volailles, lait et bovins viande) et de cultures (céréales surtout). Une grande majorité des terres agricoles sont conduites de façon traditionnelle : labour et plusieurs passages d’engins pour le travail du sol. Lors des fortes pluies de l’hiver 2013-2014, les eaux d’écoulement étaient fortement chargées en sédiments. La qualité de l’eau s’en est trouvée dégradée et le coût de la potabilisation a augmenté. Les fossés se remplissent de terre, les sorties de champs labourés sont la cause de salissement des routes. Le transport de sédiments dans l’eau impacte les écosystèmes aquatiques.

Enjeu

Tous ces éléments entrainent un coût pour la collectivité. L’agriculture dans son ensemble a été désignée comme la cause de cette situation par nombre de citoyens. Pour une très grande majorité d’agriculteurs, cette situation est vécue comme une fatalité : la pluie tombe du ciel et ils n’y peuvent rien. En parler est une sorte de tabou.

Les agriculteurs du GDA veulent répondre au besoin des agriculteurs qui est de mettre en œuvre des pratiques performantes sur les plans environnementaux et économiques. En même temps, pour la collectivité locale et les citoyens, le besoin est de limiter les coûts de potabilisation de l’eau, de curage des fossés et de préservation des écosystèmes aquatiques.

Le projet vise donc à mobiliser les acteurs locaux pour engager des actions visant à limiter l’érosion des sols. Depuis plusieurs années, certains agriculteurs ont adopté des pratiques de conservation des sols basées sur le non-labour et la couverture permanente des sols en hiver. Le GDA sait en outre que l’érosion des sols et la qualité des eaux sont des questions liées. Les responsables du GDA ont donc eu l’idée de sortir de la situation actuelle pour amener les uns et les autres à regarder le problème en face et essayer d’agir pour remédier aux effets négatifs de l’érosion. Ils pensent que ce sujet est pour l’agriculture et son environnement est un enjeu d’avenir pour la sécurité alimentaire et la préservation des milieux.

Objectifs

Les objectifs du projet sont donc d’abord de lever le sujet tabou de l’érosion chez les agriculteurs. Ce tabou sera levé si des lieux de parole sont installés pour faire exprimer les représentations en place. Ensuite, il est nécessaire de créer un climat local favorable au dialogue et propice à la remise en cause des pratiques des agriculteurs mais aussi des collectivités (aménagements hydrauliques) et des citoyens, notamment les jardiniers. Enfin, il faudra partager les connaissances et valoriser les pistes prometteuses. Les connaissances sur l’érosion existent partiellement chez tous les types d’acteurs. Des universitaires et des collectivités (Pays de Caux) ont déjà une longueur d’avance sur cette question de l’érosion.

Actions

Plusieurs actions sont envisagées :

1. Poser un DIAGNOSTIC partagé sur érosion des sols et pollution de l’eau. Il s’agit de permettre aux agriculteurs, non préoccupés par l’érosion, d’exprimer leurs représentations du phénomène et leurs attentes en tant que professionnels. Il s’agit pour les acteurs publics, représentants des collectivités locales, d’exprimer leurs préoccupations sur la potabilisation de l’eau et leurs attentes sur la réduction des pollutions. Il s’agit pour les citoyens, regroupés ou non en association environnementale, d’exprimer leurs attentes sur le développement du territoire et la préservation des ressources naturelles.
Pour cela, un comité de pilotage sera constitué et va réunir les représentants des principaux organismes concernés. Il se réunira plusieurs fois, mettra au point une méthode pour diagnostiquer les représentations des acteurs sur l’érosion, se formera à la conduite d’entretiens et à l’écoute des acteurs locaux, réalisera des entretiens avec des habitants du territoire et établira la synthèse des représentations sur l’érosion sur le territoire de St Calais.

2. Il faudra ensuite impliquer les collectifs locaux porteurs de solutions sur l’érosion, qu’ils soient dans les réseaux professionnels agricoles (GDA, CIVAM, CUMA), dans les associations (pêcheurs, environnementalistes, citoyens). Tous ont des connaissances à partager pour préserver les ressources naturelles. Des parcelles de démonstration seront mises en place. Une visite dans un territoire à forte érosion (le Pays de Caux 76) permettra de comprendre comment impliquer la population.

3. Construire une démarche de sensibilisation à l’érosion destinée aux agriculteurs et habitants du territoire.

4. Installer le dialogue et la sensibilisation à l’érosion. Des rendez-vous seront organisés sur les parcelles de démonstration et réuniront des habitants, des élus et des agriculteurs. Les personnes présentes seront amenées à formuler des propositions de pistes d’action pour réduire l’érosion. Ces propositions alimenteront la réflexion du Comité de pilotage qui formulera des propositions d’actions à mettre en œuvre sur le territoire de St Calais, pour faire changer les pratiques et réduire les pollutions dues à l’érosion.

5. Enfin, le Comité de pilotage se réunira à la fin du projet (environ un an et demi) pour évaluer la démarche et décider des suites à donner.

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2014
  • Département concerné :
    72

Structure

  • Comité Régional des Groupements de Développement Agricole - GDA de l'Est Sarthois
  • chez Fabien Daguenet
  • 72120 Saint Calais
  •  
  • 02 43 35 09 80