
Les outils de créativité
Sortir des solutions «toutes faites» et stimuler la créativité des participants
Les outils de créativité interviennent dans le cadre de l’animation de réunions de concertation et plus précisément au moment de la recherche de solutions. Ils permettent de faire émerger des solutions sans être bridés trop précocement par l’impératif de réalisme. L’examen de la faisabilité n’intervient que dans une phase ultérieure.
Dans le cadre d’une démarche collective de résolution de problèmes, la conduite de réunions de concertation comprend généralement trois phases :
- L’identification et la priorisation des points de débats : l’animateur invite chaque partie à exprimer les problèmes rencontrés, les points de débat qu’elle souhaite aborder. L’animateur doit faire valider la liste des problèmes évoqués et amener les participants à prioriser les points proposés si besoin.
- Le passage des positions aux besoins : il s’agit pour l’animateur d’aider chaque partie en présence à passer de l’expression de ses positions (« nous voulons que … ») à l’expression de ses besoins (« nous avons besoin de … »). La reconnaissance des besoins de l’autre est une étape essentielle.
C’est quand cette reconnaissance est amorcée qu’il devient possible d’aborder l’étape de la recherche de solutions. - La recherche de solutions : l’animateur doit aider les parties en présence à ouvrir le champ des solutions possibles, il doit stimuler l’émergence d’un regard nouveau sur la situation.
L’animateur doit avant tout faire confiance aux parties dans leur capacité à trouver des solutions et veiller à ne pas se limiter trop vite par l’opérationnalité des solutions envisagées, au risque de brider la créativité du groupe.
L’attitude de l’animateur compte beaucoup : il doit mettre en confiance, accepter toutes les solutions, même celles qui peuvent apparaître inappropriées aux yeux de certains participants. Il lui faut rassurer ces derniers en leur indiquant qu’il est nécessaire de ne pas se censurer lors de cette étape et qu’il sera temps plus tard de choisir les solutions réalistes ou les plus satisfaisantes pour tous.
Il est possible de proposer aux parties de « laisser leurs casquettes au vestiaire » (voire de changer de casquette), pour ne pas être tenté d’évaluer ou de juger trop vite les solutions.
Des méthodes
Le brainstorming
Méthode classique de créativité, le brainstorming (ou remue-méninges, ou pluie d’idées) consiste à lister toutes les idées qui viennent à l’esprit d’un groupe de personnes sans porter de jugement ni débattre à leur sujet. Un certain climat de confiance doit être établi pour que la méthode fonctionne. L’animateur fixe les règles : pas de censure ni d’autocensure, pas de discussion sur les idées dans un premier temps, les idées farfelues sont bienvenues. Il pose une question et note sur un tableau de papier toutes les réponses apportées. Le rythme peut être rapide. A la fin de l’exercice, les idées sont classées et hiérarchisées par les participants.
On peut stimuler les idées en demandant aux participants de changer leur point de vue et de commencer leurs propositions par « Si j’étais agriculteur, je ferais… », puis « si j’étais chasseur… », « si j’étais enfant… »…
Le jeu de l’enveloppe
Diviser le groupe en autant d’équipes qu’il y a de problèmes à résoudre (4 à 5). Distribuer à chaque équipe une enveloppe sur laquelle est noté le problème à traiter. Demander à chaque équipe, non pas de le résoudre mais de définir des critères qui serviront à évaluer les solutions qui seront proposées par la suite (par exemple : originalité, facilité de mise en œuvre, coût…). Ces critères sont inscrits sur une feuille qui sera mise de côté jusqu’au retour de l’enveloppe. Donner un temps limité pour cela.
Chaque équipe passe son enveloppe à l’équipe suivante qui doit proposer une solution acceptable, la noter sur une carte et la glisser dans l’enveloppe. Puis chaque enveloppe passe à une autre équipe, qui étudie le nouveau problème qui lui est soumis et propose sa solution qu’elle glisse à son tour dans l’enveloppe. On répète ainsi le processus jusqu’à ce que l’enveloppe revienne à l’équipe de départ, celle qui a défini les critères d’évaluation des solutions. On peut faire un deuxième tour.
Puis, les enveloppes sont ouvertes et l’équipe en charge du problème découvre les solutions proposées. En utilisant les critères définis au début, elle hiérarchise les solutions.
Demander à chaque équipe de lire l’énoncé du problème puis les solutions, classées en fonction des critères qu’elle avait définis. Valider collectivement les solutions retenues au terme d’une discussion entre les participants.
L’arbre à idées
Il s’agit de dessiner un arbre dont on connaît le tronc (problème) et quelques fruits, pas les meilleurs en général (les idées spontanées). En partant des premiers fruits, on trace des branches (concepts ou approches) qui nous permettent d’attraper d’autres fruits (idées auxquelles on n’avait pas pensé)…
La formulation du problème doit être concise, et associer dans une même phrase les besoins de tous. Exemple : « Que pourrait-on faire pour préserver le caractère patrimonial de ce site tout en développant l’emploi et en assurant son accès au public ? ». Mieux vaut employer le « et » que le « ou » ou le « mais », qui opposent. On peut identifier différents problèmes et faire une formulation pour chacun.
On suscite ensuite un brainstorming. L’animateur peut aider chacun à mobiliser ses connaissances et expériences : « Vous qui connaissez bien…, savez-vous comment on pourrait… ? » « Y a-t-il déjà eu des problèmes similaires ; comment ont-ils été réglés ? »
En général, ce ne sont pas les meilleures idées qui viennent spontanément à l’esprit L’animateur peut « remonter en amont » d’une proposition pour saisir le concept, puis « redescendre » vers d’autres propositions : « Quand vous proposez d’offrir des chiens aux bergers (proposition), c’est une manière d’améliorer la sécurité des troupeaux face aux loups ? (concept). Comment pourrait-on y parvenir autrement ? Y a-t-il d’autres façons d’améliorer la sécurité des troupeaux ? »