Le Faucon crécerellette dans la basse vallée de l’Hérault

Dialogue avec les habitants pour une meilleure cohabitation entre l'homme et l'oiseau

Au printemps 2002, une colonie de Faucon crécerellette a été découverte dans un village de 500 habitants de la vallée de l’Hérault. C’est la seconde en France en termes d’effectifs, et la seule à être installée dans un village. Les couples pondent et élèvent leurs jeunes sous les tuiles des habitations et édifices publics. Le nombre de couples nicheurs progresse chaque année et la colonie se disperse maintenant vers un village voisin. Les habitants sont directement confrontés à la présence de ces oiseaux, qui sont parfois bruyants et qui peuvent salir les toitures de leurs déjections, voire causer quelques dégradations (essentiellement par déplacement de tuiles). Les travaux scientifiques menés jusqu’à présent montrent que l’un des principaux facteurs limitants réside dans la capacité de la population locale à accepter ces oiseaux dans son entourage proche. L’enjeu est donc de sensibiliser les acteurs locaux, de les rendre acteurs de la gestion des habitats du Faucon crécerellette en leur proposant d’intégrer la problématique de cet oiseau dans leurs futures mesures de gestion et de les impliquer dans la conservation de ce patrimoine naturel.

La démarche

Le projet est constitué d’actions envers les différents acteurs, mais plus particulièrement auprès des habitants. Au-delà d’une simple sensibilisation, il s’agit d’impliquer la population locale dans les actions de conservation et de préparer les habitants des villages voisins à son arrivée. La démarche est une démarche de pédagogie participative.

Elle se concrétise par :
– Des sorties de découverte du Faucon crécerellette proposées aux habitants du village et au grand public.
– Des soirées débat ou conférences
– Des interventions en classe et sorties pour les enfants des écoles de St Pons de Mauchiens, St Pargoire, Montagnac et Villeveyrac
– L’implication des habitants dans le travail de suivi de la population (notamment au travers de webcam destinée à analyser le régime alimentaire des poussins)
– La sensibilisation opérée quotidiennement lors des suivis et dénombrements : le travail quotidien de techniciens affublés de jumelles ou longue vue dans un village provoque immanquablement des discussions, des échanges, des débats. Appelé maraudage au Québec, ce travail de sensibilisation peut être qualifié d’animation spontanée. Cette approche permet de toucher un public non concerné habituellement.
– La publication d’articles dans les colonnes du bulletin d’information municipal
– La sensibilisation des artisans et architectes par la publication d’articles dans les colonnes d’une revue architecturale (revue CHICANE, publiée par le CAUE)
– La sensibilisation du milieu viticole par le projet d’une cuvée Crécerellette

La préoccupation principale de la plupart des acteurs économiques et des habitants du village est de se voir interdire ou contraindre du fait de la présence du Faucon crécerellette. Au cours du projet, la LPO s’efforcera de montrer que la présence de cet oiseau peut être un avantage et que sa présence n’est pas forcément significative de contraintes, et peut même devenir valorisable, si les projets économiques font l’objet d’une concertation avec et entre les acteurs locaux.

Les enjeux

Certaines pratiques ou habitudes des habitants pourraient aller à l’encontre de la « bonne » conservation de l’espèce. Globalement, ces pratiques ou habitudes peuvent être considérées comme favorables aux faucons puisqu’ils se sont installés dans le village. Cependant, la préservation à long terme de la colonie nécessite de travailler sur les nouvelles habitudes des habitants qui peuvent perturber la pérennisation de la colonie. Pour cela sont envisagés :

– L’adoption d’une charte toiture. Les faucons crécerellettes nichent sous les tuiles des toits des édifices privés ou publics. Cette situation peut être jugée perturbante pour les propriétaires et locataires de ces maisons. La LPO, le conseil municipal, l’association de défense du patrimoine et les autorités architecturales (ABF, CAUE) rédigeront une charte de bonne conduite pour la réfection des toitures, charte qui proposera des solutions pour minimiser l’impact des faucons sur les toitures et devra intégrer une proposition consistant à installer des nichoirs sur les toitures neuves (document en cours de finalisation).

– La pose de nichoirs permet aux demandeurs de participer activement à la conservation de l’espèce. Ils seront impliqués dans le suivi de la reproduction et pourront participer au baguage des poussins.

– La valorisation des friches viticoles intéresse les viticulteurs, les chasseurs et l’ensemble des utilisateurs du milieu naturel. Cette démarche peut correspondre aux exigences écologiques du Faucon crécerellette. Une concertation approfondie avec ces partenaires pourrait permettre de valoriser ces espaces et permettre aux chasseurs de mobiliser des fonds destinés à la conservation du Faucon crécerellette.

– Enfin, des partenariats avec des agriculteurs pourront être engagés, soit à titre bénévole, soit au titre de futures mesures agroenvironnementales.

La LPO espère, à terme, toucher l’ensemble des élus, habitants, acteurs économiques et environnementaux des communes de St Pargoire, Villeveyrac, de Montagnac et de Saint-Pons-de-Mauchiens. Le projet permettra d’établir des ponts entre les acteurs de la conservation de la nature et les autres utilisateurs des espaces naturels. La très grande majorité des acteurs de la gestion du territoire seront concernés par ce projet et amenés à intervenir ou proposer des actions.

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2006
  • Département concerné :
    34

Structure

  • Ligue de Protection des Oiseaux de l'Hérault - LPO
  • 474 allée Henri II de Montmorency
  • 34000 Montpellier
  •  
  • 04 67 58 76 4