Escalade et protection du faucon pèlerin

Le dialogue entre naturaliste et sportifs.

Le projet concerne la Normandie et l’Ile-de-France, principalement le corridor écologique de la Seine. Depuis une dizaine d’années, la Normandie est recolonisée par le faucon pèlerin. Autrefois présente tout au long de ce corridor et des falaises du littoral, l’espèce avait entièrement disparu de la région dans les années 1960, principalement à cause de l’emploi de pesticides. Aujourd’hui, il y a en Normandie moins de 30 couples nicheurs, répartis majoritairement sur les falaises du littoral. Sa recolonisation spontanée est freinée par le manque de sites de nidification favorables dans l’intérieur du pays. L’évolution des milieux, l’urbanisation et le développement des activités de pleine nature (escalade, randonnée, planeur, etc.) en sont à l’origine.
De par sa proximité avec Paris, la Normandie et les sites d’escalade implantés le long de la Seine sont de plus fréquentés par les citadins de la capitale, ce qui contribue à la diminution du nombre de sites favorables à la nidification du faucon pèlerin. En effet, la couvaison et l’élevage des jeunes s’étalent de la fin de l’hiver au début de l’été, mais cette période est également celle où les grimpeurs, profitant du retour des beaux jours, viennent sur les sites d’escalade. Les couples de faucons pèlerins sont sensibles aux dérangements et la présence de grimpeurs s’avère souvent fatale à leur reproduction.
Le projet s’attache à anticiper les conflits et à parvenir à la conciliation de la protection du faucon pèlerin avec la pratique de l’escalade. Pour cela, la LPO souhaite impliquer l’ensemble des acteurs concernés : ornithologues, fédération d’escalade et grimpeurs.
Public
Les principaux publics visés sont les pratiquants d’escalade et les ornithologues. Il s’agit d’une part, de la fédération française de Montagne et d’Escalade (FFME, 1 050 clubs et de plus de 57 000 licenciés) et des grimpeurs (affiliés ou non à la FFME), et d’autre part, des ornithologues (associations, bénévoles, etc.), souvent hostiles à la pratique des sports de pleine nature. Dans une moindre mesure, les propriétaires et gestionnaires de sites ainsi que les promeneurs et grand public sont également visés par le projet. Un groupe industriel de la cimenterie (Cemex) contribue à un programme plus vaste de protection des rapaces mené par la LPO, y compris dans des sites industriels et urbains. Il a été sollicité pour participer au projet.
Un comité de pilotage associant également la DIREN Haute Normandie, un PNR (Boucles de la Seine Normande) et un Conservatoire des Espaces naturels a été mis en place. Il se réunit une fois par an et permet un accord sur les actions en projet. La DIREN est associée plus étroitement au projet et fait office d’observateur extérieur et de garant des accords passés entre la LPO et la FFME.
La FFME sera directement impliquée dans le projet, puisqu’il lui est proposé d’assurer le lien (à travers notamment des opérations d’information et de sensibilisation) entre les grimpeurs et la LPO. Elle contribuera également au bon déroulement de la reproduction de couples installés sur des sites d’escalade. Enfin, elle mettra à disposition ses compétences et sa connaissance du milieu rupestre, en participant à l’aménagement de sites pour offrir des gîtes de nidification favorables au faucon pèlerin. Cette action confère à la fédération un véritable rôle d’acteur de la conservation de l’espèce.
Objectifs
Il s’agit d’abord d’établir un dialogue instructif et durable entre les différents utilisateurs de ce milieu. A terme, le projet est de faire émerger un projet commun de gestion des falaises, en mutualisant les compétences des grimpeurs et des naturalistes afin d’une part, qu’une cohabitation durable puisse s’instaurer entre les différents utilisateurs des milieux rupestres, et d’autre part, que les naturalistes fassent partager leurs connaissances et leurs passions de la nature.
Activités
Des contacts positifs avec la délégation régionale Ile-de-France de la FFME ont montré l’accord des grimpeurs pour participer au projet (information de leurs adhérents et du public, aménagement de sites de nidification, observation des oiseaux) et leur connaissance des oiseaux rupestres, due à une fréquente présence sur le terrain.
Il est prévu de poursuivre ces réunions et d’aborder une question plus complexe : celle du partage de certains sites, dont une partie pourra être réservée au faucon et une autre à l’escalade.
Résultats attendus
Ce projet doit aboutir à :
– la prévention de conflits entre les pratiquants de l’escalade et les protecteurs de la nature, lors de la présence de faucons pèlerins sur des sites d’escalade (éviter tout dérangement de couples de faucons pèlerins installés sur des sites d’escalade) ;
– l’aménagement de sites, afin d’offrir des gîtes de nidification attractifs pour l’espèce ;
– l’installation de nouveaux couples sur le corridor considéré ;
– la sensibilisation du public cible à la préservation du faucon pèlerin, et plus généralement de l’avifaune rupestre.
Ce projet concernera aussi bien le monde naturaliste (souvent hostile à la pratique des activités de pleine nature) que le monde sportif (ignorant souvent que les falaises abritent une faune et une flore remarquables à préserver). Il touchera dans un premier temps les acteurs locaux, présents sur le territoire considéré. Dans un second temps, et Grâce aux outils de communication (revues, sites web), l’expérience locale sera portée à la connaissance des mondes naturaliste et sportif, au-delà du secteur d’intervention.

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2007
  • Département concerné :
    50

Structure

  • LIGUE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX (LPO)
  • 62 rue Bargue
  • 75015 PARIS
  •  
  • 01 53 58 58 38