La transition écologique, c’est l’affaire de tous !

Créons des espaces de dialogue entre agriculteurs et citoyens

Le territoire du projet est constitué des zones historiquement bocagères du sud manche, virois et ouest ornais. L’élevage agricole y est majoritairement représenté. La pyramide des âges agricoles entraine de nombreuses restructurations de fermes, qui conduisent à l’agrandissement, l’intensification des pratiques agricoles, la robotisation, la disparition des prairies et des haies, … et des conditions de vie des agriculteurs difficiles en termes de temps de travail et de revenu.

De leur côté, les ruraux ont perdu le lien avec la production agricole, sont soucieux de leur cadre de vie et de la préservation des paysages, exigeants en matière de pratiques agricoles (pesticides notamment), attendent des produits alimentaires de qualité … mais à bas coût. Ces personnes, qui vivent le même territoire, dans le même paysage, ne se côtoient pas ou très peu, sont défiants et très critiques les uns vis à vis des autres.

Il semble donc nécessaire aujourd’hui de (re)créer un espace de dialogue entre agriculteurs et ruraux qui vivent sur le même territoire (échelle d’une ou quelques communes – environ 1000 habitants), de permettre une meilleure compréhension réciproque et d’initier une dynamique d’actions co- construites (négociées et partagées). Et ce dans une optique de préservation de la biodiversité et des paysages (par une évolution des pratiques agricoles), de l’évolution de la consommation notamment alimentaire (en quantité, en qualité, en proximité) et pour faciliter l’installation de nouveaux agriculteurs afin d’apporter de nouvelles approches et de freiner l’agrandissement des fermes.

 

Objectifs et actions conduites

Ce projet se décline en différentes étapes :

1- Créer les conditions favorables à un dialogue réel entre agriculteurs et concitoyens sur un territoire ciblé conduisant à une meilleure compréhension des besoins de chacun

Organisation d’une porte ouverte sur une ferme volontaire : identifier le « premier cercle » de ruraux qui pourront être ambassadeurs du projet : il s’agira de proposer aux ruraux d’écrire en s’adressant aux agriculteurs, et réciproquement (voir « lettres semées »). Ces lettres serviront de matériel à la réalisation de petites scènes, destinées à initier un débat, un dialogue moins impliquant émotionnellement puisque relayé par un tiers et permettant également un effet miroir. Appui à l’écriture et présentation des scènes élaborées à partir de l’expression des agriculteurs et des ruraux (2-3 courtes scènes) destinées à susciter réactions, discussions, débat (s’appuyer sur les mêmes ressorts que le théâtre forum). D’autres modalités de mobilisation et d’initiation du dialogue seront testées sur des territoires proches : causerie, autour d’un mot, porteur de parole…

2-  Accompagner les parties prenantes dans la définition de plans d’action co- construits

Suite à ce premier temps de mobilisation, il s’agit de proposer un autre rendez-vous aux personnes présentes pour poursuivre la réflexion, notamment identifier les actions à mettre en œuvre, tant à l’échelle individuelle que collective… Des outils d’animation collaboratifs seront utilisés afin de garantir la co-conception. Le rythme des rencontres et leur contenu sera adapté en fonction de l’évolution du projet et du souhait des parties prenantes.

3- Faciliter voire contribuer à la mise en œuvre des actions contribuant à transition écologique

Sont pré-identifiées à ce jour quelques actions pour lesquelles des agriculteurs, collectivités sont prêts à se mobiliser, mais leur contenu sera vraisemblablement amené à évoluer.

  • appui local aux porteurs de projet d’installation agricole : il s’agit d’identifier, autour d’un candidat à l’installation sur le territoire mais non issu du milieu agricole et souvent non issu du territoire, de constituer un groupe de « citoyens » référents prêts à faciliter son installation, son insertion dans le territoire, les démarches à effectuer localement en mettant à sa disposition leur connaissance du territoire, des interlocuteurs, de l’histoire locale, des ressources et compétences disponibles…
  • évolution des pratiques des agriculteurs : cet aspect demande beaucoup de temps et il est sera nécessaire de lever les freins psychologiques avant d’aborder la faisabilité technique
  • évolution des pratiques des jardiniers amateurs par la mise en place d’une grainothèque par la bibliothèque de Mortain
  • évolution des habitudes de consommation des ruraux : il s’agira, lors des fermes ouvertes mais également lors des discussions qui suivront la représentation théâtrale, d’interpeller les « consommateurs » sur leurs choix de consommation et les questionner sur le type d’agriculture, de paysage, de développement qu’ils induisent par leurs choix.

 

L’innovation de ce projet réside à la fois dans l’objectif (créer un espace de dialogue avant d’envisager de passer à l’action), la finalité (permettre aux acteurs locaux de déterminer eux mêmes leurs besoins et les actions à mettre en œuvre), mais surtout dans la manière d’impliquer et d’initier le dialogue. En effet, la difficulté majeure de l’action réside dans le fait de toucher des agriculteurs et des ruraux d’une même commune pour leur proposer de prendre le temps d’échanger ensemble sur leur divergence de vision (et peut être qui sait découvrir qu’elles ne sont pas si éloignées). L’ambition est également de sortir des « réseaux militants » à la fois côté agriculteurs (mobiliser au delà des membres des CIVAM) mais également côté « habitants » (mobiliser au delà des personnes déjà engagées dans les associations ou préoccupées par l’appauvrissement de la biodiversité).

 

Enfin, le choix de privilégier un échange autour de la notion de paysage (qui est le paysage dans lequel nous vivons, le paysage que nous admirons ou ne voyons plus) évite d’entrer frontalement dans des crispations en évoquant des termes tels que « biodiversité », « nature » (dont la dégradation est souvent attribuée à l’agriculture). Il ne s’agit nullement de nier les responsabilités de chacun mais d’éviter de générer des réactions négatives et une fermeture à l’échange, « a priori »… la préoccupation étant de mobiliser le plus largement possible.

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2018
  • Département concerné :
    50

Structure

  • FRCIVAM BASSE NORMANDIE
  • 2 rue de Montsecret,Vassy
  • 14410 VALDALLIERE
  •  
  • Personne contact: Fabienne BOIS
  • 0231688058

Et aussi ...

  • http://civambassenormandie.org/