
Gestion concertée des ressources pastorales
Mobilisation collective des pâturages et circuits courts de fumier
Le Pacte Pastoral Intercommunal (PPI) est un engagement de divers partenaires des Cévennes et du massif de l’Aigoual autour du pastoralisme (voir fiche Comédie « Déploiement du Pacte Pastoral Intercommunal). Il est issu d’un processus de co-construction et d’une démarche ascendante et son objectif est le maintien et le développement du pastoralisme.
En 2019, les acteurs du PPI ont décidé d’aborder deux nouvelles thématiques pour une transition écologique concertée sur son territoire : une gestion locale du fumier dans une logique d’économie circulaire et la mise en place de pâturages de confortation (visant à renforcer les capacités fourragères d’exploitations pastorales) gérés collectivement.
Ce projet innovant sur le territoire a pour ambition de récréer du lien à la fois entre les éleveurs, et entre éleveurs et autres agriculteurs, pour s’adapter au mieux au monde d’aujourd’hui.
Gérer ensemble des pâturages pour une utilisation plus efficace
La confortation des pâturages a pour but de soutenir les exploitations pastorales dans une gestion raisonnée des ressources. En effet, pour augmenter leur résilience face aux aléas climatiques, les éleveurs ont en effet besoin de marge de manœuvre dans l’utilisation de leurs ressources pour s’adapter au mieux aux évènements. Une gestion concertée et collective permettrait d’envisager ces marges de manœuvre à une échelle plus large que l’exploitation et d’en optimiser leur utilisation selon les besoins de chacun.
La gestion concertée, bien présente lors des périodes d’estives (par les groupements pastoraux…) n’existent plus entre les éleveurs le reste de l’année. De façon générale, le collectif est de moins en moins présent dans les pratiques d’élevage, des éleveurs voisins ne se connaissent pas ou très peu, et même entre éleveurs, l’individu tient souvent une place prépondérante au détriment du collectif. Quand les éleveurs sont confrontés à une diminution des ressources des parcours (climat, problème d’accès aux pâturages…), une compétition apparaît sur certains secteurs. Les pratiques collectives (par exemple le regroupement de troupeaux sur des pâturages de mi-saison avant le départ en estive) ne sont plus en usage aujourd’hui, notamment du fait que les zones de pâturage doivent être déclarée de façon obligatoirement individuelle à la PAC (Politique agricole commune) par les éleveurs.
La gestion concertée proposée dans cette action se ferait probablement à l’échelle et au bénéfice de quelques exploitations. Il n’est toutefois pas exclu selon les besoins et souhaits des éleveurs et les pâturages mobilisés d’envisager une gestion à l’échelle d’une petite vallée.
Contrairement aux estives, les pâturages de confortation sont relativement proche des exploitations concernées. Des communes vont travailler sur la récupération de biens « vacants et sans maîtres » pouvant avoir un potentiel pastoral pour mettre en pratique des gestions collectives.
Les actions mises en place pour cela sont les suivantes :
- Création et animation d’un groupe de travail afin de répondre à la question : Comment mobiliser et gérer collectivement des pâturages ?
- Dans un premier temps, il faut identifier et mobiliser des espaces pastoraux potentiels pour la confortation, puis imaginer la mise en place de nouvelles modalités de fonctionnement d’utilisation des pâturages, adaptées au contexte actuel, permettant aux éleveurs de se maintenir en confortant leur pâturage.
- Ce temps d’animation et de réflexion permet d’aboutir à une méthodologie co-construite.
- Des échanges d’expériences de gestion concertée avec d’autres territoires permettent d’affiner le projet. La réflexion sera élargie à d’autres formes de production primaire ayant instauré des modalités de gestion collective de ressources pour un bénéfice individuel et répondant à un intérêt général plus global (dans le domaine de la pêche professionnelle méditerranéenne par exemple).
Un circuit court de fumier
Le fumier (mélange plus ou moins fermenté de litières et de déjections animales) et le migou (déjections ovines sans paille) sont utilisés comme engrais organique. Le fumier est souvent valorisé par l’éleveur qui possède des prairies et qui fertilise donc ses prés ainsi. Toutefois, un certain nombre d’éleveurs n’a que très peu de prés, voire pas du tout. Dans cas, le fumier n’est pas utilisé, il est déposé en tas sur un bord de prairie, ce qui est localement défavorable à la diversité biologique et peut également être à l’origine de pollution de l’eau si un cours d’eau se trouve à proximité.
Une plateforme commune de compostage pourrait optimiser l’usage du fumier et du migou produits par les troupeaux du territoire, diminuer le risque de pollution de l’eau, renforcer les liens entre éleveurs et entre éleveurs et agriculteurs, réduire l’utilisation des engrais chimiques, très utilisés notamment pour la production d’Oignons doux des Cévennes. Dans une logique d’économie circulaire, il est possible de mettre ainsi en place des circuits courts du fumier.
Plusieurs actions sont ainsi mises en place :
- Recensement des pratiques actuelles liées au fumier et au migou et des souhaits d’évolution
- échanges auprès d’autres territoires ayant organisé des plateformes de compostage
- échanges auprès des agriculteurs du territoire (maraîchers, producteurs d’oignons).
Pour garantir l’horizontalité du projet et l’implication de tous, les animateurs du Pacte pastoral intercommunal mobilisent le Comité d’appui du pacte (CAPPI).