Gérons ensemble nos wateringues

La concertation entre acteurs locaux pour une gestion cohérente des canaux dans le Nord de la France.

Dans les zones de polders des Flandres Maritimes et des Flandres Intérieures, l’eau du drainage des champs est récupérée dans des fossés qui sont reliés à des fossés plus larges (les wateringues) lesquels se déversent dans des canaux puis sont rejetés à la mer.

Le contexte

Les gestionnaires des wateringues souhaitent se rapprocher d’un plan de gestion plus écologique compatible avec les pratiques de faucardage (coupe des roseaux). Les fédérations de chasse ont constaté la disparition de la petite faune en particulier la perdrix grise par manque d’une couverture végétale nécessaire à leur protection.

Le climat entre élus, agriculteurs et écologues étant très tendu en Flandres, l’association « Les Jardins du Cygne » souhaite contribuer, dans un esprit de médiation, au rassemblement de ces acteurs et à la conciliation des points de vue dans la perspective de la mise en place d’un plan de gestion écologique des wateringues.

Les objectifs

L’intérêt écologique de cette démarche tient au fait qu’au-delà de l’intérêt faunistique, l’implantation de haies le long des wateringues constitue une barrière naturelle de protection contre la projection des produits phytosanitaires, en limitant ainsi les impacts sur le milieu aquatique, et joue, par son système racinaire, un rôle de filtre concernant la pollution aux nitrates. Pour atteindre ce résultat, la concertation entre tous les acteurs n’ayant pas les mêmes points de vue sur la gestion de l’environnement est décisive.

Le projet avait ainsi pour objectif de :

  • Inciter et amener les acteurs à la restauration de la trame verte et bleue
  • Permettre à la petite faune de s’abriter des prédateurs
  • Etablir un plan de gestion écologique avec les différents acteurs du terrain
  • Revaloriser les paysages dénudés ou dégradés

Pour cela l’association a pour tâche de mobiliser les partenaires (gestionnaires des wateringues, agriculteurs, chasseurs et élus) autour des intérêts environnementaux de la renaturation des wateringues, afin d’impliquer tous ces acteurs dans les réunions de concertations. La présence d’un député derrière cette initiative a permis d’ouvrir des portes pour mobiliser les parties prenantes.

La démarche

Une première réunion a mobilisé les techniciens des deux Pays et du SAGE, des chasseurs, des gestionnaires des wateringues, des représentants de la FDSEA et le député. Cette première réunion a permis d’échanger sur les modalités de reboisement, avec des discussions autour de la diversité des essences à réintroduire. Un consensus a été trouvé pour diversifier les essences, tout en trouvant des variétés qui ne produisent pas trop de bois pour faciliter l’entretien. La grosse problématique étant de savoir qui va ensuite entretenir ces haies. En effet, le wateringue est du domaine public mais la bande enherbée correspond au domaine privé de l’agriculteur. Les participants se sont également accordés sur le lieu de plantation, en cherchant un endroit qui suscite l’unanimité pour cette première expérimentation. La présence des deux Pays et du SAGE donne de la crédibilité à l’action aux yeux des participants. Ce projet a, en effet, émergé dans un contexte de tension entre agriculteurs et élus au sujet du schéma régional de cohérence écologique. Les discussions réalisées sur le sujet des wateringues ont ainsi permis de renouer le dialogue entre ces deux acteurs.

Les résultats

Plusieurs réunions de cette nature permettront aux acteurs de se mettre d’accord sur les contours de la phase opérationnelle de plantation. Depuis cette première expérimentation, tous les ans de nouvelles plantations sont réalisées, avec 800 arbres plantés (en 2018), en mobilisant des partenaires tels que les lycées agricole. L’AFAC, partenaire du projet, a mis à  disposition 13000 arbustes et organisé des chantiers participatifs avec les habitants.

Les résultats concrets ont permis de lever des craintes des agriculteurs qui ont vu que les arbres ne faisaient pas trop d’ombre sur les champs, et de convaincre les chasseurs qu’il fallait jouer sur la diversité des essences. Un gros travail de communication est toutefois nécessaire pour mobiliser de nouveaux agriculteurs pour s’engager dans de nouvelles plantations. Cela passe par des appels téléphoniques, lors de formations, par des relais locaux (maires, partenaires associatifs…) …

Les chantiers quand à eux mobilisent toute l’équipe salariée de l’association, des bénévoles, des personnes issues du réseau de l’agriculteur concerné ou encore la lettre d’information parfois relayée par les communes. Les partenariats avec les lycées sont aussi poursuivi, et les étudiants mettent ainsi en application les enseignements théoriques acquis.

Les suites

Ce projet se poursuit et l’association Les jardins du Cygne tente de le pérenniser aussi financièrement, ce qui reste difficile dans un contexte où les aides des collectivités ne sont plus au rendez-vous. Les actions mises en place demandent beaucoup d’énergie et de suivi au niveau local. Les plantations réalisées sont légitimées par cette co-construction et ne sont pas remises en cause.  L’une des pistes pour continuer serait de travailler sur de petits linéaires mais en assurant un meilleur suivi des plantations pour limiter les pertes. Un travail est également engagé avec des agriculteurs pour remettre en place des haies dans le cadre de réaménagements fonciers.

En 2020, une AFAC (association française des arbres champêtres) régionale est en cours de formalisation, montrant qu’au-delà des résultats sur la gestion des watteringues, ce projet a aussi permis le maintien d’une dynamique partenariale engagée sur le long terme.

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2014
  • Département concerné :
    59

Structure

  • Les Jardins du Cygne
  • 8, route du cygne
  • 59285 ARNEKE
  •  
  • Personne contact: Pierre Gillot
  • 03 28 48 34 02

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