
Forum des partenaires du Golfe du Morbihan
Une concertation locale pour construire un projet de développement territorial durable
Le Syndicat intercommunal d’aménagement touristique du Golfe du Morbihan (SIATGM) est une communauté de 24 communes riveraines du Golfe du Morbihan. Ses activités s’orientent vers le développement local, la préservation de l’environnement et l’aménagement du territoire. Depuis 1994, il a lancé la «Démarche Golfe » dont le but est de renforcer les liens entre les communes et les acteurs locaux pour construire un projet de développement territorial durable. Dans ce cadre, il a mis en place un groupe de réflexion sur la «Coordination des usages du Golfe maritime et littoral ».
Des conflits d’usage
De nombreux usagers se côtoient dans le Golfe du Morbihan : les pêcheurs – professionnels ou amateurs – les plaisanciers, les écoles de voile, les vedettes à passagers, les ostréiculteurs, les baigneurs et randonneurs, les adeptes de sports maritimes (plongeurs, etc.), les riverains, les agriculteurs, les collectivités locales, les professionnels du tourisme, les associations de protection de l’environnement, les scientifiques de l’Ifremer Les conflits sont fréquents et plusieurs acteurs (notamment les scientifiques et les environnementalistes) estiment que le milieu naturel se dégrade à cause de la surfréquentation et du manque de coordination des activités.
Pour assurer la coexistence de ces multiples activités et préserver les milieux, une communauté de 24 communes a initié un vaste projet de concertation.
Une dynamique de concertation portée par une collectivité territoriale
Le travail a commencé par l’information de la population par la presse et par des courriers aux principaux acteurs organisés, afin de les préparer à la démarche. La seconde étape a été la consultation des usagers (entretiens avec les responsables d’organisations associatives et professionnelles et enquêtes) et le repérage des « points noirs » de la cohabitation.
L’étape suivante a consisté en la réalisation d’un forum, c’est-à-dire d’une rencontre entre acteurs et usagers du Golfe. Cet événement a réuni 130 personnes et a permis d’améliorer la connaissance mutuelle et de susciter des débats autour de problématiques transversales, afin de poser les fondements d’un projet commun pour une gestion spatiale durable du Golfe.
Un comité de pilotage a été constitué. Il intègre des représentants de tous les groupes d’acteurs, y compris les élus. Son rôle est de superviser l’ensemble du processus de concertation et de faire respecter les décisions qui en seront issues. Parallèlement, des études scientifiques ont permis de mieux identifier l’origine des menaces écologiques et d’aboutir à des recommandations générales.
Des actions pour marquer les succès de la démarche
A cette étape du projet, des conflits limités ont été résolus par des négociations directes entre acteurs locaux et ont débouché sur quelques actions ponctuelles, comme le balisage des chenaux empruntés par les bateaux de plaisance. Dans cette perspective, d’autres ateliers de concertation ont été organisés autour de sujets particuliers, comme la pollution bactériologique des eaux (qui concerne plus particulièrement les agriculteurs et les ostréiculteurs), la préservation de la flore sous-marine (qui concerne les clubs de plongée et les scientifiques), le dérangement des oiseaux nicheurs (qui concerne les plaisanciers, les pêcheurs à pied et les écologistes), etc. Ces ateliers sont chargés de proposer des solutions aux conflits existants. Les associations de protection de la nature, qui sont nombreuses, se sont dotées d’un représentant unique pour participer au comité de pilotage, mais plusieurs d’entre elles participent activement aux ateliers de concertation.
La troisième étape consiste à définir des vocations prioritaires de cet espace. Elle aboutira à l’élaboration d’un projet collectif pour l’utilisation partagée du territoire maritime et littoral. Cela se fera lors d’un forum qui validera les propositions des ateliers de concertation, après avis du comité de pilotage. Enfin, la mise en œuvre des résolutions passe par des moyens adaptés : information des usagers, modification des règlements municipaux, aménagements divers, recherche de financements le cas échéant, etc.
Les enseignements du projet
Les spécificités
– un territoire très vaste
– des milieux fragiles
– des acteurs multiples et des sujets de conflits nombreux
Les facteurs de réussite
– une équipe d’animateurs compétents dans le domaine de la concertation territoriale
– du temps : le programme est pluriannuel et le calendrier s’adapte au rythme des acteurs locaux
– des élus soucieux de coopération, un projet de création d’un parc naturel régional en perspective