
Faune Aquitaine
Un programme de science participative sur la faune
A l’origine, l’outil informatique permettant le recueil et le traitement des données en ligne a été développé en Suisse, puis introduit en France par la LPO de Haute Savoie, enfin mis en place en Aquitaine en 2008. Il s’agissait d’améliorer la collecte d’informations qui était alors réalisée principalement par des naturalistes amateurs et qui était laborieuse du fait de la lourdeur des procédures de saisie. Avec ce nouveau système de collecte des données, les naturalistes ont multiplié leurs observations car la saisie était simplifiée et surtout parce qu’ils disposaient d’un retour d’information instantané. La surprise a été de voir également se mobiliser des personnes qui n’étaient pas identifiées par les associations de protection de la nature comme étant des naturalistes. Actuellement, il existe environ 1400 collecteurs de données en Aquitaine, alors que seulement une centaine de naturalistes amateurs étaient connus lors de la mise en place de la base de données.
Les contributeurs peuvent collecter des données sur toutes les espèces de la faune sauvage. Celles concernant les oiseaux sont agrégées à l’échelle nationale dans un système de bases régionales interopérables, afin de construire l’Atlas national des oiseaux nicheurs. Environ 70% environ du territoire français devrait être couvert fin 2011.
Les contributeurs sont invités à identifier des espèces observées sur le terrain au moyen d’une liste d’espèces (menu déroulant). Ils sont aidés en cas de doute par une abondante documentation en ligne sur le site.
Toutes les données recueillies (une donnée : une espèce observée, une date, un lieu, un observateur identifié) sont réputées valides a priori et servent à constituer des cartes qui sont accessibles en temps réel sur le site. Certains utilisateurs confirmés disposent de la possibilité d’invalider a posteriori certaines données qui leur semblent inexactes. Dans ce cas, ces données ne sont pas supprimées mais signalées et écartées des traitements qui peuvent être faits ultérieurement. La personne ayant collecté cette donnée est contactée. Cette procédure, ainsi que la mise à disposition sur le site d’information naturaliste permettant l’identification des espèces, permet la montée en compétence progressive des contributeurs.
Certains jours, plusieurs milliers de données peuvent être recueillies. Il n’est pas possible de les vérifier toutes, mais des tests sont effectués régulièrement. Ils montrent que le pourcentage d’erreurs est limité et n’affecte pas les tendances observées. Il existe très peu de données délibérément fausses car les observateurs sont invités à s’identifier. Il y a des risques de confusion entre espèces, mais cela est inévitable (le programme STOC-EPS – Suivi temporel des oiseaux communs- de Vigie Nature mis en place par le Muséum national d’histoire naturelle fonctionne sur le même principe) et le nombre d’observations relativise l’importance de possibles erreurs.
Plusieurs utilisations sont faites de ces données :
– elles sont restituées au réseau des contributeurs et au grand public de façon régulière, par exemple sous forme d’un atlas cartographique en temps réel ;
– elles sont utilisées par les associations de protection de la nature pour leurs actions de conservation ou de gestion des milieux ;
– elles font l’objet de publications scientifiques diverses par les associations de protection de la nature, notamment des synthèses sur une espèce ou un territoire. La LPO est en lien avec des chercheurs mais ceux-ci n’utilisent que très peu ces données pour le moment.
Relations entre les membres
Une rencontre des contributeurs est organisée par la LPO chaque année. Elle permet de faire le bilan et de discuter des projets. Il n’y a pas de rencontre avec des chercheurs pour le moment, ces derniers étant peu mobilisés par le programme. Des contacts sont en cours.
Capacité d’initiative
La capacité d’initiative des membres en matière de données collectées est totale. Ce sont eux par exemple qui ont décidé de rapporter des observations sur des mammifères ou d’autres espèces, dépassant ainsi l’univers traditionnel de la LPO qui est celui des oiseaux. Chaque contributeur conserve la propriété intellectuelle des données qu’il a recueillies et peut d’ailleurs à tout moment les retirer de la base s’il le désire. Le programme met donc à sa disposition un espace sécurisé où ses données sont archivées, y compris celles qui sont considérées comme suspectes par les validateurs et qui ne sont pas utilisées. En revanche, la LPO conserve la propriété intellectuelle des traitements qui sont faits à partir de ces données.
Gouvernance du programme
Le programme est géré par la LPO. Lors de la réunion annuelle des contributeurs, des décisions sont cependant prises concernant l’évolution du programme : cette rencontre constitue donc une sorte d’instance de démocratie directe.
Pour le moment, seuls les individus peuvent participer au programme Faune Aquitaine et non pas les institutions. Il existe en ce moment des projets d’Observatoires régionaux de la faune dans lesquels les objectifs de l’Etat et des collectivités restent encore à préciser, même si la LPO Aquitaine est étroitement associée à ces réflexions. Tant que ce dispositif n’est pas stabilisé, la LPO préfère que les logiques institutionnelles n’interfèrent pas avec son programme. En outre, la LPO se sent redevable au premier chef envers ses contributeurs, ces centaines de personnes qui ont amassé des milliers d’observations bénévolement.