Eoliennes et participation locale

Un projet de parc éolien engagé par des agriculteurs suscite une concertation animée avec les habitants

Dans le Finistère, cinq agriculteurs de la commune de St Thégonnec, inquiets pour l’avenir de la production laitière, ont décidé de diversifier leurs activités en installant une éolienne sur leurs terres afin de vendre de l’électricité à EDF. Ils choisissent le site du Télégraphe, très venté et pratiquement inculte. Un artisan de la commune voisine de Pleyber-Christ a également le projet d’investir dans l’éolien. Le site d’installation prévu étant le même, ils décident alors de s’associer.

La concertation avec la population

Ils ont sollicité l’association Avel Pen ar Bed pour concrétiser leur projet en menant des études préalables (vérification de l’absence de contraintes techniques, environnementales et juridiques), en facilitant les démarches auprès des mairies pour l’obtention des permis de construire, en établissant les contacts nécessaires et en fournissant de l’information technique.

L’association a encouragé ce projet, mais a cependant souhaité y introduire une dimension nouvelle qu’elle estime indispensable à son acceptation : la concertation avec la population locale. Cette préoccupation était partagée par les agriculteurs et l’entrepreneur, très ancrés localement et soucieux de voir leur initiative acceptée. Elle était également le fait des mairies, qui étaient favorables au projet.

L’association Avel Pen ar Bed a donc effectué des visites individuelles à tous les résidents du site et organisé une réunion publique.

Les réticences d’une partie de la population concernaient le bruit et l’impact visuel. L’association a alors perçu que ces craintes étaient inégalement ressenties : elles s’atténuent évidemment quand la distance avec le site augmente, mais elles semblaient également moindres parmi la population native de la région, pour qui la création d’activités locales et d’emplois constituait un objectif important. Les oppositions venaient principalement des nouveaux résidents, qui ne travaillent pas sur place.

Un développement inattendu

Un groupe de suivi, ouvert à tous, a été constitué. Celui-ci a constitué un lieu d’échanges et de discussions permettant aux habitants des deux villages concernés de s’exprimer et d’émettre des recommandations quant aux conditions d’aménagement du projet. Au terme du calendrier de travail adopté par les membres de ce groupe de suivi, un guide d’implantation a été rédigé, déterminant le nombre et le positionnement des machines sur le site.

Conséquence inattendue de cette concertation locale, des habitants initialement opposants au projet ont finalement décidé de s’associer pour implanter eux aussi une éolienne sur le même site ! Le choix a donc été fait de réserver un emplacement à une éolienne coopérative, afin de permettre à des habitants de participer concrètement au projet et de bénéficier de ses retombées économiques.

Comment cette issue inattendue a-t-elle surgi ? La concertation a révélé qu’une partie des opposants était hostile au projet car elle estimait ne pas y avoir été associée, en subir les conséquences (dégradation du paysage principalement) sans bénéficier des retombées. Une partie importante des opposants a donc décidé de se rallier au projet à la condition d’y trouver une place en tant que contributrice.

Cette « sortie de crise » montre que l’issue d’une concertation est difficilement prévisible à l’avance. Elle montre aussi que derrière les arguments premiers opposés à un projet (la gêne occasionnée par les éoliennes), se cachent des besoins plus profonds (être associé aux projet locaux, en tirer un bénéfice, dans ce cas peut-être trouver des compléments de revenu à l’instar des initiateurs du projet…). Faire émerger ces besoins et les prendre en compte est possible grâce à l’écoute et à la création d’un climat de confiance au cours des échanges. Concevoir la concertation comme une opposition entre des arguments et contre-arguments ne permet pas de faire émerger de telles solutions inattendues.

L’issue est-elle idéale pour autant ? Si une partie des opposants a finalement adhéré au projet au point d’en devenir actrice, une autre partie a maintenu son opposition et a créé l' »Association de défense du Télégraphe », du nom du site du projet.

Le projet mis en oeuvre, une fin brutale

Les opposant devenus promoteurs du projet ont créé la SARL Avel Télégraphe, qui regroupe 22 personnes (agriculteurs, commerçants, retraités…). Ils ont créé la première éolienne coopérative en France (au Danemark, à l’époque, plus de 100 000 familles étaient membres de coopératives éoliennes).

Le projet a été validé par les conseils municipaux des communes concernées et la notice d’impact a été rédigée au fil des réunions. Le permis de construire pour 5 éoliennes a été accordé à la société SPEE (Saint-Thégonnec-Pleyber-Christ énergie éolien) durant l’été 2001 et les éoliennes ont été construites en 2002. Il s’agit de « petites » éoliennes (43 mètres de hauteur, pales comprises) achetées d’occasion aux Pays-Bas.

Tout fonctionne jusqu’en 2004, au moment où une pale se brise. D’autres incidents surviennent. L’association d’opposants au projet obtient l’annulation du permis de construire. Finalement, les éoliennes sont démantelées en 2011 (Source : le Télégramme).

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2000
  • Département concerné :
    29

Structure

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