Concertation pour les tortues marines

Démarche de concertation pour une réduction de l'impact de la pêche côtière sur les tortues marines en Guadeloupe

Ce projet se déroule en Guadeloupe sur 6 communes du sud de la Basse-Terre, où la pêche professionnelle côtière fait courir des dangers aux populations de tortues marines, notamment du fait de captures accidentelles par les filets de fond. Afin de préserver les tortues, l’association Kap Natirel développe des échanges entre le monde de la pêche, les acteurs de la protection de l’environnement et les administrations compétentes en matière de pêche, dans le but d’améliorer la protection des tortues marines tout en préservant les besoins des pêcheurs professionnels.

Les enjeux

Le territoire concerné par le projet est utilisé par des pêcheurs professionnels qui utilisent différents engins et techniques dans le cadre de leur activité, et par les activités de loisir nautique (plongée sous-marine, plaisance, scooters de mer, kayak, planche à voile, etc.).

Le projet vise à réduire le nombre des captures accidentelles de tortues marines, notamment dans les filets de fond. En effet, ces derniers sont reconnus par une enquête menée en 2003, comme étant les engins de pêche les plus impactants sur les populations de tortues, la pêche en général, étant l’activité causant le plus de mortalité directe sur ces dernières.

L’association Kap Natirel travaille depuis des années en collaboration avec des pêcheurs à diverses occasions. En effet, ayant été créée principalement pour répondre aux objectifs du Plan de Restauration des Tortues Marines des Antilles Françaises (PRTMAF), et une enquête ayant identifiée la pêche côtière aux filets de fond comme la plus importante cause de mortalité anthropique directe, il est naturel que Kap Natirel s’intéresse depuis sa création au milieu de la pêche. Une collaboration avait donc été mise en place de 2007 à 2009 entre Kap Natirel, l’Association des Pêcheurs du Sud Basse-Terre (APSBT) et l’Observatoire du Milieu Marin Martiniquais (OMMM).

Lors d’une étude, le constat a été fait, et partagé par les pêcheurs, que la mise au point d’engins de pêche expérimentaux est indispensable, mais nécessite en premier lieu une étude détaillée des caractéristiques, des techniques d’utilisation et du rendement de chaque engin.

Par ailleurs des rencontres avec des personnalités spécialistes de ces problématiques, dont le secrétaire général du Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins (CRPMEM) de Guadeloupe, le responsable scientifique du CRPMEM de Guyane, le directeur des Affaires Maritimes et des pêcheurs syndicalistes, ont participé à la naissance de l’idée de mise en place de ce projet, et à la définition des
sujets qu’il aborde.

Kap Natirel a donc souhaité lancer ce projet pilote afin d’engager un ambitieux processus de collaborations.

D’autres organismes se sont-ils impliqués localement sur cette même problématique ?

Objectifs du projet

1. La sensibilisation d’un plus grand nombre de pêcheurs aux questions de conservation et restauration des tortues marines et de l’ensemble du milieu marin côtier. L’objectif ici est qu’au moins 20 pêcheurs s’engagent à participer au projet.

2. L’amélioration des connaissances concernant les interactions entre la pêche professionnelle et les tortues marines. L’objectif ici est que sur l’année, au moins 2 mois de la saison de pêche au lambi (période d’utilisation maximale des filets de fond, entre octobre et fin janvier) soient renseignés sur les carnets « pêcheurs » et qu’un protocole de prise de notes, pour les futurs observateurs embarqués, efficace et optimal soit prêt à l’emploi à la fin de la période de mise en œuvre du projet.

3. La mise au point (théorique uniquement) d’un dispositif de prise en charge des tortues capturées et noyées dans les filets. L’objectif ici est d’obtenir un dispositif validé par le groupe de suivi et répondant à toutes les attentes exprimé dans l’état des lieux des besoins préalablement réalisé.

4. L’amélioration des connaissances concernant les techniques et collaborations mises en place sur d’autres territoires, et intéressantes pour l’amélioration du contexte guadeloupéen : recensement à l’international des techniques de pêches ayant une sélectivité intéressante et visant les mêmes espèces que la pêche guadeloupéenne aux filets de fond, et échange d’expérience avec d’autre projets collaboratifs. L’objectif ici est d’identifier au moins 4 pistes de réflexions Grâce à ce travail.

La réalisation de ces 4 points sera utilisée afin de démontrer aux administrations, aux ONG de protection de l’environnement et aux scientifiques que la pêche professionnelle n’est pas une profession fermée aux changements, et que les pêcheurs, lorsqu’ils sont sensibilisés et se sentent intégrés et écoutés, sont force de propositions en matière d’amélioration des pratiques pour une gestion plus durable de la richesse des écosystèmes qui les font vivre (et ainsi donner plus de poids à la suite de ce projet pilote).

Actions

Le projet comportera plusieurs volets :
– Accompagnement et formation des 2 pêcheurs habilités par la Préfecture à manipuler des tortues suite à une formation, qui joueront le rôle « d’ambassadeurs » de l’opération auprès des professionnels. Ils sont parties prenantes de toutes les étapes du processus et ont participé à la définition de ce projet et sont les premières personnes pressenties pour participer au comité de pilotage.
– Elaboration de carnets « pêcheurs » de comptabilisation du nombre de captures accidentelles de tortues et de tortues aperçues à la surface lorsqu’elles montent prendre leur respiration. Ces carnets seront distribués aux pêcheurs volontaires, sélectionnés lors des diverses rencontres.
– Elaboration du protocole de prise de notes des « observateurs embarqués » qui servira de base de réflexion pour mettre au point et tester des techniques et engins innovants.
– réalisation d’une plaquette sur la « technique de réanimation » des tortues noyées accidentellement, à partir d’un document produit en Guyane et qui doit être adapté et traduit en créole.

Les participants

Un « groupe de suivi et réflexion » (comité de pilotage) du projet sera formé de naturalistes et de pêcheurs volontaires. Parmi ces derniers, deux responsables d’une organisation de pêcheurs locaux participent activement. A terme, tous les pêcheurs volontaires pourront l’intégrer. Des représentants d’institutions locales y sont également conviés. Les réunions auront lieu dans chaque port de pêche des communes concernées.

L’essentiel des différentes étapes et actions du projet sont nées de discussions entre naturalistes et pêcheurs. Afin de continuer dans la même dynamique collaborative, l’essentiel des actions mises en œuvre seront discutées et donc coproduites, y compris le protocole de prise de notes, la plaquette sur la réanimation, la recherche et la sélection de techniques et d’engins de pêche.

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2011
  • Département concerné :
    97

Structure

  • Kap Natirel
  • Chemin de Poterie
  • 97114 Trois-Rivières
  •  
  • Personne contact: Caroline Cestor
  • 06 90 84 64 51