
Débat sur le thème de l’eau
Agriculteurs, élus et habitants prennent du recul sur un conflit passé.
Un groupe d’agriculteurs du pays de Fougères décide d’organiser un débat local sur la thématique de l’eau. Un bassin versant est en contentieux sur le pays, les agriculteurs réagissent et l’atmosphère est tendue. Le groupe Dialog’ décide de porter un regard sur l’histoire pour nourrir la réflexion actuelle : dans les années 1990 un conflit a eu lieu sur la même thématique.
Les éléments déclencheurs
Un groupe porteur d’une volonté de dialogue sur le territoire
Le groupe « Dialog’ sur le pays de Fougères », constitué de 7 agriculteurs et d’un artisan dresse les constats suivants :
– Le pays de Fougères vit l’arrivée de nombreux habitants qui ne connaissent pas l’histoire et la culture du pays. Celui-ci a une histoire riche de coopération et d’entraide qu’il faut arriver à transmettre.
– il n’existe pas de lieu où discuter, sans enjeux, du métier et de l’avenir du territoire. Il n’y a plus de lieu pour se faire une culture commune et les divergences s’accentuent entre habitants.
Ils décident donc d’organiser des rencontres-débats régulières et locales sur des thématiques touchant leur territoire et commencent par organiser deux débats sur la thématique de l’accueil des nouveaux arrivants.
Des élus en attente de dialogue
Les élus locaux sont invités à ces rencontres et sont séduits par la démarche. Ils rejoignent les envies du groupe et l’interpelle en lui demandant d’organiser un débat sur la problématique de l’eau.
Une situation tendue qui sent le « déjà vu »
Sur le Pays, un bassin versant est en contentieux européen. Les agriculteurs de la zone se sentent accusés et s’organisent pour réagir. L’ambiance est tendue et le conflit larvé. De ce fait, le groupe « Dialog’ sur le pays de Fougères » est dans un premier temps un peu réticent, car ses membres ne souhaitent pas porter un avis sur la question.
L’opportunité d’une étude sur le thème
Dans le cadre du projet national Dialog’, le territoire a été le site d’une étude sur le conflit passé touchant déjà la problématique de l’eau. Celle-ci met en valeur les conditions et les paramètres ayant menés à cette situation : identification des acteurs, identification de l’objet de conflit, reconstitution des échanges. Des parallèles sont facilement fait avec la situation actuelle et apparaissent comme un moyen d’aborder calmement la situation actuelle.
Les objectifs
L’objectif de l’action est de provoquer les échanges, de ne pas laisser la situation s’envenimer.
Les étapes
1. Retour sur le conflit passé
Le retour sur l’histoire s’appuie sur une étude diagnostic menée conjointement par Yvon Le Caro (géographe à l’université Rennes II), Julien Lenoir (stagiaire), Geneviève Pierre (géographe à l’Université d’Angers) et Cécile Bauer (animatrice à l’AFIP). Les étapes de sa réalisation ont été les suivantes :
– entretiens individuels réalisés auprès d’habitants, d’élus et d’agriculteurs ayant pris part – de loin ou de près – au conflit.
– recherche bibliographique permettant de retracer précisément l’origine du conflit (que l’on peut situer jusqu’en 1880) ainsi que les échanges entre acteurs.
– rédaction d’une monographie et mise en valeur des phases, des éléments-clés et des interrogations
– présentation des résultats au groupe
– discussion avec les chercheurs
Le groupe prend alors conscience de l’évolution des positions des acteurs, du passage de la lutte à la négociation, et notamment des retombées positives que le conflit a généré :
– il a accéléré la prise de conscience de la sauvegarde de l’environnement et a entraîné la co-construction de nouvelles normes agro-environnementales entre agriculteurs et écologistes,
– il a favorisé la prise en compte des intérêts des habitants par l’aménagement de chemins dans la campagne…
Le groupe prend également conscience des carences qui ont parfois accentué le conflit :
– manque d’animateurs
– absence de procédures de contrôle.
2. Préparation de la rencontre
La préparation s’est faite avec M. Le Caro, dans la suite de la présentation et des échanges. Le déroulement de la soirée est conçu suite à l’explicitation des objectifs. La participation active du public est souhaitée, pour cela l’étude est présentée assez rapidement en appuyant sur les questions soulevées et les paroles récoltées. Des extraits des entretiens sont choisis pour illustrer au mieux les différents points de vue.
3. Débat local
La présentation de l’étude et des questions soulevées est suivie de l’expression des opinions des acteurs de l’époque présents à la rencontre. Grâce à une discussion en petits groupes, chacun peut s’exprimer. Le choix de petits groupes thématiques sur les différents usages de l’eau permet de pointer les enjeux du territoire sur ce sujet. Les participants prennent alors conscience des différents points de vue possibles sur cette question. En plénière et lors de la conclusion, est organisée la présentation des réflexions menées dans les groupes
Les partenaires
Les organisateurs : l’Université Rennes II,. l’AFIP Bretagne
Les participants : le Groupe Dialog’ sur le pays de Fougères, les agriculteurs, les habitants du pays de Fougères et des élus.
Les résultats
Plusieurs acquis ont été relevés par les participants à l’expérience :
– Une meilleure connaissance de l’histoire
– Une mise en valeur des facteurs, des éléments nécessaires au dialogue
– Une prise de recul par rapport aux problèmes actuels
Les difficultés et les limites
Les principales difficultés ont été les suivantes :
– Difficulté à mobiliser les acteurs locaux. Plusieurs pistes d’explication peuvent être citées : mauvais choix de la date, manque de visibilité et de marge de manœuvre dans le contexte actuel où les acteurs ne sont pas tous locaux mais également nationaux voire européens.
– Difficulté à sortir du monde agricole. Tout comme le conflit qui a tendance à rester confiné au monde agricole, le public est resté très agricole.
– Difficulté à sortir du discours consensuel sur l’importance de la protection de la ressource en eau.
‘absence de certains acteurs du conflit actuel nous a mené à dresser une conclusion peu opérationnelle qui ne fait pas ressortir ce qui, à la lumière du passé, pourrait être réalisé aujourd’hui. Nous avons donc replongé dans des réflexions plus globales sur l’importance de la protection de la ressource.