Construction participative d’un parcours original de valorisation des savanes

La naissance du Chemin des savanes en Guyane

Les savanes de Guyane sont rares, menacées et uniques d’un point de vue environnemental, historique et culturel. Au sein du programme LIFE+ CAP DOM porté par le GEPOG en Guyane, une action de valorisation était préfléchée par un sentier de randonnée vtt et un observatoire. Or, cette proposition a été considérée comme non pertinente par le comité de suivi qui suivait ce projet depuis 2011. Les savanes étant depuis longtemps considérées comme des espaces vides et hostiles, leur valorisation se devait d’être originale et adaptée au contexte local.

C’est pour ces diverses raisons qu’en 2013, le GEPOG a fait la proposition à la commission Européenne de faire des ateliers participatifs pour rechercher un moyen de valorisation plus adapté, et de le mettre en œuvre. Le comité de suivi a alors décidé de constituer un groupe de travail sur le sujet, et de l’ouvrir aux habitants des communes de Sinnamary et Iracoubo. Ceux-ci ont été recrutés par voie de communication (flyer, affiche, article dans la gazette de la mairie, etc.) et par une anthropologue ayant fait au préalable, pour le GEPOG, une enquête de perception des savanes par entretien auprès des habitants.

Les acteurs

Le pilote du projet: le GEPOG

Les participants : les acteurs professionnels (ONF, Conservatoire du Littoral, DEAL-Guyane, agents des mairies concernées, associations, Parc Naturel Régional de Guyane, une anthropologue) et les habitants liés aux savanes de Sinnamary et Iracoubo. Les deux entreprises sous-traitantes en charge de la mise en œuvre ont également organisé deux ateliers.

Un partenaire : le GRAINE Guyane

Les moyens

L’ensemble des participants s’est impliqué de façon bénévole.

Les mairies ont mis à disposition gratuitement salles, tables et chaises et ont assuré la communication gratuitement.

L’animation se faisait par :

  • un animateur dédié du GEPOG ;
  • un salarié « soutien » du GEPOG qui prenait les notes et les photos, était garant du timing global et du timing des ateliers et aidait ponctuellement l’animateur en cas de besoin (tensions, blocages, déviements du sujet…) ;
  • des animateurs supplémentaires sur deux ateliers, venus bénévolement du GRAINE-Guyane et du bureau d’études Kalitéo-environnement ;
  • des sous-traitants dans le cas des ateliers de mise en œuvre.

Le budget et le temps de travail prévus initialement ont été doublés.

Un contexte de concertation

Le projet global était déjà organisé autour d’instances de concertation :

  • un comité de pilotage regroupant le GEPOG, la DEAL-Guyane et la Région, qui suivait tous les volets du programme LIFE dont le volet savanes, de 2011 à 2015 ;
  • un comité de suivi du volet savanes regroupant le GEPOG, la DEAL-Guyane, les mairies de Sinnamary et Iracoubo, le Conservatoire du Littoral, l’ONF, le Parc Naturel Régional de Guyane, une anthropologue et l’association SEPANGUY, qui suivait toutes les actions du volet savanes, de 2011 à 2015.

La présence de ces instances a largement facilité le processus de participation, car les acteurs étaient déjà mobilisés sur le sujet et se sont auto-saisis pour créer un groupe de travail.

Les objectifs

  • prendre en compte les recommandations d’intégration de la composante humaine dans tout projet sur les savanes ;
  • se laisser le champ libre pour « inventer » une action de valorisation « sur mesure » pour les savanes de Sinnamary et d’Iracoubo ;
  • intégrer les nouvelles connaissances écologiques et anthropologiques issues du programme ;
  • donner la possibilité aux populations locales de prendre part aux discussions et décisions.

 Les étapes

  • déterminer quels sont les grands objectifs auxquels un projet de valorisation des savanes devrait répondre ;
  • identifier les outils permettant de répondre à ces objectifs ;
  • élaborer des propositions de valorisation des savanes aux mairies des deux communes pour fin 2014 ;
  • mettre en œuvre les propositions pour septembre 2015.

schema

Deux ateliers avec les enfants du village amérindien de Bellevue sur la commune d’Iracoubo ont été réalisés en animations extra-scolaires en parallèle des ateliers 5 et 6, et un septième atelier (atelier « Bilan ») a pu être réalisé après la fin du projet grâce à un financement complémentaire, en cctobre 2015.

La méthodologie

La programmation des ateliers et les objectifs ont été présentés et validés par tous dès le premier atelier.

Un atelier a été programmé tous les deux mois, à jour fixe, les mercredis matins. Les dates et lieux étaient définis ensemble à chaque fin de réunion, pour la réunion suivante. Au départ, les ateliers avaient lieu à la Maison de la Nature de Sinnamary, située entre les deux communes. Par la suite, ils ont eu lieu dans des salles mises à disposition par les communes pour faciliter la venue des participants et assurer un équilibre entre les deux communes.

Pour chaque rencontre, une attention a été apportée à la convivialité : petit déjeuner par un traiteur local ou apporté par le GEPOG, disposition en cercle des tables et chaises, temps de pause conséquents, utilisation d’outils d’animation « brise-glace » au début des réunions pressenties complexes…

Lors des premiers ateliers, la constitution des groupes pour le travail en sous-groupes s’est faite par tirage au sort, afin d’obliger le mélange des participants et ainsi éviter les « groupes par affinités ».

Afin de libérer la parole, les comptes-rendus des ateliers n’étaient pas diffusés en dehors des participants jusqu’au moment de la proposition d’actions finale faite aux mairies et au Conseil d’Administration du GEPOG.

Les outils

Métaplan, boule de neige, world café, brainstorming, cartographie participative, vote indicatif, buller, Succès Échecs Potentialités Obstacles, etc.

Résultat

Le Chemin des savanes, inauguré en Septembre 2015, est un parcours de découverte des savanes sur la commune de Sinnamary, qui se fait en voiture et à pied, accompagné d’une application mobile. Un mobilier public est positionné stratégiquement sur des points thématiques, et des montages sonores (témoignages, musiques, contes, sons d’ambiance et de faune) ponctuent le parcours.

Éléments de bilan

Points forts ou réussites

  • la démarche participative a été un levier pour des actions adaptées et portées par tous ;
  • il y a eu une implication des participants, même au-delà des ateliers (avec un travail et des productions personnelles entre les ateliers, un soutien à la mise en œuvre concrète…) ;
  • les participants ont été eux-mêmes des leviers pour la participation d’habitants, d’enfants, d’anciens, de chefs coutumiers aux enregistrements du parcours sonore ;
  • le résultat est une action de valorisation originale et adaptée.

Points faibles ou difficultés/limites perçues

  • la construction commune d’actions est une approche qui s’inscrit dans un laps de temps incompressible et souvent long (plus de deux ans dans le cas de ce projet) ;
  • pour que la participation donne envie de s’engager, il faut 1) des enjeux véritables (qui soient incarnés par les participants), 2) des pouvoirs réels, 3) un sentiment d’utilité, 4) une charge de travail supportable par tous, 5) créer une dynamique de groupe et 6) vaincre la peur de s’impliquer. Répondre à tous ces points simultanément et sur la durée est un réel challenge ;
  • les outils et méthodes ainsi que la posture d’animateur/accompagnateur nécessitent une formation ou un accompagnement.

Quelques chiffres

Un projet qui a pris de l’ampleur : le budget a été doublé, deux nouvelles sources de financement ont dû être trouvées,  il y a eu 27 participants dont 10 structures impliquées sur 7 ateliers (sans compter les ateliers « enfants »), représentant 2 ans de travail et ayant impliqué 5 entreprises sous-traitantes.

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2013
  • Département concerné :
    97

Structure

  • GEPOG Association
  • 15 Avenue Pasteur
  • 97300 Cayenne
  •  
  • Personne contact: Anna Stier
  • 05 94 29 46 96