
Concertation pour un pôle maraîcher biologique.
Concertation pour la mise en œuvre d'un pôle maraîcher biologique à Brétigny-sur-Orge
Brétigny sur Orge est situé dans un secteur de l’Essonne en fort développement. De nombreux aménagements (zones d’activités, logements) se sont fait au détriment des surfaces agricoles et naturelles. Rares sont désormais les espaces ouverts suffisamment importants pour assurer le développement d’activités agricoles pérennes et pour offrir aux habitants un cadre de vie agréable.
Suite à une restructuration de sites du Ministère de la Défense, les militaires vont quitter la base aérienne de Brétigny sur Orge en 2012, libérant une partie des 740 ha de foncier occupé, dont une partie agricole louée par l’INRA, des pistes bitumées, des bâtiments militaires Des projets d’urbanisation ont été évoqués, mais ils sont de nature à remettre en cause le corridor écologique existant entre la forêt de Fleury-Mérogis, la Base aérienne de Brétigny sur Orge et le plateau agricole de Vert le Grand.
Parallèlement à ce constat, l’agriculture biologique francilienne reste peu développée (moins de 1% de la Surface Agricole Utile soit le 19ème rang des régions françaises) alors même que l’Ile-de-France est la première région consommatrice de produits biologiques. C’est pourquoi la SAFER juge opportun d’assurer la protection des espaces ouverts de ce site par une reconversion vers des activités agricoles innovantes et de proximité. Dans les années 70, un lotissement maraîcher avait été mis en place à Périgny sur Yerres (94) ; fort du succès de cette expérience et des attentes de la société, le projet consiste à installer sur la base aérienne de Brétigny un projet similaire. Cela permettrait de développer l’agriculture biologique, de préserver les continuités écologiques existantes, de protéger des espaces ouverts dans un secteur fortement soumis aux pressions foncières et de mettre en œuvre des circuits alimentaires courts ou de proximité.
Afin de construire ce projet, il est apparu nécessaire d’associer les partenaires et organismes compétents en matière d’agriculture, de portage foncier, de recherche de porteur de projets en agriculture biologique. La SAFER de l’Ile de France a donc constitué avec la Chambre Interdépartementale d’agriculture un groupe de travail visant à édifier un projet cohérent et adapté aux contraintes du site. Les organismes et établissements participant sont les suivants : Groupement des Agriculteurs Biologiques d’Ile de France, Conseil Régional, Agence des Espaces Verts, Conseil Général.
Le travail engagé a permis de réaliser une présentation du projet s’adressant à l’ensemble des acteurs locaux (élus, associations de l’environnement, associations de riverains) et qui servira de base à la phase de concertation qui doit permettre d’associer l’ensemble des acteurs du territoire au projet.
Les objectifs du projet sont donc :
– le développement de l’agriculture biologique et la préservation des espaces agricoles et naturels
– l’élaboration d’un projet concerté de développement local ayant reçu l’aval des collectivités territoriales et des acteurs locaux (agriculteurs, associations)
– la création d’emplois, l’approvisionnement local, les échanges agriculteurs-consommateurs, l’augmentation des volumes commercialisés en produits biologiques, notamment à destination de la restauration scolaire.
Actions
Plusieurs rencontres ont été réalisées avec les élus locaux, les associations locales (association de défense de l’environnement, association de riverains) et les agriculteurs locaux pour voir dans quelle mesure ces derniers peuvent être associés au projet. Des rencontres sont également prévues avec les porteurs de projets potentiels souhaitant s’installer sur le site.
La concertation apparaît comme un processus de construction collective, qui peut s’exprimer en termes de visions, d’objectifs, de projets communs, en vue d’agir ou de décider ensemble. Elle dépasse le champ des opérations d’information et de communication par une mise en perspective d’une participation de différents acteurs. Il s’agit d’un processus, qui peut passer par des phases de négociation voir de tensions en vue d’instaurer un dialogue et un référentiel commun dans l’action. Quoiqu’il en soit, c’est bien de l’orientation coopérative du processus qui est visée. Les phases possibles d’un tel processus sont les suivantes :
1) Une première phase de définition du concept. Il s’agissait en effet d’ouvrir le dialogue par le rapprochement de différentes catégories d’acteurs techniques en amont, notamment des acteurs associés à l’agriculture pour un premier portage politique et technique du projet : Direction régionale et interdépartementale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt d’Ile-de-France, Conseil Régional d’Ile-de-France, Chambre d’agriculture interdépartementale d’Ile-de-France, Réseau des AMAP, Groupement d’Agriculteurs Biologique d’Ile-de-France, Maison de l’élevage Ces différents acteurs n’ayant pas forcément l’habitude de travailler ensemble, il existait néanmoins un accord global sur les objectifs du projet (développement de l’agriculture biologique sous forme de « pôles ») d’autant que plusieurs études avaient abondé dans ce sens. En termes de contenu du projet cependant, tout l’objet du travail a été d’aboutir à un premier consensus, qui puisse répondre aux contraintes techniques du site (potentiel agronomique, circulations) pour proposer différents systèmes d’exploitation et modes de commercialisation envisageables. Un deuxième travail, mené en parallèle avec les différents acteurs de ce groupe technique, a consisté en une approche auprès des élus du secteur pour les sensibiliser à cette idée de projet. Leur accueil a parfois été mitigé, certain d’entre eux affichant clairement l’objectif d’urbaniser la zone. Les associations locales ont aussi été rencontrées (Essonne Nature Environnement, Vert le Grand Nature Environnement, ADEMUB (Association de Défense de l’Environnement et de Maîtrise de l’Urbanisme de Brétigny), APPACE » (Association Pour le Plateau Agricole du Centre-Essonne). L’objectif de cette première phase a donc été de préparer une catégorie d’acteurs au dialogue, de les rassembler autour d’une action potentielle, afin de créer les conditions favorables à l’émergence d’une ou plusieurs concertations. Il s’agissait également de se construire une position commune pour l’investir dans un rapport de force, notamment politique.
2) Proposition d’un support de dialogue. Cette phase consiste à élaborer des documents sur l’opportunité d’un projet, issus de la première phase de définition du concept préalable avec le concours de l’ensemble des partenaires précités. Une phase d’étude par des architectes et paysagistes devra déboucher sur une illustration du projet, qui constituera un support pour une mobilisation des acteurs (élus, associations, habitants).
3) Appuyer la consolidation du processus : l’élargissement vers de nouvelles catégories d’acteurs. Suite aux 2 premières phases, qui ont associé un nombre réduit d’acteurs, il s’agit d’étendre le processus vers de nouveaux élus locaux. Afin d’associer les acteurs du territoire à la démarche, de leur faire partager les enjeux du pôle maraicher, de recueillir et intégrer leurs attentes, la SAFER de l’Ile-de-France propose la mise en place d’au moins cinq ateliers de travail, par exemple autour des questions suivantes :
– Quels arbitrages par rapport aux modes de production et de commercialisation proposées ?
– Quels usages et cohabitations envisagés sur le site ?
– Quelles interactions avec le tissu socio-économique local ?
– Quelle gestion intégrée du site ?
4) L’essaimage du projet global en microprojets
Chaque projet ultérieur d’installation et d’organisation du site seront eux même des plates-formes de concertation entre les parties prenantes, selon les projets retenus en phase précédente.