Environnement et habitat social en Franche-Comté

Concertation pour et par l'environnement dans les quartiers urbains d'habitat social.

Les populations dites « sensibles » ou « fragilisées » restent souvent à l’écart des actions d’éducation à l’environnement. Or, ces actions peuvent contribuer à créer des liens entre les habitants et accroître la capacité de chacun à faire des choix et à construire des propositions, rendant ainsi les citoyens plus autonomes et leur donnant un pouvoir d’agir sur leur quotidien, individuellement et collectivement. Alors, comment l’éducation à l’environnement peut-elle, en milieu urbain, devenir un outil de cohésion sociale ?

Cadre de vie et cohésion sociale

C’est autour de cette question que se sont réunis, à partir de 2008, les CPIE de Franche-Comté et quatre collectivités pilotes. Pour les CPIE, dont l’éducation à l’environnement fait partie des missions et qui ont acquis des savoir-faire dans le domaine du dialogue territorial, la question est pertinente. Pour les collectivités concernées, il est urgent de s’intéresser à une population de plus en plus marginalisée afin d’améliorer la cohésion sociale sur le territoire et dans cette perspective, l’éducation à l’environement peut constituer une entrée.

A l’origine du projet, quatre objectifs  ont été fixés :

  • Favoriser une dynamique entre la population, les bailleurs sociaux et les institutions pour la mise en place d’espaces de dialogue et de concertation.
  • Favoriser l’engagement des habitants au travers des structures locales pour permettre leur expression et leur participation sur les thématiques environnementales du projet de quartier.
  • Développer et pérenniser les comportements éco-citoyens.
  • Favoriser l’émergence d’actions et d’évènements sur des problématiques environnementales.

Des professionnels sont invités à participer à ce projet : la Ville et la communauté d’agglomération, les bailleurs sociaux, les travailleurs sociaux, les associations de quartier, les associations de la ville et de la région susceptibles d’intervenir dans le projet.

Le projet a été rendu possible grâce à un financement de l’Europe, de la Fondation de France, des quatre collectivités concernées et un auto-financement des quatre CPIE.

Les étapes

Quatre étapes ont été définies dès l’origine du projet :

  1. Diagnostic préalable sur un quartier d’habitat social de quatre villes de Franche-Comté (Saint-Claude, Lons-le-Saunier, Vesoul et Novillars). Après un premier contact avec les élus, il s’agit d’identifier l’existence (ou l’absence) d’espaces de dialogue et de concertation entre habitants de quartiers d’habitat social et de mesurer si les acteurs locaux sont engagés ou non sur le dialogue environnemental. Ce diagnostic de terrain vise également à identifier le rapport des habitants aux problématiques environnementales, d’analyser la façon dont ils perçoivent le projet et leur implication future et d’identifier des personnes ressources. Cette étape de diagnostic (engagée en 2010-2011) est une étape de sensibilisation des acteurs locaux (régie de quartier, centres sociaux) et des habitants.
  2. Dialogue avec les acteurs locaux et la population des quartiers. Il s’agit d’élaborer un dispositif de concertation et de l’animer afin de faire émerger des pistes d’actions engageant les partenaires locaux et la population.
  3. Définition d’un programme d’actions. Les éléments issus de la phase de concertation débouchent sur des cahiers des charges des actions, avec en parallèle une mobilisation de partenaires techniques et financiers.
  4. Evaluation qualitative de l’expérimentation.

Les réalisations

Dans le quartier Chabot à Saint-Claude, le diagnostic engagé en 2010 a mis en évidence les attentes des habitants envers l’espace public : gestion des déchets et création des nouveaux espaces de nature : jardin, fleurissement, accès à la forêt. En s’appuyant sur le comité de quartier, une mobilisation des habitants a été engagée, mais elle s’est malheureusement étiolée au fil du temps, les participants évoquant des raisons de disponibilité (gardes d’enfants, travail, etc.). C’est l’aménagement d’une place qui finit cependant par être priorisée. C’est alors que l’Office public d’habitat (OPH) fait part de son intention de démanteler le quartier à moyen terme, ce qui rend quasiment impossible tout projet d’aménagement et de rénovation du quartier.

Dans le quartier de Montmarin à Vesoul, les entretiens menés font ressortir une grande diversité de préoccupations des habitants et notamment envers le chômage, la petite délinquance ou encore le manque de considération, autant de problèmes hors de portée du projet. Deux réunions de travail avec les habitants et les commerçants (12 personnes au total permettent de définir des priorités plus pragmatiques : les déchets, la circulation sur la place, le cadre de vie en général et les relations entre les différents acteurs du site. Finalement, quatre fiches-actions sont rédigées, dont trois concernent la place commerciale du quartier :

– Améliorer la circulation sur la place

– Favoriser la propreté sur la place et aux abords

– Améliorer l’aspect de la place

– Favoriser les échanges entre les habitants du quartier, améliorer les relations

A Novillars (dans la Communauté d’Agglomération du Grand Besançon), le CPIE a pu réaliser plusieurs actions (animations, stands, journées thématiques…) à l’issue de l’accompagnement, dont la réalisation d’un plan d’interprétation de la commune en 2013, donnant lieu à la mise en place dès 2014 d’un sentier pédagogique et d’interprétation « En chemin avec Pliô », en partenariat avec la commune de Novillars, l’agglomération de Besançon et un ensemble d’acteurs et partenaires associatifs et privés locaux, « avec et pour » la population. L’itinéraire, destiné aux visiteurs extérieurs et aux locaux (public familial) et en connexion avec la voie verte le long du Doubs, traverse volontairement plusieurs territoires et quartiers de la commune afin de permettre de mieux la découvrir dans son ensemble (son patrimoine naturel, industriel, bâti, humain, forestier, culturel…) et contribuer ainsi (surtout) au lien social : que les gens se croisent, se découvrent, se parlent…

Plusieurs stations ponctuent le sentier et le visiteur qui dispose à son départ d’une feuille de papier, est interpellé par des médias ou jeux extérieurs. Pour aborder les thématiques retenues (validées en comité de pilotage, associant la population), le visiteur est plongé dans un univers imaginaire mais en lien avec les potentiels identifiés de la commune. Un personnage, Pliô – l’oiseau de papier, guide le visiteur le long du sentier et sollicite son aide pour retrouver sa forme initiale : celle d’un origami (cocotte en papier). Il s’agit d’un projet identifié comme porteur pour la population (valorisation d’un patrimoine commun, voire partagé, ouverture vers l’extérieur) qui a nécessité un dialogue entre la collectivité, les partenaires et les habitants, contribuant à un sentiment de projet partagé et d’appropriation locale (malgré il est vrai quelques dégradations ponctuelles au fil des années).

Dans  le Parc Antier à Lons le Saunier, la concertation conduite en 2011 avait conclu à un véritable potentiel pour ce site. Habitants, associations et collectivité étaient en accord pour une valorisation sociale et environnementale. Les aléas politiques, stratégiques et techniques ont mis en veille ce dossier pendant quelques années. Aujourd’hui le projet renait et est porté par l’association Jura Nature Environnement qui a pour intention d’implanter ses bureaux sur le parc d’ici 2020 et d’engager le programme de réhabilitation de l’espace : sauvegarder les collections botaniques, prendre en compte de la biodiversité sauvage mais aussi penser les nouveaux usages pédagogiques, militants, partenariaux… telle est l’ambition du projet.

Fiche mise à jour en 2018 à partir d’informations fournies par le CPIE du Haut-Doubs et le CPIE Bresse du Jura.

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2008
  • Département concerné :
    25

Structure

  • CPIE DU HAUTS-DOUBS
  • Maison de l'environnement et du patrimoine de la Vallée du Drugeon, 8 rue Charles le Téméraire
  • 25560 La Rivière Drugeon
  •  
  • 03 81 49 82 99