Préservation des prairies communales.

Les prairies communales ont une forte identité culturelle et biologique. Elles concernent le plus souvent les parties les moins productives du territoire d’un point de vue agronomique c’est à dire les terrains inondables ou à forte pente… Pour ces raisons, les communes en sont devenues propriétaires. Cela en fait à contrario des zones à enjeu biologique particulièrement important : sites de reproduction pour les amphibiens, d’alimentation et de nidification pour les oiseaux (Vanneau huppé..), pour les papillons… Certains de ces milieux font d’ailleurs partie des sites désignés en Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Floristique et Faunistique (ZNIEFF) depuis une vingtaine d’années (communaux de Périgné, Sansais…).

Les enjeux

D’un point de vue culturel, ces sites ne sont pas valorisés en Deux-Sèvres alors qu’ils constituaient autrefois un élément majeur de la vie de communes rurales.

Malheureusement, avec la mutation profonde de l’agriculture française, ces milieux disparaissent progressivement pour faire place à des cultures, zones de loisirs… d’où une perte de leur intérêt historique, paysager et naturel. Ce phénomène passe relativement inaperçu car la population se désintéresse parfois du passé de son territoire. Dans le pays Mellois, 11 des 18 communes qui possédaient des communaux lors de la deuxième moitié du XIXe siècle les ont perdus. Plusieurs ont fait l’objet d’une reconversion en cultures sur tout ou partie de leur surface lors de la deuxième moitié du XXe siècle. Ainsi, malgré l’opposition de l’association DSNE et en dépit de la présence d’une ZNIEFF, les 85 ha du « communal des Prérault » à Périgné ont été totalement transformés en cultures il y a une vingtaine d’années. malgré la présence d’espèces et milieux très menacés voire protégés (Sonneur à ventre jaune, Râle des genets, Gratiole, Gentiane…).

Dans 5 communes du Mellois, 4 sites représentant au total quelques 500 hectares à dominante prairies sont convoités par les céréaliers et risquent d’être détruits à terme. Il n’y a actuellement pas de conflit ouvert sur l’utilisation de ces espaces. Par contre, il risque de naître lors du travail sur ce projet. Dans un premier temps, il s’agira de faire le point, sur ces sites pilotes, sur l’évolution de ces communaux, leur intérêt biologique et culturel. Ensuite, un travail sera mené pour élargir cette vision à l’échelle départementale et mettre en place des outils pédagogiques et de protection sur les 4 sites pilotes.

Les étapes prévues du projet sont les suivantes

1. Diagnostic biologique et de sensibilisation
– Intérêt biologique et état des lieux de l’état de conservation des quatre sites pilote
– Réalisation d’une animation nature grand public sur chaque site

2. Diagnostic culturel
Recherche de 15-20 personnes à interroger sur 6 communes pour une enquête ethnographique sur le thème des communaux : entretiens et enregistrements sonores, numérisation et traitement documentaire des enregistrements

3. Concertation
– Recensement et contact de tous les acteurs (agriculteurs, élus, associations communales de chasse…)
– Définition de leurs intérêts et objectifs autour des communaux
– Mise en commun des prescriptions, recommandations, synthèse des enjeux
– Communication : au moins une réunion publique et une rencontre des élus de chaque commune, remise d’un dossier de synthèse à chaque conseiller municipal des communes pilotes

4. Mise en œuvre des outils de valorisation et de gestion
– Elaboration d’un plan de gestion et de valorisation des quatre communaux
– établissement d’un calendrier de travaux d’entretien et de restauration
– Synthèse des aides financières disponibles pour chaque type d’action de gestion
– Communication : établissement et mise en route d’un programme pédagogique auprès des écoles de chaque commune, articles de presse et bulletins municipaux, animations grand public…

5. Elargissement : diagnostic et sensibilisation sur le reste des Deux-Sèvres
– Enquête auprès de toutes les communes des Deux-Sèvres : localisation, utilisations, valorisation actuelle, demandes…
– Journée de restitution départementale, avec tous les acteurs concernés : place des communaux en Deux-Sèvres, intérêts culturels et biologiques, pistes et moyens pour leur préservation et valorisation…

Les acteurs concernés

• Les élus. Les communes sont propriétaires des sites, elles sont un interlocuteur incontournable de ce projet. Le Pays Mellois, co-porteur du projet, soutient l’association DSNE par la mise à disposition de leur chargé de mission « habitat, cadre de vie »
• Les agriculteurs : Les éleveurs sont intéressés pour pérenniser ces surfaces en prairies mais une médiation sera nécessaire autour de la gestion (dates de fauche, entretien/création de mares…) pour des raisons biologiques. Le principal besoin de médiation est à prévoir pour travailler avec la population d’agriculteurs céréaliers. Ce travail sur les prairies peut être perçu comme une remise en cause de leurs pratiques et de leurs exploitations, les terres pouvant par ailleurs être convoitées pour les cultiver.
• Les chasseurs : plusieurs des sites ont été mis en « réserve de chasse » par les Associations Communales de Chasse Agrées, partenaires importants pour connaître l’intérêt biologique et l’impact de l’évolution des pratiques sur les espèces.
• Le Centre d’Etudes, de Recherche et de Documentation sur l’Oralité en Poitou-Charentes et Vendée, association œuvrant pour la valorisation du patrimoine culturel régional.
• L’association Groupe Ornithologique des Deux-Sèvres et le Conservatoire des espaces naturels du Poitou-Charentes sont des partenaires techniques du projet.
• La population locale : la cassure entre le monde agricole et le reste de la population a entraîné un désintéressement de la part de cette dernière sur le passé voire même le devenir du territoire de leur commune en dehors des zones urbanisées. Ceci est d’autant plus net chez les néo-ruraux. La population d’ « origine », ne dispose pas d’assez de recul pour appréhender cette richesse culturelle et de faire en sorte de la pérenniser et donc de la valoriser. Ce projet permettrait donc de rapprocher ces deux catégories de population.

Ce projet permettra de donner du souffle à une dynamique autour de la préservation des prairies. Cette démarche amorcée en 2006 ne doit pas avorter car l’enjeu est de taille en termes de préservation d’espaces naturels remarquables et d’implication de la population. Ceci d’autant plus que les actions sur ces prairies innovent en la matière et promettent d’induire un effet « boule de neige » sur d’autres sites du Mellois voire des Deux-Sèvres. Trois des cinq communes concernées sont très intéressées et mobilisées dans ce sens, les deux autres restant à impliquer activement dans ce projet.

L’accompagnement de la démarche publique par les associations de protection de l’environnement assure une intégration optimale des enjeux environnementaux et contribue à la formation des agents communaux.