
Concertation locale et oiseaux de la Réunion et de Guyane
Concertation locale pour rendre compatible le développement socio-économique et la conservation d'oiseaux menacés de l'Ile de la Réunion et de Guyane
Les Collectivités Territoriales d’Outre-mer (CTOM) concentrent à elles seules plus de 98% de la faune vertébrée et 96% des plantes vasculaires spécifiques à la France, et abritent de nombreux oiseaux endémiques. Cependant, ce patrimoine remarquable est menacé et l’érosion de la biodiversité, notamment dans les Départements d’Outre-mer (DOM) est directement liée au développement économique et humain et aux menaces directes et indirectes qu’il génère (espèces introduites, croissance démographique entrainant des pertes d’habitats naturels, exploitations minière et forestière). Ces menaces pèsent particulièrement sur l’avifaune, et les leviers adéquats de conservation de cette biodiversité font défaut.
Intégrer la préservation du patrimoine naturel dans les activités socio-économiques, faire de la richesse ornithologique un outil de développement local et développer l’appropriation collective de ces enjeux sont fondamentaux pour l’avenir.
Le projet vise à construire, en concertation avec les acteurs professionnels et institutionnels concernés (aux contraintes à priori opposées), des outils inédits de gestion conservatoire et de prise en compte dans l’aménagement et le développement socio-économique des territoires de 3 espèces d’oiseaux menacées et patrimoniales de Guyane et de La Réunion.
Les objectifs
Les objectifs opérationnels de cette action sont :
– Diminuer l’impact des éclairages urbains sur le Pétrel de Barau à La Réunion
– Limiter les causes de mortalité d’origine anthropique du Busard de Maillard à La Réunion, en particulier les collisions avec les câbles aériens, le braconnage et l’empoisonnement indirect
– Intégrer aux activités d’exploitation minière et forestière la protection des principales colonies de Coq de roche orange en Guyane
Partenaires
Ce projet est conduit en partenariat avec
– Le Parc national de La Réunion
– Le GEPOG ; Groupe d’Etude et de Protection des Oiseaux de Guyane – qui a pour objectif historique principal la découverte, l’étude et la protection des oiseaux et de leurs biotopes en Guyane
– La SEOR – Société d’Etudes Ornithologiques de la Réunion- dont le but est de promouvoir l’étude, la conservation et la connaissance de l’avifaune et des milieux dont elle dépend, à la Réunion et dans l’Océan Indien occidental.
Dans ce projet, la LPO est positionnée comme porteuse et coordinatrice des actions pour trois acteurs ultra-marins. La SEOR, avec l’appui du Parc national de La Réunion et le GEPOG constituent les acteurs locaux opérationnels et légitimes du projet
Trois processus de concertation sont conduits, pour répondre aux trois objectifs exposés ci-dessus :
I. Réduction de l’impact des éclairages sur le pétrel de Barau
Une des principales menaces pour cette espèce est l’éclairage public, qui provoque l’échouage de 400 à 800 jeunes pétrels chaque année. Le travail de concertation est donc conduit avec un réseau d’acteurs pluridisciplinaire qui rassemble les institutions en charge de la gestion des infrastructures lumineuses, les représentants des communes de l’Ile, les représentants des corps de métier concernés ; électriciens, architectes, urbanistes ; des représentants des habitants et des gestionnaires d’espaces naturels dont le Parc national. L’objectif de cette plateforme est d’aboutir à la co-construction d’un « Guide technique de procédures pour la réduction de l’impact des éclairages urbains » qui comporte une série de dispositifs à mettre en œuvre sur le terrain, dispositifs pensés, budgétisés, testés et validés par les participants. Une opération intitulée « Nuit noire », permet de sensibiliser le grand public à ces menaces liées à l’éclairage nocturne.
II. Plan de protection du Busard de Maillard ou papangue
Le Busard de Maillard est l’unique rapace de l’Ile de la Réunion. Il est considéré comme « en danger » du fait de trois principales causes : les tirs illégaux, les empoisonnements secondaires par consommation de rats empoisonnés et les fractures dues à des collisions avec les câbles électriques. Afin de diminuer en amont ces causes de mortalité d’origine anthropique, une plate-forme rassemblant les acteurs socioprofessionnels concernés est constituée et animée par la SEOR et le Parc national de La Réunion. L’objet du processus de concertation engagé est de programmer la protection de lignes électriques, de réaliser un suivi du nombre de procès verbaux et d’affaires juridiques traitées et d’établir des recommandations pour le public utilisant des poisons contre les rats.
III. Une Charte multi acteurs pour la protection du Coq de roche orange en Guyane
Le Coq de roche orange est menacé par des activités anthropiques : activité minière, activité forestière et déforestation sauvage, braconnage, dénichage. La protection effective et durable des sites nécessaires à la pérennité de l’espèce nécessite donc d’intégrer la conservation du Coq de roche orange aux activités d’exploitation légales existantes, et d’impliquer préalablement à la prise de décision l’ensemble des acteurs professionnels concernés par la gestion de ces sites. Une autre limite à la protection de cette espèce réside dans les lacunes quant à la connaissance de leur localisation exacte et le nombre de couples présents.
Trois étapes caractérisent ce processus de concertation :
– Une phase d’acquisition de connaissance impliquant la population, les randonneurs et les communes par des enquêtes, voie de presse ou affichage. Cette phase aboutira à la production d’une cartographie.
– Une réunion de concertation avec les acteurs ayant une emprise sur les habitats prioritaires de l’espèce (entreprises minières, ONF, propriétaires privés, collectivités) afin de partager les connaissances acquises et de recueillir les perceptions des interlocuteurs et leurs contraintes.
– Une seconde rencontre pour définir de façon concertée les mesures de conservation à prendre pour assurer la pérennité des colonies du Coq de roche orange, aboutissant à une Charte de protection de l’espèce. Ce document contractuel comportera un cahier des charges pour les acteurs socio-économiques ciblés, spécifiant les mesures de protection auxquelles ils s’engagent, dont la non exploitation des grottes abritant les principales colonies de reproduction.