Acteurs pour la Garonne

Préservation des milieux humides et restauration de l'espace de mobilité de la Garonne dans le nord-toulousain

En bordure de la Garonne, fleuve appartenant au domaine public, les espaces riverains sont confiés ou loués à des personnes physiques ou morales pour des actions de préservation de la nature, des usages agricoles (grandes cultures, plantations de peupliers) ou industriels (carrières alluvionnaires). On y trouve également des usages de loisirs (chasse, promenade). Le projet « Acteurs pour la Garonne » porté par l’association Nature Midi Pyrénées (NMP)  vise à favoriser l’émergence d’un projet de territoire où les riverains élus ou agriculteurs s’organisent pour porter une gestion harmonieuse et améliorer à long terme le fonctionnement du fleuve et de ses milieux.

Les enjeux

L’association NMP gère différents espaces pour le compte de l’Etat. Engagée dès 1986 dans la protection de biotope du ramier de Bigorre (38ha), elle s’est ensuite penchée sur d’autres sites tels que les alluvions de Saint Caprais (2007, 35ha), de Miquelis (2008, 10ha), la Confluence de la Save (2007, 10ha), celle du Ger et de la Garonne (2009, 9ha) et enfin l’île de Merles (2016, 13ha) dans le Tarn et Garonne. Plusieurs plans de gestion se sont alors succédés[1].

Ces sites illustrent une mosaïque d’habitats fluviaux à forts enjeux écologiques et patrimoniaux. Leur gestion compte trois enjeux majeurs :

– un enjeu biodiversité avec la restauration de la continuité du corridor écologique (zones humides, ripisylve) ;

– un enjeu de qualité de l’eau lié à la restauration de la dynamique fluviale et du bon fonctionnement du fleuve, duquel découlera une meilleure fonctionnalité des zones humides et par voie de conséquence le meilleur moyen d’atteindre un bon état des eaux biologique et physico-chimique et à terme un meilleur état de la masse d’eau.

– un enjeu de développement et d’aménagement du territoire avec l’animation de projet regroupant les acteurs concernés par le projet : propriétaires, usagers, élus, associations, institutionnels…

Les acteurs

Les élus des Collectivités territoriales concernées se sont vite montrés enthousiastes pour participer au projet, notamment grâce à des bons antécédents de collaboration avec Nature Midi-Pyrénées et parce que cela rejoint leurs projets en termes de développement durable et de restauration de la qualité de l’eau. Les institutions comme l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, l’Agence française de la biodiversité (AFB), la DREAL, le Conseil Régional, la DDT et le SMEAG (établissement public territorial de bassin) soutiennent techniquement ou financièrement ces programmes.

Pêcheurs, agriculteurs riverains, associations de riverains, chasseurs, usagers et syndicats de rivières sont également associés.

Les relations entre les naturalistes de l’association NMP et les chasseurs se sont améliorées grâce à des efforts partagés de dialogue et des chantiers de nettoyage de sites organisés conjointement.

Le processus de dialogue

Les propriétaires fonciers ont été recherchés et contactés individuellement : une démarche chronophage mais qui a permis de rencontrer des personnes qui ne se seraient jamais déplacées dans le cadre d’une réunion. L’association NMP a profité de ces contacts pour expliquer les objectifs du projet, recueillir les besoins ou attentes de ces riverains. Elle a souvent bénéficié d’informations relatives à la Garonne d’autrefois (débordante, changeante, où l’on faisait paitre des troupeaux, pourvoyeuse de sable, ou encore site de lavoir…). Elle a constaté que les personnes n’avaient pas de vision globale du fleuve et de se sentaient plus parties prenantes de sa gestion. Elle a proposé d’acheter certaines parcelles de zones humides mais cette démarche s’est avérée peu fructueuse : une seule parcelle a été achetée, la pression foncière sur le nord toulousain étant très forte.

Des contacts ont également été pris avec les communes et deux syndicats de rivière, incités à rejoindre la démarche afin d’harmoniser les actions.

Les propriétaires et gestionnaires du site ont été invités à 5 réunions successives d’un Comité technique (Cotech) qui ont permis d’aborder divers sujets : quelles sont les zones prioritaires en termes d’actions ? Comment lutter contre l’érosion naturelle ? Qui peut acheter les terres à acquérir et avec quelles subventions ? Quelles solutions de gestion sont-elles possibles ? Etre acteur : pourquoi faire et comment ? Des visites sur le terrain ont été organisées ainsi que des ateliers thématiques.

Une lettre d’acteurs a été conçue et destinée à l’ensemble des membres du COTECH. Elle reprend les objectifs, explique la démarche, cite des exemples, fournit un calendrier et donne les contacts de l’animateur de projet. Elle a pour but de créer le lien entre les acteurs et de montrer l’avancement du projet.

Le bilan

Un bilan du projet a été dressé en 2014.

Il montre que le projet a permis d’établir un état des lieux foncier précis. Les multiples rencontres avec des acteurs diversifiés ont permis de mettre en évidence les besoins et attentes de chacun ; pour nombre d’entre eux, la reconquête de la Garonne passe par la réappropriation des sites naturels au profit des habitants et des terres arables pour les agriculteurs. Le besoin d’un espace de mobilité pour le fleuve n’est cependant pas partagé.

Ceci étant, les contacts établis au cours du projet ont créé une proximité avec un noyau d’acteurs qui ne demande qu’à poursuivre des actions de préservation sur ce territoire.

Si l’acquisition de parcelle s’est révélée décevante, la gestion de sites en berges de Garonne se révèle un moyen rapide et efficace, d’autant plus que l’outil Catezh Garonne est aujourd’hui performant sur ce territoire. Deux nouveaux plans de gestion et deux renouvellements, totalisant 92 hectares, ont vu le jour au cours du projet.

La bonne participation des agriculteurs s’explique, pour certains, par la recherche de terrains pour agrandir leur exploitation, ou par la crainte d’éventuelles contraintes supplémentaires. Un industriel du territoire a régulièrement participé. Quant aux habitants riverains, ils restent toujours difficiles à mobiliser. Seuls les riverains cumulant le rôle d’agriculteurs, forestiers ou engagés dans la vie politique locale sont participatifs.

L’appui de la CATeZH-Garonne

Les démarches volontaires de préservation des zones humides peuvent bénéficier d’un appui de la CATeZH-Garonne (Cellule d’assistance technique zones humides), qui est en elle-même un réseau multi-acteurs de concertation sur le territoire. Il existe des CATZH dans de nombreuses régions, elles visent à faciliter l’intervention des acteurs, qu’ils soient collectifs ou particuliers, pour préserver les zones humides en apportant conseils et accompagnement technique et scientifique aux propriétaires et aux gestionnaires, qu’ils soient collectivités territoriales, propriétaires privés ou agriculteurs. Elles ont été initiées par les Agences de l’eau et sont portées par des structures locales comme l’association NMP pour la CATeZH Garonne. Les lignes budgétaires de restauration des zones humides et en faveur de la biodiversité de l’Agence de l’Eau, de l’Europe et de la Région facilitent l’adhésion au réseau grâce à une prise en charge du coût de l’accompagnement technique et de l’animation du réseau de gestionnaires.

 

Fiche actualisée en 2018

[1] Voir les sites gérés par l’association : http://www.naturemp.org/-Nos-sites-en-gestion-.html

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2011
  • Département concerné :
    31

Structure

  • Nature Midi-Pyrénées
  • 14 rue de Tivoli
  • 31068 Toulouse Cedex
  •  
  • 05 34 31 97 32