
Trame « Vieux bois »
Concertation locale pour la mise en place d'une expérimentation sur 21 communes de l'Yonne
La forêt est une composante essentielle de l’activité économique dans le Morvan. L’augmentation de la demande en matériaux bois associée à l’âge global des peuplements arrivant à maturité laisse présager une forte augmentation du rythme d’exploitation dans les dix prochaines années.
Les enjeux
Afin de garantir le rôle multifonctionnel de la forêt morvandelle, notamment dans le maintien d’un cortège d’espèces patrimoniales (chauves-souris, coléoptères, oiseaux, lichens et bryophytes), il est impératif de prendre en compte les enjeux écologiques dans les itinéraires sylvicoles. Au sein de ces enjeux, ceux associés aux stades matures des écosystèmes forestiers sont parmi les plus sensibles à la gestion forestière : l’âge moyen d’exploitation ne permet plus de maintenir des arbres jusqu’à la sénescence complète et la mort, stades dont dépendent pourtant un tiers des espèces forestières à un moment ou à un autre de leur cycle de vie.
C’est pourquoi il est nécessaire de développer, au sein de la forêt de production, un réseau de vieux arbres et d’ilots riches en bois mort. Le PNRM souhaite ainsi expérimenter la mise en place d’une trame écologique « Vieux bois » à l’échelle des 21 communes de l’Yonne adhérentes au Syndicat Mixte ou en continuité territoriale directe.
Les parties prenantes concernées par ce projet sont donc : les communes forestières, les propriétaires forestiers privés, les experts forestiers, les coopératives forestières, les agents ONF.
Les objectifs du projet
Ce sont les suivants :
- améliorer et pérenniser l’état de conservation de populations d’espèces remarquables
- expérimenter des actions innovantes qui pourraient par la suite être étendues à l’ensemble de son territoire
- renforcer le partenariat entre les différents acteurs de la forêt
Les actions
Les objectifs seront déclinés en plusieurs actions qui porteront sur
- l’amélioration des connaissances par la réalisation d’études et la communication des résultats aux parties prenantes
- la protection de populations (espèces animales ou végétales) par la mise en place d’un réseau d’arbres à conserver et d’ilots de sénescence en forêt de production ainsi que d’un réseau de parcelles « en libre évolution ».
- la formation des agents de terrain sur la reconnaissance des arbres et ilots éligibles
- la définition d’une méthodologie de la concertation, en collaboration avec un consultant, pour partager avec les propriétaires et les gestionnaires la nécessité d’agir pour ce patrimoine naturel et identifier les modes d’actions qui concilient les intérêts écologiques et économiques. En effet, la mise en place d’une trame écologique, induit des changements de pratiques sylvicoles et nécessite donc l’adhésion des propriétaires et gestionnaires des terrains concernés.
- l’acquisition d’un martéloscope, outil permettant de simuler les gains directs et indirects du choix d’une coupe. Cet outil servira ensuite de support de formation pour les forestiers, propriétaires ou gestionnaires, et tous les autres publics concernés.
- la sensibilisation et l’éducation du public : édition d’un dossier spécial « biodiversité du bois mort et trame vieux bois » dans la revue Bourgogne Nature.
La concertation avec les propriétaires et gestionnaires a pour but de pérenniser la situation par le biais d’une charte de bonnes pratiques ou un label de gestion sylvicole.
Les instances
La concertation s’articulera autour de deux instances :
- Le comité de pilotage du projet qui veillera à la bonne mise en œuvre du projet et prendra les arbitrages nécessaires à sa conduite.
- Le comité technique, composé de l’ensemble des techniciens impliqués par le projet au sein des différentes structures partenaires, qui se réunira régulièrement pour faire le point sur la mise en œuvre des actions du projet qui nécessitent pour la plupart une bonne interaction entre les différents techniciens.
Les éléments constituants de la trame (densités, surfaces, localisation, critères de sélection des arbres, des ilots) et les outils à développer pour la mettre en place seront au cœur des discussions de ces instances.
La mise en place de trames « vieux bois » en est à ses balbutiements en France, c’est pourquoi il s’agit d’une expérimentation dont les retours pourront bénéficier à de nombreux territoires.