
Guide de bonnes pratiques de la montagne basque
Concertation et médiation afin de concilier les usages du territoire.
La montagne Basque est une montagne de moyenne altitude au sein de laquelle, depuis des siècles, l’économie et la vie des villages reposent sur l’agro-pastoralisme et la sylviculture. Ces activités humaines ont permis de façonner et d’entretenir les paysages actuels de la montagne et de préserver ses richesses naturelles. Du fait de la proximité d’agglomérations, ce territoire est confronté à de profondes mutations depuis une quinzaine d’année. Celles-ci sont liées à la fragilisation de l’économie agro-pastorale et au développement croissant des activités touristiques et de loisir sur ce territoire d’accueil, ouvert. Cette multifonctionnalité (à la fois espace productif, récréatif, naturel sensible) provoque une multiplication des conflits d’usages et des tensions. Notamment lorsque « l’outil de travail des uns devient l’aire de jeu des autres ». Ces situations risquent rapidement d’attiser les relations conflictuelles entre les acteurs, de créer des problèmes de sécurité et de porter atteinte à l’équilibre fragile de ces espaces naturels.
L’association Euskal Herriko Mendi Elkargoen Batasuna (EHMEB), regroupe les quatre Commissions Syndicales du Pays Basque. Ces commissions sont les principaux organes de gestion et d’aménagement de la partie est des montagnes du Pays Basque. Elles ont une tradition ancestrale de « gestion en bien commun » de ces territoires montagnards, notamment concernant les activités pastorales et forestières. Elles jouent un rôle permanent de médiation et de conciliation, pour régler des conflits entre agriculteurs, entre agriculteurs et pratiquants d’une activité de loisir, entre chasseurs et écologistes etc. Cette association a déjà produit une charte de développement durable de la montagne basque, dans le cadre d’une vaste démarche participative, avec l’ensemble des utilisateurs de la montagne. L’une des mesures de cette charte consiste en l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques de la montagne.
Ce projet est porté par EHMEB mais les autres collectivités locales (communautés de communes et mairies) se joignent à l’association et les acteurs locaux, agriculteurs, sylviculteurs, chasseurs, randonneurs, prestataires d’activités touristiques et de loisirs, souhaitent y participer et le voir aboutir rapidement. En 2017, suite à la fusion des communautés de communes, le projet est repris par la communauté d’agglomération du Pays Basque, toujours en coportage avec EHMEB.
Les étapes du projet
Pour mener à bien cette concertation et élaborer le Guide de bonnes pratiques, EHMEB, appuyée par des personnes ressources, met en place un processus en quatre étapes.
- Identification des conflits : constitution et animation d’un groupe de travail multi usages sur le sujet, de composition très diverses en réunissant les représentants des différents usagers de la montagne. Recensement des conflits, prise de connaissance de la réglementation en vigueur, dialogue entre les différents groupes d’usagers
- Recherche et mise en place de solutions : à partir du diagnostic partagé, proposition des principes qui pourraient inspirer les bonnes pratiques, préconisation de comportements à avoir par rapport aux autres acteurs (faire ou ne pas faire), et expérimentations d’éventails de solutions concrètes sur des conflits d’usage localisés.
- Élaboration du document : réalisation du document « Guide des bonnes pratiques », décliné en brochures, livrets, vidéos etc., et enrichi à mesure qu’avance la démarche et que s’associent les usagers de la montagne. Ce guide sort en 2010 et est constitué d’un classeur, à destination des communes et des gestionnaires d’estives, regroupant des fiches pratiques expliquant quelle conduite avoir dans quelles situation.
- Diffusion et communication : des dépliants sont distribués dans les offices de tourisme, à destination des visiteurs et des touristes, indiquant en fonction des points stratégiques placés sur une carte, les bons comportements à adopter en montage. Des panneaux signalétiques sont également installés, informant sur les gestionnaires, les activités qui se tiennent dans la zone et les comportements à avoir. Un site internet, des clips explicatifs et autres kakémono sur des stand lors de manifestation viennent compléter cette axe communication.
Animer le dispositif dans la durée
L’animation se poursuit jusqu’en 2011 / 2012, puis on observe un essoufflement, et à ce jour (2020), certaines problématiques reviennent (chiens non tenus en laisse, manifestation sportives de trails et véhicules motorisés…). Le multiusage reste problématique en montagne et les gestionnaires ne savent plus comment communiquer.
En 2019, la communauté d’agglomération décide donc de relancer la démarche. Il s’agit alors de réactualiser l’ensemble du dispositif, recenser les outils de communication, identifier les manques, réadapter les modalités d’animation, relancer les ateliers avec tous les acteurs. Un travail de partenariat est construit avec le territoire alpin : similitude de problématique, transfert d’outils et échange d’expérience.
Ce projet démontre, s’il était besoin, la difficulté de conduire une démarche concertée sur la durée et la nécessité d’une animation permanente des dispositifs co-construits afin de les maintenir dans la durée.