Agriculteurs et élus pour l’agriculture durable

Agriculteurs et élus du Haut Jura construisent ensemble un Plan Local d'Agriculture Durable

A l’initiative du Parc Naturel Régional du Haut Jura et de la Chambre d’agriculture, dans le cadre d’un appel à projet du Ministère de l’agriculture, un groupe d’une vingtaine de personnes, composé d’agriculteurs et d’élus du Haut Jura a élaboré durant l’hiver 2005-2006 un plan d’action local permettant une meilleure intégration des activités agricoles dans les projets de territoire ; et inversement, permettant à la profession agricole de mieux intégrer les attentes sociétales dans ses projets. Outre cela, le projet a permis de rapprocher agriculteurs et élus, qui évoluaient chacun de leur côté sans forcément se préoccuper l’un de l’autre.

Le contexte

La démarche Sites Pilotes d’agriculture durable est une opération qui a eu lieu dans les Alpes. Son objectif était de créer des groupes multi-acteurs sur un territoire, chargé d’établir des scénarios d’évolution du territoire à 20 ans et d’écrire un plan d’action pour le territoire, découlant de ces scénarios. En 2003, le PNR du Haut Jura se rend en Haute-Savoie voir la restitution d’un groupe ayant participé à cette opération. Il apprécie la méthode utilisée (proposée par le SUACI Alpes du Nord) et les résultats induits. Ainsi, Grâce à l’opportunité d’un appel à projet du ministère de l’agriculture, un projet, reprenant des éléments de la démarche utilisée dans els Alpes est déposé pour un site dans l’Ain, un dans le Jura et un dans le Doubs. En ce qui concerne le Haut Jura, c’est le PNR et la Chambre d’Agriculture qui pilote le projet.

L’envie de rapprocher deux mondes qui évoluent en parallèle
D’après les animateurs de la démarche, il n’existait pas de gros conflits ou de grosses tensions entre les agriculteurs et les collectivités du Haut Jura. Les relations n’étaient ni bonnes ni mauvaises. L’enjeu était de se faire rencontrer deux mondes qui évoluaient en parallèle, sans vraiment se soucier l’un de l’autre. Il fallait faire en sorte que chacun de ses deux mondes se préoccupent des intérêts de l’un et de l’autre.

Des agriculteurs qui répondent présents
Les agriculteurs qui participent à la démarche ont la motivation de venir « expliquer » l’agriculture et ses problèmes aux élus ou autres agriculteurs, ou alors ils viennent par curiosité pour découvrir les positions de chacun ou enfin pour faire des revendications personnelles (défense d’un produit, d’un type d’agriculture, de convictions personnelles). Tous sont préoccupés par l’avenir de l’agriculture et veulent en parler avec d’autres.

Et des élus également
Certains élus qui décident de s’engager n’ont que peu d’actions envers l’agriculture mais ils sont conscients de son poids économique et paysager, ils sont déjà sensibilisés aux problématiques agricoles. D’autres mènent des actions dans le domaine du foncier agricole ou souhaitent mener des actions pour lutter contre l’embroussaillement. La plupart des élus a pour envie également de connaître davantage le monde agricole et ses attentes.

Les objectifs

L’objectif de cette action est de créer un groupe de travail constitué d’élus et d’agriculteurs du territoire du Haut Jura (en proportion équivalente), et ayant pour but d’établir un plan d’action local pour une agriculture durable partagé. Ce groupe de travail, est animé par le PNR du Haut Jura et la Chambre d’agriculture du Jura. Un autre objectif était de favoriser l’interconnaissance entre agriculteurs et élus.

Les étapes

Le choix d’un site aux particularités
La volonté des animateurs était de travailler sur un site où l’on rencontre diverses situations : A la fois des communes ayant des problématiques agricoles, mais aussi d’autres dont les préoccupations tournent autour du tourisme, de l’urbanisme. Des communes avec une dynamique agricole, et d’autres où il n’y a plus d’agriculteurs. Un site regroupant 3 communautés de communes a été retenu.

Un diagnostic de territoire
Un diagnostic de territoire a été mené par une stagiaire de la Chambre d’Agriculture du Jura au cours de l’été 2005. Au cours des entretiens effectués, la stagiaire sondait les personnes (élus des trois communautés de communes et agriculteurs) éventuellement intéressés pour participer à un groupe de travail visant à la construction d’un plan d’action pour le territoire.

Une réunion de lancement pour constituer le groupe
Un courrier d’invitation pour une réunion de lancement en octobre 2005 a été envoyé à l’ensemble des agriculteurs et des communautés de communes ou communes de la zone concernée. C’est au cours de cette rencontre qu’a été constitué le groupe sur la base du volontariat. L’animateur du parc a également relancé quelques personnes qui n’étaient pas venues à la réunion de lancement et qui semblaient intéressés suite au diagnostic. Des porteurs de projets identifiés ont aussi été appelés, parfois même à l’initiative des maires de leurs communes.

Huit rencontres du groupe
Huit rencontres ont été effectuées entre le mois de novembre 2005 et le mois d’avril 2006, à la Maison du Parc naturel Régional.

  • Rencontre 1 : Définition des attentes de chacun et des grands objectifs pour le territoire
  • Rencontres 2 et 3 : Etablissement d’un diagnostic partagé des atouts et contraintes du territoire, sur la base d’un travail préalable mené par la chambre d’agriculture du Jura.
  • Rencontres 4 et 5 : Etablir une vision prospective du territoire et définir des axes d’action locaux.
  • Rencontres 6, 7 et 8 : Définir les priorités et les modalités d’action ; le plan d’action en faveur d’une agriculture durable.

La restitution globale a eu lieu en Octobre 2006.

Les partenaires

SUACI Alpes du Nord et de l’Association Régionale de Développement Agricole et Rural : ils coordonnent le programme au niveau du massif du Jura (un site dans le Doubs, un dans l’Ain, et un dans le Jura), le SUACI apporte la méthode et forme les animateurs des trois sites.

PNR du Haut Jura et Chambre d’agriculture du Jura : ils co-animent la démarche

Des agriculteurs du Haut Jura et des élus des 3 communautés de communes sont participants au groupe de travail

Un comité de pilotage suit l’avancée du projet. Il regroupe les représentants de chaque communauté de communes investie dans le projet, le commissaire de massif du jura de la DIACT, le président et directeur de la Chambre d €˜agriculture. Il s’est réuni deux fois : au début et à la fin du projet.
Ministère de l’agriculture (via l’ADAR): financement partiel du projet

Les résultats

Une meilleure connaissance mutuelle
Le principal effet positif de cette action est que les élus et les agriculteurs ont pris le temps de mieux se connaître, d’échanger entre eux, de prendre conscience de leurs préoccupations réciproques. De plus un groupe local de concertation entre agriculteurs et autres acteurs du territoire a été impulsé : il n’y a pas forcément d’autres lieux de discussion avec les élus. Cela a également permis aux agriculteurs de mieux se connaître entre eux.

La satisfaction d’avoir été jusqu’à l’élaboration du plan d’action, et quelques actions produites
Un autre effet ressenti est la satisfaction et la valorisation d’avoir produit un plan d’action et qui pourra, éventuellement être porté par le groupe qui s’est formé. Il s’agit d’un plan composé de 4 grands axes, décliné en 9 fiches-actions. Ce plan d’action doit maintenant être saisi par le PNR, la Chambre d’agriculture, les communautés de communes. Les membres du groupe de travail souhaitent être impliqués dans la mise en œuvre et le suivi de ces actions.
En mars 2008, deux ans après la fin des rencontres des groupes, la Chambre d’agriculture a notamment redéployé un conseiller sur le secteur du haut jura et tente de relancer des actions collectives agricoles en lien avec le territoire. Le PNR a mis en place une action de signalétique pour valoriser la filière Bleu de Gex, issu du plan d’action: des panneaux « totem » installés devant les coopératives, indiquant que celles-ci fabriquent du Bleu de Gex.

Un plan d’action qui sert de base de réflexion
Ces structures bénéficient ainsi d’une trame de travail pour leur programme d’action. Ces dernières sont plus réactives pour répondre à divers appels à projet : elles bénéficient déjà des réflexions d’acteurs du territoire et peuvent répondre plus vite, car elles basent leur projet sur le programme d’action et elles n’ont pas forcément besoin de refaire un diagnostic, de réunir des acteurs locaux. Par exemple le PNR du Haut Jura a bâti un projet Leader en se basant sur les actions proposées par le groupe.

Les facteurs de réussite

Des animateurs présents et efficaces.
Les animateurs ont su s’emparer de l’animation et du suivi de l’action. Un des facteurs de réussite essentiel est que les animateurs avaient du temps mis à disposition pour conduire la démarche.

Un groupe restreint et volontaire.
Le fait de mélanger des acteurs dans un groupe restreint de personnes volontaires a été souvent mis en avant comme facteur de réussite.

Les difficultés et les limites

Réussir à mobiliser dans la durée.
Il y a eu une démobilisation du groupe dans la durée, surtout au niveau des agriculteurs. Les élus en général étaient plus présents que les agriculteurs. La démarche a pu paraître longue et lourde à certains participants, aux méthodes nouvelles pouvant surprendre (scénarios).

Difficulté de voir la suite de l’action, et manque de visibilité financière.
Le groupe a été un peu frustré à la fin de la démarche : content d’être allé jusqu’au plan d’action, mais sans savoir quelle suite serait donnée à leur travail : est-ce que les actions seront réellement mises en place ? Par qui ? Est-ce que leur travail ne sera que de la réflexion ?
De plus, seule l’animation de la démarche était financée (en partie) par le ministère. Le groupe a eu du mal à voir comment les actions qu’ils proposaient allaient pouvoir se réaliser, avec quels financements.
La question s’est posée également de savoir qui était le plus légitime pour porter les actions. Le groupe ? une communauté de communes ? le PNR ? La Chambre ? Il ressort qu’il n’y a pas une instance qui porte entièrement le plan d’action.

Une diffusion de la démarche dans d’autres instances et auprès d’autres acteurs assez faible. Les participants de la démarche ont assez peu diffusé le travail réalisé dans leur instance d’origine. Ainsi, les agriculteurs en ont peu parlé autour d’eux, et cela n’était pas non plus forcément à l’ordre du jour des conseils communautaires. Se pose ainsi la question de savoir comment cette démarche est reprise et appréciée par les autres acteurs n’ayant pas participé au groupe, comment les résultats se diffusent à un ensemble plus vaste d’acteurs du territoire et comment ils se mettent en œuvre.

Les suites

Pour le groupe, le PNR, la Chambre d’agriculture, les communautés de communes, il s’agit maintenant de s’approprier le plan d’action et de le mettre en œuvre. Il s’agit aussi de pérenniser la dynamique engendrée : que le groupe informel ainsi crée puisse continuer d’échanger, de suivre l’avancée des actions proposées.

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Département concerné :
    39

Structure

  • TRAME
  • 6, rue de la Rochefoucault
  • 75009 Paris
  •  
  • 01 44 95 08 00