Energie solaire à Belle-Ile

Accompagnement à la naissance d’un projet citoyen photovoltaïque à Belle-Ile

Le projet se déroule à Belle-Ile-en-Mer, dans le Morbihan. D’une surface de 84 km², l’île possède une population annuelle de 5300 habitants, qui varie jusqu’à 40.000 en été. Près de 400.000 visiteurs la fréquentent chaque année. L’attractivité engendre une fragilité du territoire au regard de  la gestion de ses flux : eau, déchets, énergie sont autant de domaines dont la gestion doit tenir compte d’une forte variation intra-annuelle de la population. L’île est notamment dépendante à 99% du « continent » pour son énergie. Un navire pétrolier l’approvisionne en hydrocarbures et un câble la relie au continent pour son électricité.

Face à l’importance de l’enjeu énergétique et au regard de l’absence de dynamique locale visant à réduire les consommations et accroitre l’autonomie en énergie, le CPIE a décidé en 2013 d’impulser la création d’un groupe de citoyens et d’animer les échanges en son sein afin de débattre de la question énergétique et des actions pouvant être mises en œuvre, sur un certain terme, à Belle-Ile. Ce groupe de citoyens a fonctionné en collectif informel, sans structure juridique, de 2013 à 2016, et a permis la réalisation de visites, d’actions de sensibilisation, et un débat permanent sur les voies d’action citoyenne en matière d’énergie à Belle-Ile-en-Mer

Début 2016, le groupe, souhaitant avancer autour d’un projet concret, décide de mettre en œuvre une unité de production photovoltaïque, à portage et financement citoyen. Pour ce faire, l’association Energ’ile autonome est créée en avril 2016. L’objectif était de débuter par un projet concret, matériel, afin de mobiliser un nombre croissant de citoyens et d’acteurs sur le territoire, et de s’orienter vers une dynamique globale axée sur la maitrise de l’énergie, jugée prioritaire par l’association (et selon le scénario Négawatt).

Des difficultés pour concrétiser le projet

Une fois l’association créée, le CPIE l’a accompagnée dans le fonctionnement de sa vie statutaire, dans l’animation de ses échanges internes et surtout dans son lien au territoire au sein de la conduite de son projet. Elle s’est structurée en interne en commissions, devant traiter les aspects techniques, juridiques, financiers et organisationnels du projet. Egalement un point important du projet était l’animation d’une campagne de levées de fonds participatifs pour financer l’investissement de l‘installation d’une unité photovoltaïque.

Le but du CPIE a été de transférer petit à petit une autonomie à l’association, en définissant avec ses membres une gouvernance interne, des outils de fonctionnement, une cadence de vie du projet…

L’association souhaitait installer l’unité photovoltaïque (PV) sur le toit d’un bâtiment public et la recherche de ce dernier n’a pas été sans complexité. Dans un premier temps en effet, les élus n’ont pas réagi de façon très proactive à la présentation du projet. Mais, après plusieurs pistes, c’est la municipalité de Locmaria qui a voté un accord de principe pour une implantation d’un unité PV de taille limitée sur le toit de son Agence Postale.

Cependant, plusieurs facteurs n’ont pas permis de réaliser, à ce jour (2019), le projet :

  • La petitesse de l’unité ne permet pas d’atteindre une production d’électricité rentable.
  • Le modèle économique n’a pas pu être défini, au regard notamment de tarifs de rachat d’électricité en baisse permanente, surtout pour une unité de taille limitée.
  • Face à la forte mobilisation citoyenne initiale, et au regard de la difficulté de faire avancer rapidement le projet, on a pu constater, pour partie, une érosion du bénévolat autour du développement du projet.
  • La grande difficulté, pour le CPIE, à lever des fonds permettant de financer du temps d’animation a dû l’amener, au début 2018, à stopper l’accompagnement du projet ; le président du CPIE poursuivant cependant son implication dans le projet.
  • Un relatif manque de soutien des élus locaux.

Il faut cependant souligner certains impacts positifs du projet. Ainsi, entre autres, il faut citer le développement d’unités PV au sein d’autres bâtiments communaux ou intercommunaux. Certes, l’éligibilité des îles du Ponant à l’appel à projets « Territoires à Energie Positive pour la Croissance Verte » a eu un effet levier indéniable (en permettant le financement de 50% du coût d’installation), mais l’action combinée du CPIE et d’Energ’ile autonome sur la question énergétique a dû également expliquer le développement de ces investissements publics en faveur des énergies renouvelables.

Une association qui imagine de nouvelles actions

En 2019, l’association Energ’ile autonome a retrouvé une nouvelle motivation afin de poursuivre son action autour, entre autres, des pistes suivantes :

  • Nécessité de relancer le projet d’unité photovoltaïque citoyenne, en revoyant le site d’implantation et en prévoyant une surface plus importante, permettant d’aboutir à un modèle économique viable,
  • Accompagnement des particuliers dans leurs projets d’installations photovoltaïques individuelles,
  • Mise en place d’un cycle mensuel de réunions conviviales, dans un café bellilois, destinées à échanger entre citoyens sur les thématiques de l’énergie,
  • Mobilisation de l’association au sein des enquêtes publiques concernant l’implantation d’éoliennes en mer entre Belle-Ile et Groix…

En synthèse, à retenir à ce jour

  • Sur un territoire pourtant fragile au regard de la ressource énergétique, la transition prend du temps,
  • La difficulté à financer de l’animation territoriale renforce cette lenteur,
  • Les voies d’une collaboration prolifique entre sphère citoyenne et sphère des collectivités locales doivent encore se préciser afin de progresser au sein de cette transition,
  • La non-obligation du territoire de mettre en œuvre un plan Climat Air Energie territorial ne facilite pas les avancées,
  • Cependant, la dynamique mise en œuvre par Energ’ile autonome et par le CPIE a initié un dialogue territorial qui n’existait pas avant 2013.

Fiche mise à jour en mars 2019 par Guillaume Février, CPIE de Belle-Ile en Mer.

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2016
  • Département concerné :
    56

Structure

  • CPIE BELLE-ILE-EN-MER
  • Les Glacis
  • 56360 LE PALAIS
  •  
  • Personne contact: Guillaume Février
  • 02 97 31 40 15