Gestion concertée de la forêt de Correns

Correns est un village du centre Var de 792 habitants qui s’est engagé dans une démarche de développement durable au travers de l’élaboration d’un Agenda 21. Parmi les actions qui ont émergé dans ce cadre, un volet concerne spécifiquement la forêt, qui couvre une grande majorité du territoire communal : 447 ha au total, dont 16% de forêt communale et 84% de forêt privée. L’objectif est de valoriser cet espace à travers le développement de la filière bois, mais également de préserver pour les générations futures cette ressource et les patrimoines naturels et historiques qu’elle abrite. Les espaces forestiers sont considérés comme d’un grand intérêt pour la biodiversité et à ce titre quasiment intégralement inclus dans le réseau Natura 2000. Les activités de cueillette, de chasse, de randonnée sont aussi très prisées sur ces espaces. L’aspect paysager, la conservation de l’important patrimoine de pierres sèches et enfin le risque d’incendie sont aussi à considérer dans une gestion intégrée de cette forêt.

Si les coupes jusqu’alors pratiquées peuvent convenir à certains propriétaires et dans des zones sans enjeux environnementaux particuliers, il semblerait que des modes d’exploitation plus doux répondraient mieux aux différents enjeux en présence et pourraient mieux s’articuler avec les besoins en bois locaux.

Les objectifs

Le projet répond avant tout au besoin de mieux connaitre les acteurs en présence pour savoir comment structurer une filière bois locale qui prenne en compte les différents enjeux forestiers. Le projet s’apparente à une démarche de charte forestière de territoire, en cela qu’il veut se baser sur un diagnostic des différents enjeux et des potentialités de la forêt et sur une phase de concertation pour établir un plan d’actions partagé. Pour autant, il en diffère par la dimension du territoire choisi qui est ici restreint à une commune. Dans le cadre de l’agenda 21, il est possible de mettre en place une concertation efficace qui aboutisse rapidement à des actions concrètes.

Toutefois, le Réseau des Chartes Forestières animé par l’Union Régionale des Communes Forestières pourra fournir un appui méthodologique et des retours d’expériences pour mener à bien le projet.

En plaçant la concertation en amont de la rédaction d’une stratégie ou d’un plan d’actions pour la gestion et la valorisation de la forêt, il permet aussi d’anticiper d’éventuels conflits d’usages ou d’intérêt qui risqueraient de surgir si les actions en forêt paraissaient le fait d’une seule catégorie d’acteurs.

Actions mises en œuvre

Des groupes de travail seront mis en place autour de diverses problématiques. D’ores et déjà, plusieurs actions sont envisagées.

1. Diagnostic des enjeux forestiers sur le territoire, en associant les acteurs locaux (chasseurs, promeneurs, différents usagers), les propriétaires et des partenaires techniques: le Conservatoire d’Espaces Naturels de PACA (CEN Paca) pour une expertise environnementale, le Centre d’Etudes et de Réalisations Pastorales Alpes Méditerranée (CERPAM) pour une expertise pastorale, le CRPF pour la compilation des données recueillies.

2. Caractérisation de la demande locale en bois, d’une part en recensant les consommateurs de bois et de quantifier la demande en terme de volume de bois par an et d’autre part d’évaluer leur volonté de s’impliquer dans la structuration d’une filière locale ; en réalisant des travaux, en achetant du bois sur pied ou bord de route, ou encore en se structurant en coopérative d’achat. Les usagers et les consommateurs de bois sont a priori les habitants de la commune et les personnes regroupées en association, connues de la commune et utilisant régulièrement le territoire. Un courrier sera adressé à chaque foyer corrençois pour préciser la démarche et inviter chacun à remplir le ou les questionnaires le concernant et à assister aux groupes de travail qui seront mis en place.

3. Définition des prescriptions techniques et environnementales attendues pour répondre aux différents enjeux des espaces forestiers considérés. Il s’agirait d’un guide de gestion de la forêt permettant, par quelques entrées simples (tel que : type de forêt, localisation) d’avoir un panel des gestions possibles.

4. Recensement des propriétaires intéressés pour exploiter leur forêt et les freins ou conditions qu’ils mettent à cette exploitation afin d’avoir une connaissance du volume de bois qui pourrait être commercialisé localement. Parmi ces propriétaires savoir lesquels seraient volontaires pour gérer leur forêt en commun avec d’autres et/ou pour établir un document de gestion durable.

5. Etablissement d’un réseau d’exploitants forestiers susceptibles de pratiquer des modes de gestion doux, mettre en parallèle leur capacité d’intervention avec la demande précédemment évaluée. Identifier leurs besoins.

6. Organisation des propriétaires, des exploitants et des consommateurs autour d’un projet de gestion démonstratif.