
Cultivons notre ville, pourquoi et comment ?
Une trame verte et bleue participative à Buxerolles (86)
Contexte territorial
Buxerolles est une ville de 10 000 habitants, située à la périphérie de Poitiers (86) et qui a été pionnière dans la mise en œuvre de politiques de développement durable. Sous l’impulsion d’un maire très investi dans ce domaine, elle met en place son premier Agenda 21 (A21) dès 2007. Elle obtient le label de reconnaissance nationale en 2010 et il lui est renouvelé en 2017. Les agents des espaces verts sont fiers de ces distinctions mais pour autant les tensions avec la population restent importantes sur le sujet de la gestion de ces espaces avec « zéro pesticides ». En 2016, dans le cadre du deuxième programme A21, la Ville s’est dotée d’un plan d’actions communal Trame Verte et Bleue.
Origine du projet
La commune avait confié à Cycleum l’animation d’un atelier agent-élu sur le Plan d’actions communal Trame Verte et Bleue et elle a souhaité aller plus loin en saisissant l’occasion pour proposer une démarche participative associant les habitants. Il s’agissait de travailler sur la biodiversité sans pour autant affronter les sujets qui ne sont pas portés par tous les élus ni tous les habitants comme l’abandon total de l’usage des pesticides.
L’exemple de la Ville d’Orléans qui porte un appel à projets sur des aménagements en faveur de la biodiversité à destination des habitants a inspiré la démarche, mais elle est ici menée sous forme d’ateliers participatifs plutôt que de dépôt de dossiers.
L’objectif d’une telle démarche participative vise à élargir le cercle des acteurs déjà impliqués, favoriser l’appropriation des enjeux de la biodiversité et la réappropriation de l’espace public par les citoyens, créer des habitudes de coopération chez les habitants afin de pouvoir porter d’autres projets dans leur commune…
Les étapes de la concertation
Dès l’amont de la première réunion publique il s’agissait de mobiliser des habitants au-delà des cercles habituels. En plus des entretiens préalables avec les parties prenantes, la technique du « porteur de parole » a été utilisée pour ouvrir des discussions dans l’espace public. Autour de l’interpellation « Cultivons notre ville, pour préserver la biodiversité ! », les réactions des personnes étaient accueillies et affichées pour élargir les visions. C’était aussi l’occasion d’informer les gens sur la démarche et la prochaine réunion publique et de récupérer leur contact pour leur envoyer une invitation. Trois habitants rencontrés à cette occasion se sont inscrits dans les ateliers de co-construction. Les 7 autres habitants participant aux ateliers ont été recrutés via des élus les ayant repérés, les listes de mailing, le bouche à oreille ou l’information sur le site internet de la mairie.
A l’issue de la première réunion publique, les participants souhaitent approfondir leur connaissance de la biodiversité locale et de ses enjeux avant de définir les thèmes à traiter. Une autre réunion est donc programmée pour satisfaire cette demande et aller jusqu’à l’élaboration des thèmes et le choix de ceux à traiter prioritairement. Deux groupes se font alors jour, l’un sur la gestion et la création d’aménagements sur les trottoirs et l’autre sur les nichoirs, refuges à insectes et composteurs.
Les 2 groupes doivent se réunir 3 fois chacun pour réfléchir et co produire des idées d’actions pouvant être mises en œuvre par les habitants sur le domaine public. Pour chacun des groupes une réunion supplémentaire sera programmée pour aller au bout de la démarche : permettre aux participants non seulement de proposer des actions mais aussi de les argumenter en détaillant le contenu, l’intérêt de l’action, les opportunités financières et matérielles, le lieu, la durée, etc. Le responsable Agenda 21 de Buxerolles, présent aux réunions publiques, a été l’interlocuteur privilégié tout au long du projet pour répondre aux questions des parties prenantes sur la faisabilité des projets d’un point de vue technique et réglementaire. Il participait également, avec d’autres élus de la Ville, au comité de suivi et au comité de pilotage du projet.
Éléments de conclusion
Dans un des groupes, les élus se sont massivement investis aux côtés des habitants (5 élus et 3 habitants). Un temps a été nécessaire pour définir à quel titre ils participaient à cet atelier. Un consensus s’est fait pour demander à l’animatrice de veiller à ce que la parole des habitants soit entendue prioritairement : celle des habitants lambda puis celle des élus avec leur casquette d’habitants (rompus à ce type de réunion, ils s’expriment plus facilement), et dans un deuxième temps seulement, leur parole en tant qu’élus sur les points de vigilance liés à la connaissance de la gestion communale. Les élus ayant eux-mêmes défini cette règle donnant la priorité à l’expression des habitants, il a été aisé pour l’animatrice d’en être garante dans la conduite des ateliers. De cette façon, un atelier où aucun habitant lambda n’était venu a été ajourné et le travail reporté à une autre séance avec présence d’habitants.
Les différentes adaptations en matière de nombre et de report de réunions demandent à l’animation de la concertation une grande souplesse.
Le principe de l’ouverture permanente des ateliers de travail à de nouveaux participants est intéressant mais il peut se révéler difficile à gérer. Ici un participant a rejoint un groupe lors de la dernière séance en remettant en cause les directions précédemment prises par le projet. Cela a généré des discussions au sein du groupe, et sa position étant trop éloignée il n’a pas pu trouver sa place dans la démarche.
Lors des ateliers, l’animateur peut être tenté d’apporter des éléments de connaissance sur des aspects techniques. Le fait de sortir de son rôle d’animation pour apporter des contenus a remis en cause la neutralité de l’animation pour certains participants qui y ont vu une tentative d’orienter les débats vers les solutions que la commune voulait voir émerger.
Les 3 actions proposées par les groupes, présentées et débattues au sein de la commission Développement Durable de la commune en présence des habitants porteurs, ont été validées et mises en place :
- Un semis en pied d’arbre sur une rue a été réalisé par les habitants investis en sollicitant ceux de la rue en avril 2019, il se maintient malgré quelques actes de vandalisme.
- Concernant la pose de nichoirs, les habitants-participants ont fait passer la commande des matériaux par la mairie et ont réalisé la construction et la pose des nichoirs.
- Le projet de compostage collectif a été suivi par les 2 habitants référents issus de la concertation, avec l’accompagnement de l’association locale « compost’âge ». Les habitants se sont investis dans le porte à porte dans le quartier pour mobiliser autour du projet et l’inauguration a été réalisée au printemps.
Voir aussi la page sur cette expérience sur le site de Cycleum Conseil
Personne contact : Catherine DERET- Consultante formatrice – Pilote de dispositifs participatifs