5. Le dialogue des savoirs

Les savoirs des autres, une source de richesses… et de conflits

Limiter les changements climatiques, prévenir la crise écologique : cela fait consensus dans notre société, mais les controverses pour y parvenir sont extrêmement vives. Ces controverses sont palpables dans l’espace public et médiatique, mais également dans les dispositifs participatifs ayant trait à la transition énergétique, à la gestion des forêts, aux déchets et à de nombreux sujets ayant une dimension scientifique et technique.

Lorsque ces controverses prennent une tournure conflictuelle, les animateurs et facilitateurs de dialogue peuvent se sentir dépourvus face à la défiance envers les experts. Il y a parfois de la confusion entre les opinions, les besoins et les savoirs des différents participants. La diffusion sur Internet et par les réseaux sociaux d’informations, sorties de leur contexte et sans indication de leur source, voire de fake news, peut brouiller le débat.

Un manque de confiance mutuel

D’un côté, on constate une perte de confiance de certains citoyens dans la parole des scientifiques et des experts. De l’autre, ces derniers ont rarement donné du crédit à d’autres types de savoirs que les leurs.

L’environnement est un univers d’expertise et cette expertise est surtout issue des sciences de la nature, des sciences de l’ingénieur, de l’aménagement ou du droit. Les détenteurs de connaissances spécialisées (issus de cursus et de filières formelles) ont une parole, un statut d’autorité. Leurs connaissances ont une légitimité particulière. Cette position dominante a souvent, dans notre pays, entraîné la négation et le mépris d’autres formes de savoirs et de leurs détenteurs, qu’il s’agisse des savoirs paysans sur les pratiques agropastorales et agroécologiques, de l’expertise d’usage des habitants sur leur quartier, ou des malades et de leurs familles sur les maladies et les traitements.