Loup, y es-tu ?

Croire à l'élevage dans un contexte de prédation : pour une cohabitation apaisée avec le loup.

Entre Colombey et Chatenois, dans un paysage caractéristique de la Lorraine fait de plaines agricoles ponctuées de collines boisées, l’agriculture est de type polyculture-élevage ou de type herbagère. Depuis 2014, le loup y est présent. Les éleveurs de l’association EED estiment vivre avec lui une cohabitation forcée et aimeraient qu’elle soit plus apaisée. Plus que le loup, ce sont les prédations qu’il occasionne qui leur posent problème. Pour eux, le loup étant une espèce protégée, c’est l’élevage qui est en danger.

Les objectifs

L’objectif des éleveurs et de mieux comprendre le comportement du loup et d’améliorer l’efficacité des moyens de protection ou de tester de nouveaux moyens. Ils souhaitent également apporter leur soutien aux éleveurs touchés par la prédation et communiquer auprès du grand public et des élus du territoire.

Les actions

La première action engagée par les éleveurs consiste à comprendre le comportement du loup face aux moyens de protection mis en œuvre par eux et à mesurer l’efficacité de ces moyens de protection. Pour cela, ils multiplient les pièges photographiques sur les parcelles à étudier, analysent les résultats avec un regard critique après chaque prédation et élaborent une cartographie à l’échelle de la parcelle afin d’améliorer leurs connaissances sur la durée. Une formation à l’utilisation des pièges photographiques a été organisée pour les éleveurs. Des relations suivies avec les naturalistes leur permettent de s’approprier la méthodologie. Ils travaillent donc pour cela avec l’association Meuse Nature Environnement (voir la fiche « Cohabiter avec le loup ? ») et la Fondation suisse Jean-Marc Landry. L’association MNE, qui dispose d’expériences en matières de protection contre les prédations du loup, collecte les photos recueillies. Le chercheur Jean Marc Landry, biologiste et éthologue, mène des recherches en milieu naturel et dans les parcs animaliers, grâce à l’aide d’étudiants. L’objectif commun des éleveurs et des naturalistes est de mieux connaître et comprendre les comportements du prédateur face aux moyens de protection déployés : son adaptabilité et sa réactivité sont connues, mais pas les limites de ses capacités prédatrices, physiques et intellectuelles.

Seconde étape : rechercher ou concevoir des moyens de protection innovants. Des colliers à ultrasons ont été testés, leur efficacité restant encore à démontrer. Face aux capacités du loup, il convient de multiplier les recherches. Un enjeu majeur : la protection des petites parcelles souvent en occupation précaire, coûteuses à protéger avec des clôtures mais riches en terme de biodiversité.

L’association soutient également les éleveurs confrontés à des prédations, qui constituent de vrais traumatismes. Ils prévoient de constituer des brigades d’intervention composées d’éleveurs ou de futurs éleveurs afin d’apporter un soutien technique et une présence (surveillance) sur le principe des pompiers volontaires

Enfin, ils communiquent sur le métier d’éleveur et les rôles de l’élevage auprès du grand public et des élus des territoires.

Les enseignements

La recherche d’une cohabitation apaisée avec un grand prédateur dans le respect du vivant et de la biodiversité est une démarche qui laisse sceptiques d’autres éleveurs et élus locaux.  Qu’elle parte d’une association d’éleveurs directement touchés par les prédations est remarquable. C’est une démarche de médiation entre des objectifs de production qui sont ceux des éleveurs et des objectifs de protection qui sont ceux des naturalistes.

Quelques informations

  • Type de fiche : Expérience
  • Année de début d'expérience :
    2018
  • Département concerné :
    55

Structure

  • EED - Encore éleveurs demain
  • Ferme de Palameix
  • 55300 Troyon
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  • Personne contact: Franck Muller